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Document franceinfo "Football Leaks", Ballon d'or et le "King" Pelé : entretien avec Kylian Mbappé

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Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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L'attaquant vedette du PSG a répondu aux questions de Jacques Vendroux, jeudi 8 novembre, lors d'un entretien exclusif. 

Les révélations de Mediapart, ses débuts à Monaco, le Ballon d'or et les Bleus... Kylian Mbappé s'est exprimé longuement sur franceinfo jeudi 8 novembre. Le champion du monde s'est confié à Jacques Vendroux lors d'un entretien exclusif. 

Jacques Vendroux : Les "Football Leaks", une enquête réalisée par un consortium de journaux européens, dont Mediapart, revient sur les conditions de votre transfert au PSG. Et laisse entendre que vous auriez demandé au PSG de payer vos impôts. 

Kylian Mbappé : C'est faux. Je tiens à préciser que je paie tous mes impôts en France, sur tous mes revenus. Je n'aime pas trop parler de ce sujet mais vu que vous m'en parlez, je vais en parler. On a annoncé différentes choses mais pour moi, le plus important, c'était de savoir dans quel club je pouvais donner le meilleur de moi-même et poursuivre ma progression. Et j'ai choisi le Paris Saint-Germain, tout naturellement. Après, il ne faut pas oublier qu'il y a des négociations et tout ce que j'ai fait, même si il y a plein de choses qui sont fausses, je l'ai fait dans les règles. Ce qui me fait rire un peu, c'est que Mediapart dénonce les irrégularités dans le football, sauf que tout ce que j'ai fait est en règle. Donc je ne comprends pas

On parle beaucoup du Ballon d’or en ce moment, surtout pour vous. Comment vous gérez la situation ?

J’ai donné ce que j’avais à donner, il n’y a aucun regret. L’an dernier, c’était la première année [où j’étais classé]. J’ai fini septième. L’objectif, c’est de finir plus haut que septième. Premier, c’est toujours mieux (rire). Après, on va voir ce qui va se passer. Cette année, il est vachement disputé, il y a beaucoup de joueurs qui le méritent. Celui qui va le gagner le gagnera de peu. Les autres ne seront pas loin derrière.

Avez-vous une passion particulière pour le maillot de l'équipe de France ?

J’ai toujours ce même sourire quand je rentre sur le terrain avec le maillot bleu. Depuis tout petit, l’équipe de France, c’est l’objectif suprême. On peut jouer dans les plus grands clubs du monde, je joue dans l’un des plus grands clubs du monde à l’heure actuelle, mais jouer pour son pays c’est quelque chose d’unique. C’est différent avec le PSG, j’ai une grande passion et je donne 100% de mes qualités pour le PSG, mais le pays, c’est plus fort. C’est l’équipe de France, c’est le coq, c’est La Marseillaise. C’est la première étoile en 1998, c’est Zidane, c’est Platini, c’est plein de chose à la fois.  

Vous affrontez Monaco dimanche 11 novembre, c’est aussi votre club formateur, ça va vous faire drôle ?

Tout part de là ! J'arrive à 14 ans à l’aube du nouveau projet [le club a été repris en 2011 par le Russe Dmitry Rybolovlev]. J'ai fait deux années au centre de formation avec des hauts et des bas et j'arrive à intégrer l'effectif professionnel à 16 ans. C'est quelque chose d'extraordinaire. Des joueurs m'ont accompagné et m'ont intégré dans le groupe comme si j’étais un grand joueur, alors que je n’étais personne. J’ai été intégré de la meilleure des façons pour m’épanouir et je ne l’oublierai jamais. J'ai vécu ensuite une année formidable. On a remporté le titre de champion de France 2016-2017, on a été en demi-finale de Ligue des champions et finaliste de la Coupe de la Ligue. C'était une bande de copains qui s'amusaient. On a pris du plaisir. Je suis passé à un nouveau chapitre avec le PSG et je reviens à Monaco dimanche en Ligue 1 avec mon maillot du PSG. Je vais essayer de repartir avec la victoire.   

Il y a un match européen très important aussi contre Liverpool, mercredi 28 novembre.

C'est la Ligue des champions. On a un groupe très relevé, c'est très bien de jouer de grandes équipes, c’est ce qu’on demande, maintenant il faut le montrer sur le terrain. On est encore en course, donc on va bien se préparer et on va essayer d'arriver prêt pour ce rendez-vous. C'est une grande équipe... Je n'aime pas trop parler des autres équipes, je préfère parler de mon équipe. Et si on joue ensemble et qu'on est tous à notre niveau je pense qu'on peut faire quelque chose de bien contre Liverpool. 

Votre papa était numéro 10, votre mère était handballeuse... Vous en parlez peu alors qu'ils sont les détonateurs de plein de choses dans votre carrière.

Bien sûr, ce sont mes plus fidèles alliés. Ils m'ont accompagné depuis les stabilisés de Bondy jusqu'au Parc des Princes devant 50 000 personnes. Ils m'ont toujours guidé. Ils ont su éviter les chemins pour moi, faire le sale boulot aussi. Prévoir les accidents, empêcher toutes les mauvaises personnes de vous approcher. Vous faire grandir dans un environnement sain et vous laisser exercer votre passion aussi librement, sans pression, sans rentrer à la maison et vous dire : "Il faut que tu joues comme ça, il faut que tu marques comme ça". Jamais. Et pourtant, mon père était mon entraîneur. Mais quand je rentrais à la maison, que je marque huit buts ou que j'en rate neuf, il ne me disait pas un mot sur le match, il redevenait père. Et ça, je pense que c'était important. On a toujours su garder cette barrière entre nous : il était le coach dehors et le père à l'intérieur, donc ça s'est toujours bien passé. Et avec ma mère, on aime davantage discuter, je discute de tout avec elle. Que ce soit dans le foot ou en dehors, c'est plus ma confidente.

Votre père d'origine camerounaise, votre mère d'origine algérienne, c'est la preuve que tout le monde peut vivre ensemble ?

Oui, c'est la France d'aujourd'hui ! La France qui est faite de plein de mixité, on en est l'exemple parfait. Je suis content, parce que je pense qu'on ne les met pas assez en valeur. On met toujours [en avant] Kylian. Bien sûr, je suis un bon footballeur mais il faut souligner que pour les footballeurs qui arrivent à ce niveau-là, il y a beaucoup de travail derrière. Il y a des parents, j'ai aussi une avocate, plein personnes qui s'occupent de moi. Il n'y a pas que le joueur qui joue sur le terrain et qui frappe dans le but, il y a tout ce qui se prépare avant, en dehors, et qui devrait être mis plus en valeur.

Pelé qui manifeste son affection, c'est extraordinaire pour vous ?

C'est unique. Si on m'avait dit il y a trois mois que j'allais rencontrer Pelé, je ne l'aurais pas cru ! Pelé, pour moi qui ne l'ai pas vu jouer, ça a toujours été l'exemple type. Le roi du foot, quoi ! C'est facile pour moi de vous en parler parce que ça a toujours été carré dans mon esprit : c'est le "King", celui qui a remporté trois Coupes du monde, qui a mis plus de 1 000 buts... c'est tout ça !

Vous êtes en train de sanctuariser le numéro 10 !

Oui, mais moi je ne l'ai pas vu comme ça, je l'ai vu comme un enfant qui avait le numéro 10 à Bondy dans son équipe de quartier, qui a voulu garder son numéro en grandissant et qui a eu l'opportunité de l'avoir en équipe de France. C'est une fierté et une chance de pouvoir le porter.

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