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Le PSG doit-il déjà signer un contrat en or à Laurent Blanc ?

Après cinq mois à la tête du club, l'entraîneur parisien pourrait voir son salaire multiplié par quatorze. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
L'entraîneur du PSG, Laurent Blanc, lors d'une conférence de presse au Camp des Loges, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), le 1er octobre 2013.  (FRANCK FIFE / AFP)

En cinq mois à la tête du Paris Saint-Germain, Laurent Blanc aura fait taire toutes les critiques. Sifflé par le Parc des Princes lors de ses premières apparitions sur le banc parisien, celui qu'on surnomme "le président" présente le bilan sans tache de quinze victoires et cinq nuls en vingt matchs avec le club de la capitale depuis fin juillet. De quoi pousser les dirigeants qataris à lui proposer un contrat revalorisé, rapportait Le Parisien lundi 25 novembre. Ce que le président Nasser Al-Khelaïfi a confirmé, mercredi, dans les couloirs du Parc, après la victoire sur l'Olympiakos (2-1) en Ligue des champions : "Laurent Blanc est un grand coach. L’un des meilleurs au monde. Il mérite un long contrat." Mais si vite ?

Oui, son contrat actuel ne l'incite pas à rester

A y regarder rapidement, Laurent Blanc est un "smicard" de sa profession : 35 000 euros brut mensuels, c'est un salaire d'entraîneur de Ligue 2. Mais le gros de sa rémunération est constitué de primes, d'après Le Parisien. Des primes automatiques tous les trois mois, des primes de résultats en cas de - probable - titre de champion (200 000 euros) voire de victoire en Ligue des champions (500 000 euros). Sur la première de ses deux années de contrat, il touche environ 4,5 millions d'euros, hors primes de résultats. En revanche, le contrat ne prévoit pas de primes pour la seconde année, et il retombe à 420 000 euros. Soit quatre fois moins qu'Elie Baup, l'entraîneur de l'OM. Clairement, le contrat a été pensé comme une période d'essai pour permettre au club de se séparer de Blanc - onzième choix des dirigeants derrière Laudrup ou Capello - sans dommage à la fin de la première saison. 

Oui, le PSG ne peut pas perdre un deuxième entraîneur

Le dénouement de la saison passée est encore dans les mémoires des dirigeants parisiens : Carlo Ancelotti avait forcé la main au club pour le laisser partir au Real Madrid. Les dirigeants parisiens en avaient fait une question de principe, et avaient obtenu une indemnité de transfert de 3 millions d'euros pour l'entraîneur italien. Si jamais Laurent Blanc n'est pas revalorisé d'ici à la fin de la saison, plusieurs grands clubs pourraient le courtiser - il a failli signer à l'AS Rome cet été - et le PSG se retrouver une deuxième fois sans plan B.

Oui, cette fois-ci, on est sûr que Wenger ne viendra pas

L'excellent début de saison d'Arsenal, leader de la Premier League, a poussé les dirigeants des Gunners à proposer un nouveau bail à Arsène Wenger, en poste depuis 1996. Les dirigeants du PSG, qui le tiennent en très haute estime, finiront par se faire une raison : il ne viendra pas. De toute façon, il était déjà pressenti au PSG en... 1994, rappelle le blog PSG Canal Historique. On l'attend toujours. 

Oui, car Laurent Blanc peut faire une Guardiola

Laurent Blanc, qui a refusé une prolongation avec les Bleus et qui a quitté le navire à Bordeaux, partage le côté imprévisible de l'ex-entraîneur du Barça. En juin 2011, à la surprise générale, Pep Guardiola annonce qu'il quitte son poste d'entraîneur du FC Barcelone. Le technicien catalan avait l'habitude de signer des contrats d'un an en fin de saison. En début de saison, son président Sandro Rosell déclarait pourtant sur Al Jazeera : "Pep a le contrat sur la table depuis le premier jour. Il peut signer pour un an, pour deux ans, ou inscrire la durée qu'il veut sur son mandat." 

