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Incidents Nice-Marseille : "Ce qu'on a vu, c'est une culture virile exacerbée qui doit évoluer", dénonce un spécialiste des supporters

"On ne peut pas avoir une telle tension dans toutes les sphères du football comme dimanche", estime sur franceinfo le sociologue Nicolas Hourcade, après les incidents lors du match entre Nice et Marseille.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des supporters niçois ont envahi le terrain et en sont venus aux mains avec les joueurs marseillais., le 22 août 2021. (VALERY HACHE / AFP)

"Ce qui existait dans les stades est démultiplié depuis le retour du public en juillet et août", a estimé lundi 23 août, sur franceinfo, Nicolas Hourcade, sociologue, enseignant à l’Ecole centrale de Lyon, spécialiste des supporters de football, après les incidents lors du match de Ligue 1 Nice-Marseille ce dimanche soir. "Ce qu'on a vu ce dimanche, c'est une culture virile exacerbée qui est problématique et qui doit évoluer", a ajouté le sociologue.

franceinfo : Avez-vous été surpris par ces images ?

Nicolas Hourcade : Oui, on est toujours surpris face à des incidents d'une telle ampleur. Et puis, ils sont particulièrement regrettables puisque c'est le moment où le public peut revenir dans les stades. En réalité, ce qu'on constate, c'est que ce retour a suscité beaucoup d'enthousiasme et aussi beaucoup d'excitation. Il a donné lieu, depuis le début du championnat, à la fois au meilleur et au pire. Au meilleur, avec des ambiances ferventes, au pire avec plusieurs incidents. On ne pouvait pas soupçonner que la sécurité puisse être à ce point débordée. Aujourd'hui, l'enjeu est facile à établir et pas forcément facile à assurer, c'est de permettre à cette ambiance festive de continuer à se déployer tout en assurant la sécurité des acteurs, les supporters comme les joueurs. Je crois qu'on peut prendre les incidents autrement et dire que ça oblige les supporters. Quand ils revendiquent leur droit, être aussi responsable est leur devoir. Leur devoir, c'est de ne pas créer d'incident.

Donc, l'explication pour vous, c'est un excès d'enthousiasme des supporters ?

Un excès d'excitation, d'enthousiasme, les deux. Le stade a toujours été un espace d'expression, une sorte d'exutoire dans la société. Cette fonction-là semble s'être renforcée sur la période récente, c'est-à-dire qu'on a vu pendant un an et demi des stades sans public. Cela a été fortement critiqué et cela a permis de mettre en avant l'importance des supporters. Il y a donc une impatience très forte pour venir au stade et aussi une excitation qui est également liée au contexte sanitaire et social qui est relativement anxiogène. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a à la fois des manifestations festives extrêmement fortes, une ambiance encore plus forte qu'avant le confinement, mais il y a aussi des débordements qui existaient avant mais qui prennent une ampleur plus forte.

"On a l'impression que, finalement, ce qui existait dans les stades est démultiplié depuis le retour du public en juillet et août."

Nicolas Hourcade

à franceinfo

Le président de Nice, Jean-Pierre Rivère, insinuait dimanche soir que ce sont les Marseillais, finalement, qui auraient provoqué et qu'ils ont eu tort de ne pas revenir sur le terrain. L'argument est-il valable ?

Déjà, ce qu'il faut dénoncer, ce sont les jets de projectiles et la violence physique des supporters. Mais je crois que c'est l'ensemble du monde du foot qui a donné une très mauvaise image de lui dimanche soir. C'est aussi certains joueurs et certains dirigeants qui ont dérapé. Les supporters qui ont fauté doivent être identifiés et sanctionnés mais les joueurs et dirigeants ont fait preuve d'une surexcitation coupable et doivent aussi être sanctionnés. Ce qu'on a vu hier, c'est une culture virile exacerbée qui est problématique et qui doit évoluer. On ne peut pas avoir une telle tension dans toutes les sphères du football comme dimanche.

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