Michel Platini à la FIFA: les trois questions qui se posent à lui
Lâcher l'UEFA, son "bébé" ?
En 2007, il n'avait pas hésité à se lancer dans la bataille de la conquête de l'UEFA, face au sortant Lennart Johansson. Michel Platini avait gagné l'élection (27 voix contre 23), et engagé des réformes profondes (notamment une ouverture plus grande de la Ligue des Champions pour les "petites" nations, le fair-play financier, l'Euro-2020 dans toute l'Europe...) tout au long de ses deux premiers mandats. Le 24 mars dernier, par acclamation comme lors de sa réélection pour un deuxième mandat, les Européens ont prolongé son aventure à leur tête. "C'est le choix du coeur, de la passion, je me représente à un nouveau mandat à l'UEFA, je ne me présente pas à la Fifa,ce n'est pas un choix par défaut", avait-il expliqué en août dernier pour justifier de ne pas partir à la conquête de la FIFA. Il l'a souvent dit: la FIFA, c'est politique. L'UEFA l'est aussi, mais il sait compter sur un immense soutien, et depuis 8 ans, il en connaît toutes les subtilités. Se lancer dans une campagne pour la présidence de la FIFA le forcerait à abandonner l'UEFA. Le veut-il ? En août dernier, il disait: "Ce n'est pas le moment, ce n'est pas mon heure. J'ai réfléchi longtemps, mais je n'ai pas réussi à me convaincre." Moins d'un an après, et suite au scandale du FIFAGate, sa réflexion a-t-elle changé ?
Blatter, un opposant dans l'ombre ?
Depuis des mois, Sepp Blatter "joue" avec Michel Platini. Depuis que le nom du Français revient avec insistance pour le poste de président de la FIFA, le Suisse ne cesse de souffler sur les braises, tout en rappelant sa proximité avec son ancien conseiller. Après la désignation du Qatar comme hôte de la Coupe du monde 2022, le président de l'UEFA avait reconnu avoir voté en faveur de ce pays. Des soupçons de pression, notamment du pouvoir politique français, avaient alors accompagné le Français, surtout suite à un dîner à l'Elysée en présence de Nicolas Sarkozy et de l'Emir du Qatar, auquel était convié Platini. Blatter reconnaissait que ce choix était "une erreur", mais ajoutait au sujet des rumeurs de corruption: "Jamais je ne dirai qu'ils ont acheté car c'était une poussée politique aussi bien en France qu'en Allemagne. On sait très bien que les grandes maisons françaises et les grandes maisons allemandes travaillent au Qatar, et pas que pour la Coupe du monde. La Coupe du monde n'est qu'une petite chose par rapport à ce qui se passe au Qatar." Dans une interview à la chaîne suisse RTS, il avait également dit que "la carrière de Michel est un peu liée à la mienne". Et quand le journaliste lui avait demandé si son "fils, Platini pourrait tuer le "père, et se présenter face à lui, il avait répondu: "Je connais très bien Michel, il a un caractère très profond, je connais ses parents, sa famille. Je ne pense pas, sûrement pasallant même jusqu'à lui demander de démissionner, au matin du vote en mai dernier. Ces mois de lutte ont certainement laissé des traces. Et si c'est la justice américaine qui a fait tomber indirectement Blatter, le Suisse ne doit plus porter son ancien "poulain" dans son coeur. Et il a un réseau, et encore beaucoup d'influence. L'utilisera-t-il contre Michel Platini ?
Comment faire pour reconstruire une FIFA laminée ?
Le 27 mai dernier, la justice américaine dévoilait un acte d'accusation de 164 pages contre 14 personnes, accusées de racket, fraude et blanchiment. Parmi elles, neuf responsables de la FIFA, dont deux vice-présidents: Jeffrey Webb, vice-président de la Fifa et président de la Concacaf; Eduardo Li, membre des comités exécutifs de la Fifa et de la Concacaf; Julio Rocha, chargé du développement à la Fifa; Costas Takkas, attaché au cabinet du président de la Concacaf; Eugenio Figueredo, actuel vice-président de la Fifa; Rafael Esquivel, membre du comité exécutif de la Conmebol; José Maria Marin, membre du comité d'organisation de la Fifa pour les jeux Olympiques; Nicolas Leoz, ancien membre du comité exécutif de la Fifa, ainsi que Jack Warner, ancien membre du comité exécutif de la Fifa déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption. Le successeur de Sepp Blatter devra donc reconstruire une institution avec de nouvelles personnes, et surtout de nouvelles pratiques. Hier, Sepp Blatter a annoncé la mise en place d'un groupe de travail de 11 personnes, présidé par une personnalité indépendante, qui devront faire des propositions d'évolution. La limitation des mandats pour les dirigeants et la publication de leurs rémunérations seront sur la table. Mais cela suffira-t-il à transformer de fond en comble une organisation qui, selon la justice américaine, a "sollicité et reçu plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions" en 25 ans ?
Vidéo: Michel Platini sera-t-il candidat à la présidence de la FIFA ?
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