Mercato : les cinq questions que pose l'arrivée d'Antoine Griezmann à Barcelone
C'est enfin officiel. Après s'être tournés autour durant deux ans, Antoine Griezmann et Barcelone sont réunis. Le club catalan, champion d'Espagne en titre, a payé la clause libératoire du désormais ex-joueur de l'Atlético Madrid, pour une somme de 120 millions d'euros. Un transfert en apparence limpide mais qui soulève bien des interrogations.
Qui passe le plus grand cap : le Barça ou Griezmann ?
La question mérite d’être posée. Entre un des plus grands clubs du monde et un des meilleurs joueurs de la planète depuis plusieurs saisons, le mariage a tout pour être gagnant pour toutes les parties. La réalité n’est pourtant pas si évidente. En quittant l’Atlético Madrid, l’attaquant tricolore prend un risque. Chez les Colchoneros, il était la pierre angulaire du système Simeone, la tête du monstre de grinta qu’a formé El Cholo au club depuis plusieurs saisons. Ses cinq saisons dans la capitale espagnole ont porté sa formation jusqu’à des sommets qu’elle n’avait que rarement connues et jamais avec autant de régularité. Une finale et une demi-finale de Ligue des champions, une Ligue Europa, une place sur le podium de Liga chaque saison… Il ne manquait plus qu’à percer le plafond de verre nommé Real ou Barça pour s’emparer du trône d’Espagne ou même d’Europe.
Sur le continent aussi, le Barça n’attend que ça. Depuis 2015, le club catalan reste sevré de victoires en Ligue des champions, le seul sommet qui pourrait vraiment l’enivrer. C’est avec cet unique objectif que le transfert de Griezmann a eu lieu. Car même si le champion du monde 2018 réussit son adaptation et quand bien même il s’imposerait comme le leader technique de sa nouvelle équipe, le Barça ne se cherchait pas un patron comme « Grizou » l’était à l’Atlético. Il a Lionel Messi pour cela. Oui, Antoine Griezmann pourrait garnir son palmarès plus vite en une saison chez les Blaugrana qu’en une carrière chez les Matelassiers. Mais le FC Barcelone restera l’équipe de Messi quoiqu’il arrive, n’en déplaise au Français. Et le champion en titre de Liga aurait sans doute moins de mal à se remettre d’un échec si la greffe ne prend pas que sa recrue qui arrive dans ce que doivent être les meilleures années de footballeur.
Ce que Griezmann peut apporter au Barça ?
"C'est un grand joueur, un crack mondial, c’est un transfert de très haut niveau". Ces mots sortent de la bouche d'une légende du club catalan, Xavi. L'ancien milieu de Barcelone, désormais entraîneur d'Al-Saad, a exprimé sa haute estime du Français dans une interview donnée au quotidien Mundo Deportivo. "Il est capable de faire la différence dans un grand club, comme cela a été le cas à l'Atlético ou en équipe nationale. Il a remporté une Coupe du monde et je suis sûr qu’il va se fondre dans le jeu du Barça."
Tout d'abord, le Français va apporter sa hargne, sa combativité, son mental. Des notions développées fortement à l'Atlético de Madrid, sous l'enseignement de Diego Simeone. Retours défensifs, grandes courses, Griezmann peut fournir une dose de pugnacité qui semble manquer au Barça. Lors des deux dernières saisons, le club catalan a été éliminé prématurément, à chaque fois sur une retournement de situation de l'équipe adverse (en quart contre la Roma en 2018, en demi-finale contre Liverpool en 2019). Une capacité qui pourrait donc profiter à Barcelone, ainsi qu'à Messi et Suarez.
Evidemment, les qualités offensives du natif de Mâcon ne sont plus à démontrer. Finisseur redoutable, fort techniquement, Antoine Griezmann colle à l'ADN de Barcelone et de ses membres de l'attaque. Surtout, il pourrait prêter main forte à Lionel Messi dans la construction du jeu. Cette saison, le Barça d'Ernesto Valverde paraissait très dépendant à la Pulga pour bâtir ses attaques. L'Argentin était souvent présent dans l’entre-jeu. Griezmann peut prendre le relais du numéro 10 barcelonais.
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A qui prend-il la place et comment va jouer le Barça ?
