Ligue Europa et clubs français, le constat d'un désaveu
En Coupes d'Europe cette saison (Ligue des champions comprise), les clubs de l'hexagone n'ont remporté que six matches sur 25, un bien maigre taux de réussite qui n'avait plus été vu depuis la saison 1978-79 !
Saint-Etienne qui court toujours après son glorieux passé sur la scène européenne, a enregistré quatre matches nuls et une défaite. Son groupe ne ressemblait pourtant pas à une mission impossible, avec des adversaires tels que La Gantoise, Oleksandria, ou dans une moindre mesure, Wolfsburg. Avec quatre petits points en cinq matches, les Verts qui affichent un budget de 100M€ (soit deux fois plus que celui de la Gantoise) se contentent d'une piètre troisième place.
Rennes, du meilleur au pire
Et le constat est encore plus navrant pour le Stade Rennais. Le club breton qui avait pourtant réalisé un joli parcours la saison passée, tombant en huitièmes de finale face à Arsenal, a montré un tout autre visage. Dans un groupe là encore loin d'être insurmontable, avec Cluj, la Lazio et le Celtic, Rennes a sombré.
Aucune victoire, un nul et quatre défaites, voilà le bilan des hommes de Julien Stephan. "On avait une équipe très jeune, avec des joueurs inexpérimentés qui ne connaissent pas ce niveau, d'autres revenaient de blessure ou avaient moins de temps de jeu ces derniers temps", a tenté d'expliquer vainement le coach.
Cinq finales, aucun titre en 46 éditions
A bien y regarder, les performances des clubs français dans cette compétition n'ont jamais été exceptionnelles. Depuis sa création officielle en 1971 et sa première édition remportée en 1973 par Liverpool, la Ligue Europa (anciennement Coupe de l'UEFA), on ne retrouve pas la moindre trace d'un titre pour un club français.
Il y a bien eu cinq finales, toutes perdues donc, depuis celle de Bastia face au PSV Eindhoven (1978), celle de Bordeaux contre le Bayern (1996) et les trois autres sont l'œuvre de l'Olympique de Marseille, battue par Parme (1999), Valence (2004), puis l'Atlético (2018). Mais pas le moindre sacre…
Difficile de comprendre pourquoi ces équipes qui se battent pourtant toute la saison pour décrocher un billet pour l'Europe affichent si souvent un bien pâle visage lorsqu'il s'agit d'aller se frotter aux voisins européens. La frilosité de certains coaches et l'objectif principal du maintien, cher à l'emblématique coach d'Auxerre Guy Roux, peut être l'une des raisons. Pourtant, à son époque, Guy Roux était loin de démériter dans ces joutes européennes avec une demi-finale et trois quarts de finale disputés et aujourd'hui, les sommes engagées dans cette compétition sont plus incitatives.
Les gains en Ligue Europa:
• Des primes en phase de groupes : 570 000 € pour une victoire et 190 000 € pour un match nul.
• Les vainqueurs de groupes recevront une prime de qualification de 1 million d'euros chacun et les deuxièmes de 500 000 €.
• qualification pour les seizièmes de finale : 500 000 €
• qualification pour les huitièmes de finale : 1,1 M€
• qualification pour les quarts de finale : 1,5 M€
• qualification pour les demi-finales : 2,4 M€
• finaliste : 4,5 M€
• Le vainqueur 8,5 M€
Au palmarès de la compétition, la France ne se classe qu'en 12e position, derrière la Turquie, l'Ukraine et la Belgique, qui théoriquement, disposent d'un championnat moins relevé. Au-delà de l'aspect sportif et/ou économique, les résultats des clubs français en Ligue Europa découlent également d'un manque d'intérêt criant du grand public pour cette compétition.
Dans l'ombre de la C1
La "C3" reste toujours dans l'ombre de la C1, et ce, depuis sa création. En 2013, l'entraîneur de Bordeaux Francis Gillot résumait bien la situation. "Le public, la C3, il s'en fout. Il ne faut pas être hypocrite. (…) La C3 n'intéresse personne." D'autres entraîneurs comme Rolland Courbis ont souvent fustigé la Ligue Europa.
Evoquant sur les ondes de RMC la saison 1998-1999, l'ancien coach de l'OM estimait même avoir perdu le titre de L1 en raison de son parcours en C3. "Je pense que l'on perd le titre parce que l'on va en finale de la Coupe UEFA", avait-il affirmé. "On perd des plumes en demi-finales contre Bologne (…) puis on perd l'occasion d'être champions, pendant que Bordeaux avait eu la bonne idée de se faire éliminer", avait-il analysé. A quoi bon, donc prendre part à une telle compétition ?
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