Football : "Pauleta, c'était quelque chose"... Les souvenirs de Michel Montana, historique speaker du Parc des Princes désormais à la retraite
"Ici, c'est... Paris". Il est l'homme derrière cette phrase devenue un marqueur identitaire au sein de la communauté des supporters du Paris Saint-Germain. Après avoir accompagné les soirées du club de la capitale depuis 1994 (à titre officiel depuis 1998), Michel Montana a pris sa retraite le 12 mai dernier, le soir où le PSG fêtait son 12e titre de champion de France. A 68 ans, l'homme qui criait trois fois le nom des buteurs parisiens a été invité à soulever le trophée au milieu des joueurs.
Cinq mois après avoir fait ses adieux au Parc des Princes, l'ex-speaker, mais également comédien et doubleur, revient à tête reposée sur cette carrière qui a fait de lui l'un des témoins privilégiés de l'ascension du PSG.
De quoi votre vie est faite depuis le mois de mai ?
C'est une vie de retraité mais pas tout à fait. Je suis encore sollicité par pas mal de médias. Je suis encore un petit peu dedans. Mon dernier travail proprement dit, c'était en juillet. Le hasard a voulu que ma toute dernière pige soit pour le film 4 zéros de Fabien Onteniente. On m'a demandé de refaire des prises et j'ai fait ce que je faisais au Parc des Princes, mais en studio.
Comment êtes-vous devenu speaker du Parc des Princes ?
C'est une rencontre que j'ai faite dans les couloirs de Canal Jimmy, une chaîne dont j'étais la voix et rédacteur pour certains programmes. J'ai discuté par hasard avec celui qui était le programmateur musical mais aussi du Parc des Princes les soirs de match. On a parlé foot. Il a vu que le PSG, c'était mon club. Il m'a fait rencontrer le directeur marketing de l'époque. Le courant est bien passé. On m'a testé, ça a marché. J'ai fait pas mal de remplacements entre 1994 et 1998 parce qu'il y avait déjà un speaker. J'étais le n°2, mais j'ai fait pas mal de matchs. Je suis devenu le speaker officiel après la Coupe du monde 1998.
C'est quoi un bon speaker ?
Honnêtement, je ne sais pas. Si vous avez la formule, il faut me la donner parce que je n'ai toujours pas compris. Je suis un peu surpris parce que les gens me disent beaucoup de choses sympathiques... Je pense que c'est un mélange de bienveillance, de voix... J'ai la chance d'avoir une voix, paraît-il. J'ai fait de la radio pendant pas mal d'années, ça m'a apporté. Comme tous les métiers de la voix, dès l'instant où on a un micro en main, le plus important c'est celui à qui on parle. Je me suis toujours adressé aux supporters. J'ai pensé à eux avant tout et je pense que je les ai embarqués après, avec ma façon d'animer. J'ai amené des petites choses en plus : la façon de phraser, d'annoncer les buts, les compositions d'équipes... Il n'y a pas de formule magique. Chacun a son style. J'ai trouvé le mien sans savoir exactement comment je pourrais le définir. Visiblement ça a plu aux supporters.
Votre manière d'animer a dû bien évoluer entre 1994 et 2024...
Il y a deux aspects, l'aspect technique premièrement. Petit à petit, le Parc s'est équipé. Après la Coupe du monde, les écrans géants ont apporté beaucoup. Le son est juste extraordinaire. Le Parc s'est embelli. De couleur béton, il est devenu rouge et bleu. En ce qui me concerne, avec l'expérience et la connaissance des tribunes, j'ai amené des choses en plus. Il y a eu un cheminement, mais sans que je m'en rende compte. Quand j'ai décidé d'arrêter et que j'ai eu toutes ces manifestations de sympathie, j'ai été très surpris. On n'a parfois pas le recul nécessaire pour voir à quel point les choses ont évolué. Animer un match aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir avec il y a 30 ans.
Quel joueur vous a le plus marqué ?
Il y en a plusieurs, pour des raisons différentes. Il y a ceux qui m'ont impressionné, type Raï ou Zlatan. Il y a des joueurs dont j'ai aimé la personnalité, et surtout leur bienveillance et leur gentillesse, style Marquinhos. Pedro Miguel Pauleta, c'était quelque chose. C'est quelqu'un d'adorable. Quand il enfilait le maillot parisien, c'était exactement le genre de joueurs qu'adorent les supporters. On me demande souvent mes meilleurs souvenirs, de temps en temps je pense aux adieux des joueurs parce que ça marque tout le temps.
Quel regard portez-vous sur la trajectoire du PSG, qui a presque tout connu en 30 ans ?
Je n'aurais jamais pensé que le PSG ressemblerait à cette équipe qui fait partie maintenant des meilleures d'Europe. J'ai connu les vaches maigres. Même si tout supporter se souvient de ces périodes avec nostalgie, on aime aussi avoir des résultats et admirer son équipe. Jamais je n'aurais imaginé pouvoir présenter une telle équipe et me dire qu'un jour j'allais annoncer une triplette d'attaque Messi-Neymar-Mbappé. Je regarde ça avec les yeux de Chimène. J'ai vu le premier match d'accession à la Division 1 du PSG. J'étais jeune, étudiant. A l'époque, on était déjà content d'avoir un club en première division. Le supporter est admiratif. Le speaker est juste ravi de présenter un bon spectacle, là avec les meilleurs ingrédients et les meilleurs acteurs.
Avez-vous eu l'occasion de revenir au Parc des Princes et de voir votre successeur ?
J'ai été invité lors du premier match. Je l'ai vu, mais de loin, même si je l'ai salué depuis la tribune. D'ailleurs, je n'ai jamais été habitué à me retrouver en corbeille. Je n'ai pas pu descendre sur la pelouse. C'est un ami, j'ai bossé avec lui en radio il y a très longtemps, mais je ne suis pas à l'origine de ses essais. Ca me fait drôle, mais nul n'est irremplaçable. Je suis content pour lui. Il faut lui laisser le temps de s'installer.
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