L'entraîneur du PSG, Laurent Blanc, lors du match de Ligue des champions remporté contre l'Olympiakos 2-1, le 27 novembre 2013 au Parc des Princes.  (GONZALO FUENTES / REUTERS)

Oui, car Laurent Blanc peut faire pire qu'une Guardiola

Le champion du monde toutes catégories du faux bond revient au Néerlandais Dick Advocaat. En 2005, il s'échappe en toute discrétion de sa chambre d'hôtel aux Emirats arabes unis, en laissant la clé de sa chambre et ses clés de voiture à la réception, pour aller prendre son poste en Corée du Sud. Les dirigeants émiriens apprendront son départ… par la presse, quelques jours plus tard.

En 2008, rebelote. A la tête du club russe du Zénit Saint-Pétersbourg, il décroche un titre de champion inespéré, le premier depuis 1984. Forcément, les dirigeants lui proposent une prolongation de contrat. Problème : il a donné sa parole à l'équipe nationale australienne. Qu'arrive-t-il ensuite ? Advocaat fait monter les enchères, accepte l'offre du Zénit et des gazodollars de Gazprom. Pendant ce temps, les joueurs australiens l'attendent à l'hôtel, pour disputer un match amical contre le Nigeria. Ils l'attendront longtemps. Advocaat héritera en représailles du surnom de "Dick le bâtard", conclut When Saturday Comes (en anglais).

Non, attention aux longs contrats vraiment trop longs

On ignore encore quelle sera la durée du contrat en or massif de Laurent Blanc. Certains clubs ont la tentation de proposer des contrats longs, très longs. En Angleterre, notamment. Sam Allardyce, qui fait monter Bolton en Premier League, signe un contrat de dix ans en 2001. Une première belle saison en milieu de tableau, la stabilisation dans l'élite et, au bout de six ans, les ennuis commencent. Bolton est aujourd'hui en D2. Newcastle prend-il le même chemin ? Après une belle 5e place, le manager Alan Pardew s'est vu offrir un contrat de huit ans. "La stabilité vous donne tous les moyens d'obtenir des succès et c'est le modèle que nous voulons promouvoir", déclare au moment de la signature le directeur du club, évoquant l'exemple des mandats à rallonge de Wenger à Arsenal et de Ferguson à Manchester United. Depuis, Newcastle évolue juste au-dessus de la zone de relégation.

Pourtant, la plupart des entraîneurs européens fonctionnent sur des cycles de trois-quatre ans. "Au bout d'un moment, c'est dur de se renouveler", expliquait l'ex-entraîneur de Rennes, Frédéric Antonetti, sur Canal+, en avril. Lui est resté quatre ans au club avant de faire un break. 

La pratique s'étend - dans une moindre mesure - au top niveau européen. A Dortmund, Jürgen Klopp a resigné pour quatre ans et demi. "Ce n'est pas la peine de m'appeler avant juin 2018, a ironisé sur Al Jazeera l'entraîneur allemand, courtisé après avoir hissé son équipe en finale de la Ligue des champions. Avoir quatre ans et demi devant soi, c'est très rare dans notre métier, mais ne comptez pas sur un ramollissement de ma part."

Non, c'est peut-être trop tôt

N'est-il pas un peu tôt pour casser la tirelire (bien garnie) et proposer un nouveau contrat à Laurent Blanc ? Certes, son PSG a deux classes d'écart avec tout ce qui se fait dans le championnat de France. Certes, les progrès dans le jeu sont considérables depuis la période Ancelotti… Mais c'est en Ligue des champions et dans les coupes nationales qu'il est attendu pour "faire mieux que la saison dernière", feuille de route de la direction du club. Des choses qui se décantent dans la deuxième partie de saison. L'ex-entraîneur de Newcastle Graeme Souness avait coutume de dire que "dans ce club, un  manager est toujours à deux matchs de se faire virer". La petite phrase s'applique aussi au PSG.

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