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Ligue des Nations : Pavard a ses limites

Benjamin Pavard, en quelques semaines, est devenu la véritable coqueluche du public français. Une renommée qu'il doit à son ascension express, d'un joueur quasiment inconnu avant l'été, au rôle de titulaire indiscutable à la Coupe du monde. Mais il la doit surtout à sa frappe sortie tout droit d'Olive et Tom en huitièmes de finale, pour remettre la France à l'endroit contre l'Argentine. Probablement le tournant de la compétition. Mais vrai révélation en terme de jeu, ou phénomène médiatique passager ? On est en droit de se poser la question.
Article rédigé par franceinfo
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"Benjamin Pavaaard ! Benjamin Pavaaard ! Je n'crois pas qu'vous connaissez, il sort de nulle part, une frappe de bâtard, on a Benjamin Pavard !" Qui n'a pas entendu au moins une fois cette rengaine cet été ? Après sa géniale reprise de volée, expédiée dans la lucarne de Sergio Armani, qui a permis à la France d'égaliser contre l'Argentine, Pavard est devenu un véritable phénomène médiatique. Le défenseur qui évolue à Stuttgart en Allemagne a été unanimement encensé pour sa performance en Coupe du monde. Sérieux, discret mais impliqué, il a tout du gendre idéal. S'il a clairement pris une autre dimension durant la compétition, il a aussi montré ses limites au poste de latéral. Poste qui, il faut le rappeler, n'est pas son poste de prédilection. Jeudi, le choc contre l'Allemagne a encore davantage mis ces limites en lumière, dans un couloir droit déserté par Kylian Mbappé en défense.

Embouteillage en défense centrale 

Benjamin Pavard n'a que 22 ans. L'ancien Lillois est passé par les sélections nationales U19 et espoirs. Ce n'est pas une surprise de le voir frapper à la porte de l'équipe de France. Mais pour le grand public qui connaissait à peine son nom il y a quelques mois, une entrée aussi fracassante pour un joueur aussi jeune relève de l'exploit. On peut légitimement se demander si la surexposition médiatique dont il est sujet depuis juillet n'est pas un trompe-l’œil. Pavard a l'avantage d'être polyvalent, d'être apte à occuper plusieurs postes. Mais à Stuttgart, il est quasi-exclusivement utilisé en défense centrale, son poste de prédilection, et occupe même plutôt l'axe gauche que droit. En équipe de France, il y a embouteillage dans ce secteur, Raphaël Varane, Samuel Umtiti, Presnel Kimpembe, sans oublier Laurent Koscielny qui revient de blessure, semblent tous un ton au-dessus de lui, même s'il est en constant progrès dans son club. Varane (25 ans), Umtiti (24) et Kimpembe (23) ont encore de belles années devant eux et ne devraient pas laisser beaucoup champs dans les temps qui viennent.

 

Un manque de vitesse pour occuper un poste qui n'est pas le sien en club

C'est sur sa polyvalence que Didier Deschamps a choisi de miser en équipe de France en l'utilisant en tant que latéral. Ce choix est révélateur du manque de munition du sélectionneur à ce poste. Il y a Djibril Sidibé, qui n'est pas dans la forme de sa carrière en ce moment, et derrière, c'est le néant. "D.D." a été bien inspiré, le Stuttgartois a fait le job et même un peu plus. Mais son rôle parait de plus en plus comme de l'intérim plutôt qu'un choix durable. Jeudi soir, en Allemagne, Pavard a connu une soirée compliquée. Son manque de vitesse aurait pu coûter cher. Il a subi la loi d'un Timo Werner intenable. A sa décharge, Kylian Mbappé, très peu concerné par les tâches défensives, a déserté le couloir droit, laissant le champs libre pour la vitesse de l'Allemand de Leipzig. Ce manque d'explosivité saute encore plus aux yeux, quand il subit la comparaison de l'autre latéral, Lucas Hernandez, une pile électrique. La solidarité défensive des Français, notamment de Kanté et Varane, a sauver la mise. 

Si Benjamin Pavard ne joue pas dans son club en tant que latéral droit, il serait étonnant de le voir continuer longtemps à ce poste en Bleu. En défense centrale, l'horizon est bouché, de quoi se poser des questions sur l'évolution du joueur dans les prochaines saisons.

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