L'arrivée de Griezmann est un nouveau talent au cœur d'une attaque déjà bien fournie : Messi, Suarez, Coutinho, Dembélé ou encore Malcom. Et le début d'un casse-tête pour Ernesto Valverde. Cette saison, les Blaugrana jouaient en 4-3-3, avec une attaque Messi-Suarez-Coutinho (ou Dembélé). Le Français pourrait remplacer le dernier des trois. Mais sur un côté, Griezmann n'est pas le plus efficace, perdant de sa vista mais surtout de sa capacité à finir les actions. Autre possibilité, placer Griezmann et Suarez en pointe avec Messi en soutien dans un 4-3-1-2. La solution où chacun peut trouver son rôle mais qui pousserait Coutinho et Dembélé sur le banc, voire à la vente.
Sinon, il pourrait être replacé au centre, en soutien de Luis Suarez dans un 4-2-3-1, avec Messi sur la droite et Coutinho (ou Dembélé) sur la gauche. Là encore, un problème se pose : l'équilibre de l'équipe. Messi n'effectue pas de retour défensif, Coutinho et Suarez guère plus. La paire de milieux serait alors mise en danger. Surtout que sa composition reste inconnue car le Barça est aussi complet au milieu : De Jong (débarqué de l'Ajax pour 85 millions d'euros), Busquets, Vidal et Arthur. Valverde serait obligé de placer deux de ces joueurs sur le banc.
Dernière possibilité, plus improbable. Antoine Griezmann est aligné en pointe en lieu et place de Luis Suarez. Impensable. Sauf si un départ de l’Uruguayen a lieu durant l'été.
Quid de Neymar au Barça ?
C’est l’autre grand feuilleton de l’été brûlant du mercato dans la cité catalane. Le retour de Neymar au Camp Nou fait vendre autant de journaux qu’il ne fait jaser en interne. La star du PSG ne cache plus vraiment son malaise dans l’Hexagone et sa volonté est désormais certaine, il souhaite quitter au plus vite Paris. Un aller simple vers son ancienne formation avec laquelle le divorce n’a jamais semblé complètement consommé a donc rapidement fait sens, d’autant que les rumeurs n’ont jamais vraiment cessé entre le Barça et Ney’.
Seulement voilà, les derniers jours n’ont pas vraiment été favorables au dessein de l’actuel numéro 10 parisien. Samedi dernier, le président barcelonnais Josep Bartomeu n’a pas réfuté le possible intérêt de son institution pour son ancienne vedette. Mais il a dans la même conférence de presse qualifié Ousmane Dembélé « meilleur que Neymar ». Avec l’arrivée désormais officielle d’Antoine Griezmann, les rangs offensifs catalans sont encore un peu plus garnis et rendent plus difficile un transfert du Brésilien. Son attitude récente comme son absence à la reprise a également fini par agacer le PSG. Pas de quoi faciliter la transaction alors que l’idée d’un échange contre plusieurs joueurs a refait surface ces dernières heures. Pour le Barça, Neymar serait une opportunité, pas une priorité, et encore moins une nécessité. Contrairement à ce que représentait Antoine Griezmann, et ce depuis déjà de longs mois.
L'Atlético, condamné à régresser ?
Antoine Griezmann était l'âme, la figure, la tête d'affiche des Colchoneros ces dernières années. Arrivé en 2014, il a été beaucoup utilisé par Diego Simeone : 257 matches en cinq saisons. Soit un moyenne d'environ 50 matches par année. Forcément, son talent offensif a pesé, étant donné qu'il a été le meilleur buteur du club chaque année (133 buts en tout). Et son apport fut prépondérant.
Animateur du jeu, représentant de la grinta de l'Atlético, buteur attitré, le joueur de 28 ans va laisser un vide difficile à combler dans l'effectif madrilène. A l'heure actuelle, les dirigeants des Rojiblancos ont attiré deux joueurs offensifs. En premier lieu, Joao Félix, jeune talent en provenance de Benfica. Recruté pour 126 millions d'euros, soit plus cher que Griezmann, le Portugais ne possède pas le même profil que le Français, en étant moins finisseur. Et surtout, il n'a joué que 43 matches en professionnel. La seconde recrue n'en est pas vraiment une. Alvaro Morata, prêté par Chelsea lors de la seconde partie de saison dernière, connait déjà le groupe. Acheté définitivement cet été, il se mue dans un profil plus "numéro 9" que Griezmann, n'ayant pas les qualités de meneur de jeu et de passeur du Français.
L'Atlético, qui a été éliminé en huitièmes de finale de la Ligue des Champions cette saison, semble voué à régresser. D'autant plus que le transfert du Français n'est pas le seul impactant réellement Madrid. Rodri a pris la direction de Manchester City après une saison. Diego Godin, Filipe Luis et Juanfran sont eux sur le départ.
Loris Belin et Théo Dorangeon
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