Sur un siège éjectable, Kovac fait un bouc-émissaire idéal au Bayern
« Nous devons tout remettre à plat ». La déclaration est cinglante. Elle est signée Uli Hoeness, le président du Bayern Munich, quelques instants après le match nul concédé par son équipe à domicile face à Düsseldorf (3-3) samedi. Alors qu’ils menaient (3-1) à l’heure de jeu, les coéquipiers de Robert Lewandowski ont une nouvelle fois fait preuve de suffisance en laissant Dodi Lukebakio, auteur d’un triplé, offrir un point à son équipe. Il n’en fallait pas plus pour que le mot « crise » ressurgisse aussitôt dans les couloirs de l’Allianz Arena. Après 12 journées, les Bavarois sont 5ème de Bundesliga, à neuf points du Borussia Dortmund, leader invaincu. Un classement indigne des ambitions affichées par le club en début de saison.
Le constat est implacable. Avec 3 défaites et 3 nuls au compteur, le Bayern Munich connaît son pire début de saison depuis l’exercice 2010-2011 : l’équipe alors entraînée par Louis Van Gaal pointait à la sixième place de Bundesliga après 12 journées (19 points). Cette année-là, les Bavarois avaient terminé la saison à la troisième place du championnat, derrière le BVB et le Bayer Leverkusen. Une autre époque à l’échelle du club 28 fois champion d’Allemagne, d’autant que les Allemands ont depuis cette date, toujours été leaders après 12 journées, à l’exception de la saison 2016-2017. Le RB Leipzig devançait le Bayern de Carlo Ancelotti de trois petits points.
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Des cadres vieillissants
S’il fallait désigner un responsable aux maux du Bayern cette saison, il est déjà tout trouver. Arrivé en Bavière cet été, Niko Kovac est bien loin de faire l’unanimité. Après deux saisons prometteuses à la tête de l’Eintracht Francfort, l’ex-sélectionneur de la Croatie peine à assurer la succession du maître incontesté Jupp Heynckes. Les trois défaites concédées depuis septembre, dont un humiliant (3-0) face à Mönchengladbach et un revers crucial dans le derby contre Dortmund (3-2) ont fait très mal au coach bavarois. Les bonnes prestations en Ligue des Champions (10 points en 4 matches) n’ont pas suffi à faire taire les critiques, étant donné la relative faible opposition du groupe où figurent le Benfica Lisbonne, l’AEK Athènes et l’Ajax Amsterdam.
Mais à y regarder de plus près, Niko Kovac n’est pas l’unique responsable de la mauvaise passe du Bayern. L’effectif actuel, quasi-identique au 11 champion d’Allemagne la saison dernière, est vieillissant : Ribéry, 35 ans, Robben, 34 ans, Rafinha, 33 ans, accusent le poids des années. Les "jeunes anciens" Martinez, Boateng, Hummels, Müller, et même la légende Manuel Neuer, sont également un cran en dessous cet automne. Or, les dirigeants Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge n’ont rien fait pour assurer la succession des cadres lors du mercato estival : Goretzka, arrivé libre de Schalke 04, et Serge Gnabry, en retour de prêt, ont été les principales recrues munichoises. Corentin Tolisso, acheté à l’OL pour 47,5 millions d’euros en 2017, est le joueur le plus cher recruté par le club ces dernières années. Quand on connaît les chiffres exponentiels qui affluent sur le marché des transferts des grosses écuries européennes, un problème se pose.
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La piste Wenger étudiée ?
À l’heure d’outrepasser la crise, la presse allemande préfère elle s’attarder sur la situation de Niko Kovac, et nombre de médias évoquent déjà le nom de son possible successeur. Sans club depuis son départ d’Arsenal en juin, Arsène Wenger tiendrait la corde. Le nom de Zinédine Zidane aurait également été évoqué mais Uli Hoeness a tenu à calmer le jeu en conférence de presse, assurant que Kovac serait toujours à la tête de l’équipe ce mardi : « Limoger Kovac après Benfica ? On n'y pense pas... pour le moment", a juré le président du Bayern, préférant appeler à l'union sacrée: "Nous devons mobiliser toutes nos forces pour nous qualifier mardi en Ligue des champions. Ensuite, il faudra réfléchir ensemble et voir comment continuer".
Impassible, le principal intéressé a de son côté affiché sa détermination, préférant oublier les critiques et les spéculations : « Ceux qui me connaissent savent que je suis un combattant. Toute ma vie j'ai essayé de m'imposer. Les mots baisser les bras, abandonner, hisser le drapeau blanc n'existent pas dans mon vocabulaire. Je regarde toujours vers l'avant et je vais toujours lutter » a expliqué Kovac. Un état d’esprit positif que l’on ne pourra au moins pas lui reprocher. Pas sûr que cela suffise toutefois à calmer l’impatience de ses dirigeants, quand on sait que ces derniers n'avaient pas hésité à limoger Carlo Ancelotti sur un coup de tête après une défaite face au PSG (3-0) il y a un an.
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