Ligue des nations : de l’affaire Rubiales à la gestion d'un nouveau statut... Comment l’Espagne a digéré son premier titre mondial

Championne du monde, la Roja peut décrocher un nouveau trophée, mercredi, en finale de la Ligue des nations face à la France. La preuve de la résilience des joueuses, performantes malgré leur lutte contre l'ex-président de leur fédération.
Article rédigé par Gabriel Joly, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les championnes du monde espagnoles fêtent leur qualification pour les Jeux olympiques après leur victoire en demi-finale de la Ligue des nations contre les Pays-Bas à Séville (Espagne), le 23 février 2024. (JOSE BRETON / AP / SIPA)

Une joie à la hauteur de l'événement. En écrasant les Pays-Bas (3-0) il y a quatre jours, la sélection espagnole s'est, certes, hissée en finale de la Ligue des nations, où elle affrontera les Bleues mercredi 28 février (19 heures). Mais l'essentiel était ailleurs pour la Roja, qualifiée grâce à cette victoire pour ses premiers Jeux olympiques. Les scènes de liesse observées sur la pelouse sévillane à la fin du match en ont d'ailleurs témoigné, rappelant presque celles du 20 août 2023, après le premier sacre en Coupe du monde du pays, glané face à l'Angleterre à Sydney (1-0).

Depuis son succès l'été dernier, l'Espagne doit faire avec un nouveau statut et les hautes attentes qui l'accompagnent. "Comme elles sont au sommet, la pression est encore plus forte sur les joueuses", confirme la journaliste Marta Grinan, qui suit les Ibères pour le quotidien espagnol AS. Qui aurait imaginé les championnes du monde en titre manquer le tournoi olympique ?

D'autant que la sélection tourne toujours à merveille, dans le sillage des virevoltantes Barcelonaises Aitana Bonmati et Salma Paralluelo, respectivement lauréate et troisième du dernier Ballon d'or. "Cette équipe n'a pas de plafond de verre, a lâché l'attaquante Alba Redondo, vendredi. Quoi qu'il arrive, les joueuses vont y aller avec de l'audace, sans avoir peur. Je suis très fière du travail accompli ces derniers mois, et de faire partie de cette sélection."

Une unité forgée dans le combat contre Luis Rubiales

"Malgré une défaite contre l'Italie [2-3 à domicile en décembre], le groupe est beaucoup plus fort que durant la Coupe du monde", analyse Marta Grinan. En plus de compter certaines des meilleures joueuses de la planète, les Espagnoles sont désormais habitées par une force collective à toute épreuve. Une conséquence directe du combat porté par toutes les joueuses contre Luis Rubiales, l'ex-président de la Fédération espagnole (RFEF), poussé à la démission après avoir embrassé de force Jennifer Hermoso lors des célébrations de la première étoile.

Luis Rubiales embrasse de force Jennifer Hermoso lors de la remise du trophée de championnes du monde à l'Espagne, le 20 août 2023 à Sydney (Australie). (MAXPPP)

Face à l'onde de choc qu'avait représenté l'affaire, Jorge Vilda, sélectionneur décrié pour ses méthodes de management par son groupe, avait également été évincé et remplacé sur le banc des Espagnoles par Montse Tomé, son adjointe depuis 2018. "Nous avons commencé dans un moment difficile, personne ne l'a choisi, mais nous avons fait un pas en avant. Nous avons évolué en tant qu'équipe, en tant que staff. Je félicite l'ensemble de l'équipe d'entraîneurs et le staff, les physios, les médecins... qui ont connu des situations très difficiles et qui ont su les résoudre", a ponctué la sélectionneuse après la victoire contre les Pays-Bas.

Critiquée pour ne pas incarner un profond changement, l'ancienne milieu avait pris de plein fouet la grève des championnes du monde, refusant leur sélection pour le début de la Ligue des nations, avant qu'un accord ne soit finalement trouvé avec l'aide du gouvernement du Premier ministre Pedro Sanchez. "Même si Montse Tomé est restée, il y a eu des changements importants obtenus par les filles. En plus de départs au sein du staff, des améliorations ont été notées au niveau des conditions d'entraînement. Elles jouissent de plus en plus du professionnalisme et des mêmes ressources que la sélection masculine", détaille Marta Grinan.

Des records d'affluence au goût encore amer

Pour autant, la Roja peine toujours à attirer des spectateurs dans ses stades. La renommée soudaine de la sélection – qui n'avait jamais passé de tour à élimination directe en grande compétition avant la Coupe du monde – a évidemment eu un effet, avec un record d'affluence battu à trois reprises sur leurs quatre réceptions depuis septembre. Mais les quelque 21 000 personnes présentes au stade olympique de La Cartuja vendredi restent (très) loin de rivaliser avec les 90 000 aficionados catalans déjà enregistrés sur certaines rencontres du FC Barcelone féminin.

"Il faut que la RFEF investisse autant pour l'équipe féminine que le Barça. Là, pour les Pays-Bas, le lieu du match a été changé deux semaines avant [le club de Cadix ayant refusé de prêter son enceinte car il y jouait deux jours plus tard] et la faible promotion de l'événement dans la ville n'a pas aidé à rameuter plus de monde", estime la journaliste, présente à Séville pour AS. Malgré une programmation surprenante pour la finale (19 heures), la Fédération espagnole espère franchir un nouveau cap en termes de spectateurs mercredi et mise gros sur ce jour, férié en Andalousie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.