PSG-Bayern : "Quand on veut s’inscrire parmi les plus grands clubs du monde, il faut gagner la Ligue des champions", prévient Bixente Lizarazu
"Une chance unique" : pour Bixente Lizarazu, consultant football de Radio France, champion du monde 1998, et vainqueur de la Ligue des champions 2001, le PSG va passer un test très important face au Bayern Munich.
À quelques heures de la finale de la Ligue des champions, Bixente Lizarazu prévient : le PSG va passer un test très important face au Bayern Munich. "Quand on veut s’inscrire parmi les plus grands clubs du monde, il faut gagner la Ligue des champions", affirme sur franceinfo le consultant football de Radio France, champion du monde 1998, et vainqueur de la Ligue des champions 2001… avec le Bayern Munich. Il livre son analyse d'une finale "très équilibrée et magnifique sur le papier, parce qu'on devrait voir du football offensif."
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franceinfo : Vous êtes champion du monde 1998 avec la France et ancien joueur du Bayern Munich. C'est une finale de Ligue des champions historique pour le PSG face au Bayern; Qui est le favori ? Le Bayern ?
Bixente Lizarazu : Très franchement, c'est du 50-50. J'aurais dit le Bayern après le quart de finale face à Barcelone [victoire 8-2] et celui du Paris Saint-Germain face à Bergame [victoire 2-1 avec deux buts dans les trois dernières minutes]. Mais en demi-finale, le Bayern n'a pas été bon contre Lyon et j'ai trouvé que le Paris Saint-Germain était monté en puissance à tout point de vue. Collectivement, le Paris Saint-Germain a fait forte impression.
Le Bayern a une attaque de feu, on l'a vu en quart de finale contre le Barça. C'est le point fort des Allemands. De qui faut-il se méfier dans cette équipe du Bayern ?
C'est vrai que l'attaque est l'un des points forts du Bayern. Serge Gnabry, Robert Lewandoswski, Thomas Müller, Ivan Perisic ou Kingsley Coman, ce sont des attaquants de très haut niveau. C'est dangereux partout, en fait. Lewandowski, c'est un avant-centre de grand talent, l'un des meilleurs actuellement. On l'a vu en demi-finale, Gnabry est un joueur qui percute très bien sur le côté. C'est toute l'attaque du Bayern qui est dangereuse. Mais l'attaque, c'est aussi la qualité du Paris Saint-Germain. En fait ce sont les mêmes armes : le Paris Saint-Germain a Neymar, Mbappé, Di Maria. Ça va vraiment être un gros défi pour les défenses. Gros défi pour la défense du Bayern de devoir défendre sur Neymar, Mbappé et Di Maria, et gros défi pour la défense du Paris Saint-Germain de défendre sur ce quatuor Lewandowski, Muller, Gnabry, Perisic et Coman.
Pour Neymar et Mbappé, il y a un coup à jouer ? Une faille chez les Bavarois en défense, l'espace que peuvent laisser les défenseurs du Bayern ?
Sur le match face au Barça, j'avais relevé des petites erreurs défensives. Quand on gagne 8-2, c'est difficile de voir des défauts mais il y a eu quelques problèmes d'alignement et les attaquants du Barça arrivaient à passer dans le dos. Cela a été aussi le cas en demi-finale face à Lyon. Face à l'attaque du Paris-Saint-Germain, avec Neymar, Mbappé et Di Maria très habiles avec le ballon, très rapides aussi, il faudra que la défense du Bayern corrige ça, sinon, ils vont souffrir. Mais de la même façon, la défense du Paris Saint-Germain n'a jamais joué contre des attaquants de ce talent-là. Ils ont joué Dortmund en 8e, Bergame en quart et Leipzig en demie et il n'y avait pas des joueurs de ce calibre-là. Ce sera un gros test pour la défense. Et ça va vraiment beaucoup se jouer là-dessus. Il y aura aussi la bagarre au milieu du terrain à celui qui aura le ballon, qui aura la meilleure maîtrise technique. Et il y aura aussi une bagarre athlétique, pour l'équipe qui sera le mieux physiquement. J'ai eu l'impression que Paris était mieux physiquement en demi-finale et que le Bayern semblait un peu fatigué face à Lyon. En même temps, on peut aussi imaginer que le Bayern a géré son match face à Lyon parce qu'il a maîtrisé [le Bayern menait 2-0 dès la 33e minute, victoire finale 3-0]. Après, il y a l'expérience des finales et là, l'expérience est du côté du Bayern, bien sûr. Le Bayern a gagné cinq Ligues des champions [en 1974, 1975, 1976, 2001 et 2013] et a joué énormément de finales de Ligue des champions et de matchs importants [finaliste en 1982, 1987, 1999, 2010, 2012 et 2020]. Il y a donc tous ces paramètres qui font que cette finale est très équilibrée et magnifique sur le papier parce qu'on devrait voir du football offensif.
