Football : Rebecca Welch, première femme à arbitrer en Premier League, dans le sillage de Stéphanie Frappart

Pour la première fois de l'histoire dans le championnat masculin anglais, une femme va arbitrer une rencontre de l'élite, samedi.
France Télévisions - Rédaction Sport
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L'arbitre britannique Rebecca Welch va devenir la première femme à officier en Premier League, l'élite du foot anglais, ce samedi 23 décembre 2023. (MI NEWS / AFP)

"Une avancée historique". L'annonce formulée le 14 décembre dernier par la Premier League n'avait rien d'équivoque. Pour la première fois de son histoire, l'élite du football anglais informait qu'une rencontre de championnat masculin, à l'occasion de la 18e journée entre Fulham et Burnley, allait être arbitrée, samedi 23 décembre 2023, par une femme, Rebecca Welch. 

Pour autant, pas question de parler d'un quelconque cadeau de Nöel avant l'heure fait à la Britannique de 40 ans, dont l'expérience des rencontres de haut niveau n'a cessé de s'épaissir ces dernières années.

Une trajectoire fulgurante

Arbitre depuis 2010, Welch était devenue, en 2021, la première femme à officier lors d'une rencontre de League Two, un match de quatrième division entre Harrogate et Port Vale, avant de grimper les échelons et d'officier en Championship (deuxième division) en janvier 2023. En novembre dernier, elle était désignée quatrième arbitre lors de la rencontre de Premier League entre Fulham et Manchester United, une première pour une femme outre-Manche. Samedi, donc, elle est de retour à Craven Cottage - le stade du club londonien - pour jouer les premiers rôles.

Sur la scène internationale aussi, elle s'est fait sa place, notamment l'été dernier lors de la Coupe du monde féminine en Australie et en Nouvelle-Zélande. Pas mal pour celle qui n'officie à temps plein que depuis 2019 - elle travaillait jusque-là, en parallèle, au National Health Service, le service britannique de santé publique.

Autour d'elle, tous louent son investissement et son éthique de travail, mais surtout sa résilience pour continuer à progresser.

Il n'en fallait pas plus à la BBC pour décrire l'ascension fulgurante de la jeune femme, originaire du Tyne and Wear, comté du nord-est de l'Angleterre, en trois mots : "pionnière, créatrice d'histoire, modèle". Des qualificatifs partagés par le "chef" des arbitres outre-Manche, Howard Webb : "Je suis vraiment convaincu qu'elle livrera un bon match et sera un excellent exemple pour les femmes et les filles qui pensent que l'arbitrage est pour elles alors que, jusqu'à maintenant, ce n'était pas le cas."

Une pionnière dans le foot anglais, comme Frappart en France

Faire évoluer les regards, inspirer, briser le plafond de verre... Ces messages forts envoyés par la trajectoire de la Britannique se mêlent à ceux qui accompagnaient l'arrivée de Stéphanie Frappart dans le monde professionnel masculin. L'arbitre française a fait tomber de nombreuses barrières tout au long des années : première arbitre féminine à officier en Ligue 2 (2014), en Ligue 1 (2019), en Supercoupe de l’UEFA (2019), en Ligue des champions (2020), en Ligue Europa (2020) et lors d’une rencontre internationale masculine avec la Ligue des nations (2020). Depuis, elle a encore franchi une étape en devenant la première femme à officier en tant qu'arbitre centrale lors d'une rencontre de Coupe du monde masculine de football, fin décembre 2022 au Qatar.

Il y a quelques jours en conférence de presse, l'entraîneur de Chelsea, Mauricio Pochettino, faisait directement référence à elle en évoquant l'arrivée de Rebecca Welch : "Quand j'étais en France avec le PSG, Stéphanie Frappart officiait déjà et était vraiment très bonne (...) Je pense que nous devons ouvrir nos esprits et nous assurer que les gens soient soucieux de la qualité avant tout."

Un modèle par l'exemple qu'a toujours prôné Stéphanie Frappart, comme elle l'expliquait en novembre 2022 à franceinfo: sport. "Je ne suis pas la porte-parole du féminisme. Je ne veux pas qu’on me stigmatise par rapport à un genre mais par rapport à ce que je fais sur le terrain."

Début août, dans les colonnes du Sunderland Echo, Rebecca Welch évoquait ses débuts dans le monde professionnel masculin, expliquant qu'être une femme arbitre "n'a jamais vraiment été un problème". "Personne n'a jamais exprimé de dissension directement à mon égard. Les retours ont tous été positifs et les trolls des réseaux sociaux se sont tenus à l'écart", expliquait-elle.

Les femmes arbitres, toujours cibles du sexisme et de la misogynie

Pourtant, à en croire la presse anglaise, Rebecca Welch a été victime de chants misogynes il y a près d'un mois, alors qu'elle officiait lors d'un match de Championship entre Birmingham et Sheffield Wednesday.

Avant la rencontre de samedi, entre Fulham et Burnley, un groupe de supporters du club londonien dirigé par des femmes - les "Fulham Lillies" - s'est entretenu avec les dirigeants pour s'assurer que tout abus discriminatoire à l'égard de l'arbitre centrale soit signalé à la hotline disponible au stade. Preuve que les abus sexistes sont encore bien présents dans les tribunes et qu'il faudra probablement du temps pour les éradiquer pour de bon. Et cela malgré le fait que plus de 200 femmes arbitres et arbitres assistantes ont officié dans le football masculin à travers le monde à ce jour.

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