Pour Arsenal et Wenger, il y a urgence
"Thanks for the memories, but it's time to say goodbye." Traduction : "Merci pour les souvenirs, mais il est temps de dire au revoir." Samedi dernier, les supporters d’Arsenal n’ont pas mâché leurs mots à l’égard d’Arsène Wenger. Ce message, celui qui dirige les Gunners depuis 1996 n’a pas souhaité le commenter. Il a préféré l’esquiver. "Laisser parler les gens", pour reprendre ses propres mots.
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Mais en conférence de presse, face aux micros et aux caméras à l’affût de la moindre réaction, le regard du technicien alsacien a trahi une pointe d’agacement, à peine masquée par les trois points empochés sur la pelouse de West Bromwich Albion (0-1). Trois jours plus tôt, son équipe avait validé son billet pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, en venant à bout du Borussia Dortmund (2-0). Deux victoires en trois jours, que demande le peuple londonien ? Des résultats. Et des trophées. La Cup soulevée en mai dernier n’a visiblement pas rassasié le public de l’Emirates Stadium. Qui a donc fait de Wenger le coupable idéal.
Mardi, harcelé de toutes parts par les questions pressantes d’une presse anglaise sans pitié, l’ancien coach de Monaco s’est résigné à évoquer LE sujet qui fâche : celui de son propre avenir. Pour sa défense, il a brandi l’arme de la longévité, dans les colonnes du Daily Mail. "J’ai commencé à diriger des équipes de top niveau en 1983. Si je suis complètement dépassé tactiquement, je suis un vrai génie d’avoir réussi à cacher cela aussi bien pendant dix-huit ans. Regardez, durant les quinze dernières années, nous nous sommes toujours qualifiés pour finir parmi les seize meilleurs clubs d’Europe en Ligue des champions. Donnez-moi le nom d’un autre club qui a fait cela."
Tout ça, ses détracteurs s’en moquent. Eux voient en la réalité comptable du moment de quoi donner de l’eau à leur moulin. Vingt points en treize matches : les Gunners n’avaient pas connu un démarrage si poussif depuis 1982-1983. Au tiers de la saison, les voilà déjà relégués à treize longueurs de Chelsea. Et à six de Southampton, qu’ils seraient bien inspirés de dompter mercredi, à l’Emirates Stadium, pour revenir dans la course au podium.
Pour l’heure, Arsenal est largué, scotché à une indigne sixième place. D’où la vindicte populaire qui escorte le coaching d’Arsène Wenger. Même en interne, ses choix sont discutés. Pas plus tard que la semaine dernière, Alisher Usmanov, l’un des gros actionnaires du club londonien, a lâché cette confidence, lourde de sens : "Arsène Wenger est l’un des meilleurs coaches du monde. Mais il y a un proverbe russe qui dit que même une vieille dame doit voir un toit lui tomber sur la tête. Tout le monde fait des erreurs. Mais je sais que c’est plus difficile avec l’âge d’accepter ses propres erreurs. Peut-être que c’est devenu un problème aujourd’hui. L’équipe a du potentiel, mais il n’y a pas d’autocritique. Pourtant, ce n’est que quand on admet ses erreurs qu’on peut les corriger."
Le fantôme d'Henry
Dans le langage footballistique, un tel désaveu fleure bon le tacle par derrière. De là à imaginer que Wenger n’honorera pas son contrat, qui court jusqu’en 2017… Les tabloïds britanniques, eux, n’ont qu’un nom à la bouche : celui de Pep Guardiola, l’entraîneur du Bayern Munich, qui a hissé le Barça au sommet de l’Europe. En attendant de convaincre le technicien espagnol, les dirigeants d’Arsenal sont disposés à sauver ce qui peut encore l’être. Autrement dit, à se donner les moyens d’accrocher un énième billet pour la Ligue des champions. Les Gunners recruteront "au moins un joueur" (Wenger) en janvier. Ils devraient disposer d’une enveloppe de quelque 25 millions d’euros. L’ombre de Thierry Henry, qui vient d’officialiser son départ de New York, plane évidemment au-dessus de l’Emirates Stadium. "Il reviendra un jour, a admis celui qui l’avait repositionné dans l’axe en 1999. A quelle fonction ? Je ne sais pas."
A priori, l’hypothèse de voir l’homme aux 228 buts sous le maillot rouge et blanc refouler la pelouse londonienne ne tient pas la route. "Je ne pense pas qu'il veuille remettre ça, assure Wenger. Il a beaucoup donné, il a arrêté avec une image fantastique. Je ne suis pas sûr qu'il veuille jouer à nouveau en Premier League." Dommage pour le manager d’Arsenal : le come-back de King Henry, 37 ans, aurait le mérite de calmer les esprits. Du moins, provisoirement.
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