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Football Leaks : UEFA, PSG, Infantino et Sarkozy dans le viseur

Football Leaks saison 2. Deux ans après une première salve, Mediapart dévoile une nouvelle série d'articles destinés à dévoiler les coulisses peu reluisantes du monde du football. Ce vendredi le site d'investigation a dévoilé les prémices de trois enquêtes. L'une d'entre elles revient sur les malversations du Paris Saint-Germain et égratigne l'UEFA. L'instance européenne aurait couvert la fraude du club appartenant à QSI. La FIFA également est dans le viseur des Football Leaks et plus particulièrement son président Gianni Infantino. Enfin, affaire plus étonnante, Nicolas Sarkozy aurait permis à Manchester City d'éviter une sanction lourde de la part des instances européennes.
Article rédigé par franceinfo
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L'UEFA jugée complice dans le "dopage financier" du PSG

Forcément, lorsque Mediapart a annoncé la suite des Football Leaks, beaucoup s'attendaient déjà à des révélations sur le Paris Saint-Germain. Dans le viseur du Fair-Play Financier depuis 2014, le club de la capitale a été blanchi cette année par la fédération européenne. En cause, des contrats de sponsoring surévalués ayant permis de trouver un point d'équilibre entre des folles dépenses (notamment les achats de Neymar et Mbappé le même été) et ses recettes réelles. C'est cet équilibre qu'impose justement le FPF. 

Selon Mediapart, le Qatar a injecté 1.8 milliard d'euros dans le club de la capitale "de façon largement frauduleuse", parmi lesquels les fameux contrats de sponsoring. Quand QTA (l'agence de tourisme de l'Etat du Qatar) offre 215 millions d'euros au PSG, les contrats des cadors européens n'excèdent pas 30 millions d'euros. Des agences européennes ont estimé que ce contrat ne valait pas plus de 2.8 millions d'euros. Le peu de contreparties demandées par le Qatar suscite les soupçons.

Financé à fonds perdus, le PSG a ensuite bénéficié du soutien de l'UEFA de Platini et Infantino pour couvrir la fraude selon Mediapart. En 2014, Infantino avait dévalué le contrat de sponsoring à 100 millions d'euros et permis au club français de combler le reste avec d'autres contrats. En 2017, seulement quelques restrictions financières et des ventes imposées et le PSG repart de l'avant. Mais quand l'ICFC (le gendarme financier européen en gros) rouvre l'enquête en 2018, l'UEFA couvre le PSG pour "des raisons politiques". L'instance européenne n'entend pas se fâcher avec l'influent Etat du Qatar et sait qu'une exclusion de Paris de la Ligue des champions n'aurait pas été bonne pour les affaires.

La proximité gênante entre Infantino et un magistrat suisse

Gianni Infantino, le président de la FIFA, est également pointé du doigt, ou plutôt sa proximité avec le procureur suisse Rinaldo Arnold, régulièrement invité à des matches et des manifestations de la Fifa, notamment au match Suisse - Costa Rica, comptant pour les huitièmes de finale du Mondial 2018 en Russie. Le consortium European Investigative Collaborations (EIC) va plus loin et avance que le procureur suisse décrocherait "son téléphone pour récolter des informations pour le compte de Gianni Infantino auprès du parquet fédéral suisse".

Un exemple est donné. Avril 2016, la justice enquête sur un contrat télévisuel signé par l'UEFA avec une société offshore dans un contexte post-Panama Papers. Une procédure pénale contre X est lancée mais ne vise pas Infantino. A ce moment, Rinaldo Arnold aurait indiqué au président de la plus haute instance du monde du football : "Si tu veux, je peux essayer de faire en sorte que le MPC (ministère public) diffuse un communiqué de presse qui expliquerait qu'il n'y a pas de procédure contre toi". L'EIC cite aussi un email du 25 mai 2016 où Rinaldo Arnold manifesterait son intérêt pour un poste à la Fifa: "Si ta nouvelle secrétaire générale a besoin d'un adjoint, je me propose volontiers".
 

Sarkozy et l'UEFA au chevet de Manchester City ?

Même histoire que celle du PSG. Le club du Nord de l'Angleterre est propriété d'un émirat, celui d'Abu Dhabi. "2.7 milliards d'euros" lui auraient été directement versés grâce à un actionnaire et à des contrats de sponsoring surévalués. Gianni lnfantino, à l'époque vice-président de l'UEFA, présidée par Michel Platini, aurait "négocié directement un accord avec Manchester City, en court-circuitant (...) l'organe d'enquête interne théoriquement indépendant".

Infantino aurait ainsi envoyé un mail aux dirigeants de City promettant "un beau cadeau": "20 millions d'amende ferme au lieu de 60. Les 40 millions restants ne seront dus que si le club ne revient pas à l'équilibre financier à l'avenir". Un mail dont serait en copie Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République aurait "aussi aidé, dans le plus grand secret, son rival, voisin et ennemi d'Abu Dhabi" dans ses démêlés avec le FPF. Son attachée de presse nie toute activité de conseil auprès des personnes citées par les Football Leaks.
 

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