Ligue des Nations : Pays-Bas, la fin de la lose ?
Il y a tout juste un an, la planète football s’était donnée rendez-vous du côté de la Russie, avec l’objectif de monter sur le toit du monde. Un Mondial que Virgil Van Dijk, Memphis Depay et les Pays-Bas ont regardé depuis leur canapé, échouant quelques mois plus tôt à obtenir leur sésame pour le pays des Tsars. Un nouvel échec, après un Euro 2016 où les "Oranje" avaient là aussi brillé par leur absence.
Presque douze mois après la victoire des Bleus, Ronald Koeman et ses joueurs sont de retour au premier plan et ont retrouvé en partie leur rang en accédant à la finale de la Ligue des Nations, face au Portugal de Cristiano Ronaldo. “Nous allons tout faire pour finir le travail en beauté. Lorsque nous avons commencé ce tournoi, je ne pensais pas qu'il nous offrirait les émotions et les sensations qui sont les nôtres aujourd'hui”, confiait le sélectionneur hollandais avant la demi-finale gagnée jeudi face à l’Angleterre.
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Car si cette Ligue des Nations n’a pas encore la ferveur de ses deux aînés que sont la Coupe du Monde et l’Euro, cette compétition encore toute fraîche a trouvé au moins un intérêt, celui de revoir enfin les Pays-Bas au premier plan sur la scène internationale. Les Oranje, installés dans le groupe des deux derniers champions du monde, s’est offert quelques performances de choix pour rejoindre le dernier carré de la Ligue des Nations. Une claque face à l’Allemagne en octobre (3-0) avant, un mois plus tard, de devenir la première équipe à faire tomber les Bleus depuis leur sacre en Russie au terme d’un match dominé de long en large (2-0). Puis un match nul arraché (2-2) face à la Mannschaft en février dernier après avoir été mené 2-0 pour valider son billet pour le dernier carré et taper, après prolongations, l’Angleterre, demi-finaliste du dernier Mondial (3-1).
De la force de caractère et de la cohérence dans les idées de jeu, où Ronald Koeman n’a pas hésité à mettre en place un collectif fort et des idées de jeu bien établies - verticalité, mobilité et technicité - autour desquels s’est peu à peu installée une nouvelle génération aux dents longues : doucement mais sûrement, les Pays-Bas ont sorti la tête de l’eau après quatre ans sous perfusion. Une génération dorée qu’a progressivement imposé l'ancien coach d'Everton depuis son arrivée sur le banc batave en février 2018. Aux côtés de Virgil Van Dijk, 27 ans et considéré comme le meilleur défenseur du monde à l’heure actuelle, le surdoué Matthijs de Ligt, 19 ans et le métronome Frenkie de Jong, 22 ans, se sont installés sans trembler dans le onze néerlandais et représentent déjà la moelle épinière de ce que pourrait être le Pays-Bas des dix ou quinze prochaines années. Derrière les deux pépites ajacides, Donny Van de Beek (22 ans), Denzel Dumfries (23 ans) ou encore Steven Bergwijn (21 ans), tous trois lancés par Koeman, sont eux aussi amenés à représenter le futur de la sélection.
Spécialiste des générations déchues
Une charnière solide, un milieu de terrain prometteur et complémentaire autour du trio De Jong-De Roon-Wijnaldum et une attaque où Memphis Depay, flamboyant depuis son repositionnement en faux N°9 par Koeman (8 buts et 7 passes décisives), porte la baraque en attendant l’arrivée d’une relève aussi prometteuse que les pépites de l’arrière-garde et de l’entrejeu, le sélectionneur a posé en un peu plus d’un an les fondations d’une renaissance batave. "Sur les dernières années, c'est la meilleure génération, mais ils n'en sont qu'à leurs débuts", a commenté Koeman dans une interview au quotidien The Guardian. "Nous sommes sur la bonne voie pour que notre pays retrouve le niveau où nous aimerions être." Conscient du potentiel de son groupe, le sélectionneur tient à rester prudent avec cette génération que beaucoup voient monter très haut, l'histoire récente de la sélection néerlandaise laissant encore de nombreux souvenirs amers au pays Oranje. Car les promesses et les épopées n'ont pas manqué ces vingt dernières années, toutes achevées par des échecs.
Le triomphe de l'Ajax Amsterdam lors de la Ligue des Champions 1995 s’annonçait comme le point de départ d'une décennie faste côté batave, mais les frères De Boer, Marc Overmars, Clarence Seedorf, Edgar Davids, Michael Reiziger, Edwin Van der Sar ou encore Patrick Kluivert se sont heurtés au plafond de verre des demi-finales, que ce soit au Mondial 1998 face au Brésil, à l'Euro 2000 contre l'Italie ou lors de l'Euro 2004, où il ont rendu les armes face à l'hôte portugais. La nouvelle vague, incarnée par le "Big Four" Van der Vaart, Robben, Van Persie et Sneijder, sera elle passée tout près d'inscrire une première étoile sur le maillot néerlandais lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud. L'Espagne et Andres Iniesta en auront finalement décidé autrement, laissant aux Pays-Bas leur éternelle réputation de perdant magnifique.
Une réputation que les hommes de Ronald Koeman ont l'occasion de redorer face au Portugal, même si une victoire en Ligue des Nations n'a pas encore le prestige d'un sacre mondial ou européen. "Je ne pense pas que gagner ce tournoi soit comme gagner un Euro. Dans l'ordre d'importance, c'est la Coupe du monde, puis l'Euro, puis la Ligue des nations, confiait Koeman samedi en conférence de presse. Ce trophée serait juste la confirmation que nous sommes sur la bonne voie". La bonne voie, celle qui doit emmener les Pays-Bas à l'Euro 2020 et permettre de laisser définitivement dans le rétro les échecs de 2016 et 2018. La dernière fois que la sélection néerlandaise avait manqué au moins deux grandes compétitions de suite, elle était allée chercher l'Euro 1988 dans la foulée, son seul titre au palmarès. Jusqu'à ce soir ?
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