Bixente Lizarazu, vous avez marqué l'histoire du Bayern, avec lequel vous avez gagné la Ligue des champions en 2001. Que représente ce club en Allemagne ?
C'est le plus grand club allemand. C'est une institution, l'un des plus grands clubs du monde, avec le Real Madrid, le Barça, Manchester United, la Juventus. Ce sont des clubs qui ont marqué l'histoire du football, qui ont une culture foot extraordinaire et dans lesquels il y a une exigence énorme envers les joueurs pour gagner des titres. Au Bayern, on ne peut pas se satisfaire d'être deuxième. Chaque année, on doit gagner des titres, on doit être premiers [le club compte 30 titres de champion d'Allemagne et 20 Coupes d'Allemagne]. C'est donc beaucoup de concurrence, une remise en question permanente, beaucoup de professionnalisme. C'est une chance inouïe de pouvoir jouer dans des clubs comme ça. Et moi, j'ai eu la chance d'y jouer neuf saisons et de vivre une aventure extraordinaire, avec beaucoup de succès : six titres de champion d'Allemagne et cette Ligue des champions en 2001. Quand tu gagnes la Ligue des champions dans ces clubs-là, tu marques l'histoire de ton club. C'est des moments fabuleux. Le Bayern est régulièrement dans les meilleures équipes d'Europe. Là, ils sont en finale, mais sur les neuf dernières années, ils étaient régulièrement en demi-finale [2010, 2012, 2020]. La dernière victoire du Bayern, c'était en 2013, avec notamment le duo d'attaquants Ribéry-Robben.
Une victoire en Ligue des champions, c'est ce qui manque au Paris Saint-Germain pour faire partie des très grands d'Europe ?
Bien sûr. Quand on veut s'inscrire parmi les plus grands clubs du monde, il faut gagner la Ligue des champions. Depuis que le Qatar est arrivé, ça a été difficile en Ligue des champions pour le Paris-Saint-Germain. Ils n'avaient jamais atteint ne serait-ce que les demi-finales. Là, pour la première fois, ils ont atteint les demies, puis la finale. Et c'est une chance unique parce que c'est très difficile de gagner la Ligue des champions. Paris a une opportunité énorme. Mais ils vont jouer face à une équipe très expérimentée, très talentueuse. Et une équipe qui, elle aussi, veut gagner cette Ligue des champions. Ce serait la sixième pour le Bayern s'ils y arrivaient.
Une rivalité extra sportive entre le Bayern Munich et le PSG s'est dessinée ces dernières saisons à cause de deux modèles très différents. Ce sont deux clubs qui avancent de manière très différente.
C'était plutôt à l'arrivée du Qatar. Le Bayern créé ses propres richesses quand le Paris Saint-Germain tient sa richesse d'un Etat qui a décidé d'investir dans le foot. Cela a été un peu tendu au départ parce que ce sont deux modèles radicalement opposés. On peut toujours se poser la question de savoir si c'est le rôle d'un Etat que d'investir dans le foot. Mais moi, pour être observateur du foot, je préfère me dire qu'il y a un Etat qui investit dans le foot pour construire une belle équipe que de voir des investisseurs ne faire que du business dans le foot. Au Paris-Saint-Germain, le premier objectif, c'est un objectif sportif, gagner des titres et gagner un jour la Ligue des champions.
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