Mystères et grosses dépenses, les ressorts de la chute des Glasgow Rangers
Un monument du foot européen est au bord de la faillite pour malversations financières. Galerie de portrait de ceux par qui le scandale est arrivé.
Le foot écossais, ça n'évoque pas grand chose en dehors de la rivalité historico-religieuso-politique entre le Celtic Glasgow et les Glasgow Rangers. Or, les "Gers" sont dans de sales draps après la révélation de malversations financières, d'une dette de 80 millions d'euros et une bataille judiciaire contre le fisc.
On évoque maintenant l'hypothèse d'une liquidation du club et de sa rétrogradation dans les profondeurs du foot écossais. Triste fin pour un monument du ballon rond européen, 140 ans d'histoire et près de 100 titres au compteur... Galerie de portraits de ceux par qui le scandale est arrivé.
• David Murray, l'ancien président aux poches percées
David Murray, aux commandes des Rangers de 1988 à 2011, a eu cette phrase, qui rétrospectivement, permet de comprendre le dérapage des finances du club. "A chaque fois que le Celtic dépensera cinq livres sterling, nous en dépenserons dix !"
Murray est soupçonné d'avoir 1) donné de l'argent sous le manteau aux joueurs, en plus des sommes indiquées sur leurs contrats 2) utilisé par avance les recettes de billetterie du club sur plusieurs années pour acheter des joueurs 3) détourné un mécanisme fiscal pour payer moins d'impôts (les détails sur rangerstaxcase.com). Il a été poussé dehors par la banque du club, la Lloyd's, qui a cherché à tout prix à trouver un autre président, plus raisonnable.
• Craig Whyte, le président cachottier
Personne ne sait vraiment qui est Craig Whyte, l'homme qui se qualifie de "fan à vie" des Rangers. Il se définit comme le patron d'une entreprise qui aide les sociétés en difficulté, mais il a refusé d'en citer une seule devant la presse. Assez inquiétant : la BBC l'accuse d'avoir été interdit par la justice de diriger toute entreprise entre 2000 et 2007, sans que ça l'ait empêché de le faire. Ce qu'il dément. Histoire d'assombrir un peu plus le tableau, Whyte doit de l'argent aux administrateurs du club... chargés de faire des économies. Et pas qu'un peu : la BBC chiffre ce litige à 11 millions d'euros.
D'après un ancien dirigeant des Rangers cité par le Guardian, le mystérieux Craig Whyte cache un hedge fund qui a profité du prix d'achat symbolique du club (1 livre sterling) pour tenter de faire un profit.
• Rangerstaxcase.com, le blog vengeur
Si l'affaire des Glasgow Rangers est devenu un sujet d'importance nationale, devant le référendum pour l'indépendance de l'Ecosse, Rangerstaxcase.com y est pour beaucoup. Ouvert en mars 2011, ce blog qui décrypte patiemment les méandres de cette affaire fiscale compte plusieurs centaines de milliers de lecteurs malgré un design proche de l'édition online du Journal Officiel, avec de temps en temps un tableau Excel pour faire joli.
Le site qui accumule jusqu'à 1500 commentaires par jour, est devenu l'endroit où s'est cristallisé le débat sur la survie ou non du club des protestants de Glasgow, de loin le plus populaire d'Ecosse. Ironie... ou pas, son auteur anonyme est, de son propre aveu, un fan du Celtic.
• Les joueurs près de leurs sous
Pour permettre au club d'assainir ses comptes, le club leur a demandé une réduction de salaire drastique (jusqu'à 75%). Les joueurs ont, dans leur écrasante majorité, refusé. Ces derniers acceptent de faire un effort en contrepartie de la possibilité de pouvoir partir gratuitement à la fin de la saison. Inacceptable pour le club, qui se priverait là de rentrées d'argent substantielles.
• Le sauveur qui tarde à se faire connaître
Qui voudrait aujourd'hui investir dans les Glasgow Rangers? Si le club est champion d'Ecosse en titre et connu dans le monde entier, les Rangers ne représentent pas un investissement très sûr à court terme. Les "Gers" seront pénalisés quoi qu'il arrive dans le championnat écossais, privés de Coupe d'Europe à coup sûr et sans doute obligés de redémarrer dans une division inférieure.
Pourtant, des acheteurs potentiels existent, affirment les administrateurs du club au site spécialisé Four Four Two. Des investisseurs qui devront avoir les reins suffisamment solide pour éponger les 40 à 80 millions d'euros de dette plus les 20 millions que peut réclamer le fisc en pénalités. Et tout ça juste pour apurer la situation du club. Manque de chance, les Qataris ont déjà acheté le PSG...
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