Mondial 1950 : l'Uruguay traumatise le Brésil
La finale : Brésil 1-2 Uruguay
Rio de Janeiro, Brésil | Le "Maracanazo", une tragédie nationale dont le Brésil ne se remet toujours pas, 64 ans et cinq titres de champion du monde plus tard. Le président de la Fifa, Jules Rimet, remet le trophée qui porte son nom en toute discrétion. Ce titre, un pays entier l’attendait, pour enfin donner une stature internationale à une sélection ambitieuse et talentueuse. Pour la seule et unique fois, la Coupe du Monde n’aurait pas de finale, seulement un ultime match du tour principal, entre deux nations sud-américaines, dont seule une d’entre elles, l’Uruguay, avait déjà goûté au sacre mondial. Le Brésil, brillant durant la compétition, n’avait pourtant besoin que d’un match nul pour triompher devant les 200.000 spectateurs du stade Maracana à Rio de Janeiro. Les Uruguayens Juan Alberto Schiaffino et Alcides Ghiggia en ont décidé autrement, mettant leurs tripes, et même un peu plus, sur le terrain. Ghiggia, dernier buteur et fossoyeur en chef des rêves d’une nation, déclarera : "Seules trois personnes ont fait taire le Maracana, Frank Sinatra, le pape et moi" .
Le parcours des Bleus
Eliminée de justesse en match d’appui par la Yougoslavie, la France, qui se remet de la guerre, n’a pas réussi à se qualifier pour la Coupe du Monde, sur le terrain. Puis, elle a refusé de se rendre au Brésil. Une histoire à peine croyable, née du repêchage des Bleus après le forfait de plusieurs participants (voir plus bas). Malgré cette deuxième chance offerte, les dirigeants de la fédération, arguant de la difficulté sportive attendant les Français peu préparés – cachant une réalité financière -, ont préféré décliné l’invitation au Brésil. C’est la première fois en quatre éditions que les Bleus sont absents d’un Mondial.
Le joueur de la compétition
Joe Gaetjens. Ce nom n’est pas resté dans les annales du football. Et pourtant, l’attaquant des Etats-Unis est l’auteur de l’un des plus grands exploits de l’histoire de la Coupe du Monde. Au premier tour, les Américains s’imposent (1-0), le 29 juin à Belo Horizonte face à l’Angleterre, l’une des favorites du tournoi, qui sera pourtant éliminée piteusement dès le premier tour. Comment les modestes "Yankees", la plupart amateurs, ont-ils réussi à vaincre la sélection des Trois Lions ? En Angleterre, les principaux journaux ont reçu des centaines d’appels au lendemain du match, de la part de lecteurs se plaignant d’une erreur d’impression après avoir lu le score dans leurs quotidiens. Aux Etats-Unis, le storytelling fit son œuvre au fil des années, et l’exploit fut baptisé le "Miracle on Grass" ("Miracle sur Gazon"), en écho au "Miracle on Ice" ("Miracle sur Glace" qui vit en 1980 les hockeyeurs américains triompher de la grande URSS lors des Jeux olympiques de Lake Placid. Joe Gaetjens, lui, a poursuivi sa carrière en France avant de rentrer en Haïti, dont il était originaire. Ciblé par la dictature de "Papa Doc" Duvalier, il fut enfermé, et finit ses jours en prison, oublié de tous.
Le(s) anecdote(s)
Au début de la Coupe du Monde, 16 équipes devaient s’affronter au Brésil. Mais seulement 13 ont finalement participé au tournoi : l’Inde, l’Ecosse et la Turquie ont en effet déclaré forfait peu avant le début de la compétition.
Le Mondial brésilien fut le premier auquel l’Angleterre accepta de participer. Les inventeurs revendiqués du football refusaient jusqu’alors de s’abaisser à se mesurer au reste du monde. Les Anglais ont été éliminés au premier tour.
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