Claudio Beauvue, l'atout numéro 1 de Guingamp
Claudio Beauvue n’est pas le plus grand (1m74), ni le plus lourd (66 kg), mais pourtant difficile de passer à côté cette saison. Déjà, parce que l’homme grimpe à une vitesse folle. Et va haut. Littéralement. Plus d’un mètre de détente sèche, 1m10, voire 1m15. Forcément ça impressionne. Lui, ne l’a jamais mesurée. "J'ai cette qualité de détente depuis tout jeune", s’excusait-il presque cet automne quand il commençait à faire admirer sa propension à s’envoler. Des dispositions naturelles qu’il a couplées avec du travail. "Au fil des années, j'ai continué à la bosser. C'est vrai que j'adore le travail physique. J'en fais en dehors des séances d'entraînement". Résultat, sur ses 17 buts inscrits en Ligue 1 depuis trois saisons, 9 l’ont été sur un coup de casque.
Cette détente l’accompagne depuis toujours. Ce qui est nouveau, c’est l’engouement autour du joueur. Cette saison, Claudio Beauvue explose. Le Guadeloupéen de naissance en est à 11 buts en Ligue 1 et 5 en Ligue Europa. Contre le Dynamo Kiev (2-1), il a d’ailleurs inscrit le but de la victoire de la tête. "On n’a pas envie de se fixer des limites, on prend match après match et on verra où ça va nous mener", a déclaré l’attaquant jeudi soir, après le match aller de 16e de finale. La défaite surprise contre Montpellier en Ligue 1 a toutefois coupé l’élan des Guingampais, Beauvue a raté plusieurs occasions dont une en début de rencontre qui aurait permis l’égalisation. Au lieu de ça, lui et ses coéquipiers se sont enlisés dans la boue du Roudourou.
Deschamps l’a à l’œil
Présent dans les tribunes dimanche, Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps, a pu voir à l’œuvre l’attaquant formé au FC Nantes. On ne sait pas ce qu’il en a pensé. Mais ce qui est sûr c’est que depuis quelques mois, voir le nom de Beauvue émerger, lorsqu’on évoque les possibles nouveautés de la prochaine liste du sélectionneur des Bleus, n’est plus une surprise. Pour le joueur âgé de 26 ans, ça serait évidemment une première. Mais, il ne s’enflamme pas. "J'essaye de me concentrer sur mon job, sur le terrain, sur le match qui arrive, j'essaye de faire abstraction de tout ça. Certes, ça fait plaisir, de là à se prendre la tête avec ça. Je suis sur une bonne série avec mon club, je marque beaucoup de buts, mais il ne faut pas s'enflammer. Tout de suite, un jeune qui flambe, même si je ne suis plus tout jeune, on commence à parler de l'équipe de France", avait-il assuré après son superbe but à Bordeaux (1-1) lors de la 23e journée.
L’Equipe avait même fait un sondage "Didier Deschamps doit-il convoquer Claudio Beauvue ?". Pour près de 100000 votants, la réponse n’était pas forcément évidente puisque 50% était pour et autant contre. Contre Kiev ce jeudi, le 6e match de Guingamp en 16 jours, Beauvue aura l’occasion de marquer de nouveaux points auprès du sélectionneur, qui n’a pas du passer à côté de sa résistance physique. En effet, au sein de l’équipe de Guingamp engagée sur trois tableaux (championnat, Coupe de France, Ligue Europa), Beauvue n’est pas ménagé. Mais ce n’est pas un problème. "Il a une très grosse capacité physiologique. C'est l'un des rares joueurs capable de jouer tous les trois jours sans baisser d'intensité. Ça c'est remarquable, il a une bonne constitution", avait précisé Jocelyn Gourvennec.
Nouveau Drogba ?
En Bretagne, il a réellement éclaté au moment de son repositionnement en attaquant axial. Le poste de ses débuts à Nantes. "Il a été formé devant à Nantes et quand tu as été formé devant à Nantes, tu as fait un paquet de séances (d'entraînement). Comme il n'a rien oublié, ça revient vite, comme le vélo", assurait Gourvennec. Sa trajectoire, celle du joueur qui se révèle un peu sur le tard, n’est pas sans rappeler celle d’un ancien buteur qui a fait les beaux jours de l’En Avant pendant deux saisons, Didier Drogba. Avant d’éclater aux yeux de l’Europe à l’OM, l’Ivoirien avait réalisé une superbe saison en Bretagne (34 matches, 17 buts en championnat). Il fait partie des joueurs qui inspirent Claudio Beauvue. "Je peux encore progresser, à l'image d'un Didier Drogba, arrivé sur le tard et encore en pleine forme à son âge. C'est un exemple", racontait-il dans L'Equipe. Comme Drogba, Beauvue est appelé vers d’autres cieux. Plus élevés que ceux qu’il côtoie cette saison en Bretagne. Il devrait être l’une des attractions du prochain mercato estival. En Ligue 1, où la plupart des clubs du haut de tableau ont coché son nom, mais aussi en Angleterre où sa détente, sa vitesse et sa puissance pourraient faire des ravages.
Après des années à errer en Ligue 2, suite à son départ du centre de formation de Nantes – il n’avait pas été retenu -, à Troyes (2007 à 2011) puis à Châteauroux (2011 à 2013), il goûte enfin au succès. Il courrait après et avait fait les sacrifices pour ça. Aujourd’hui, encore, il fait tout pour rester à ce niveau. "Je fais beaucoup de sacrifices. Je me repose au maximum, je ne sors pas souvent de chez moi, je fais très attention à mon hygiène de vie", expliquait-il. Encadré par son entraîneur, voltigeant sur le terrain et les deux pieds bien sur terre en dehors, Beauvue peut viser plus haut. "S'il commence à croire qu'il sort de l'ordinaire, il va redevenir ordinaire", tempère toutefois Gourvennec. Beauvue, lui, ne calcule pas. Pour sa carrière, comme pour sa détente.
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