Suarez a une malédiction à lever à Manchester
De retour en Angleterre, où il a sévi trois saisons (2011-2014), l'ancien attaquant de Liverpool doit faire un sort à cette disette qui s'acharne. C'est l'une des clés de la reconquête européenne rêvée par les Barcelonais, renversés au même stade l'an dernier par l'AS Rome (4-1, 0-3). Bizarrement, la Roma semble avoir marabouté l'Uruguayen: son dernier but européen remonte au quart aller face aux Romains le 4 avril 2018. Et son dernier but européen loin du Camp Nou date de septembre 2015 au stade olympique de... Rome, soit près de 25 heures sans marquer à l'extérieur en C1, ou 1.510 minutes.
Une improbable statistique pour le cinquième meilleur buteur de l'histoire du Barça, presque une malédiction, qui s'est poursuivie en huitièmes aller à Lyon (0-0). Et pourtant, tout va bien cette saison pour le "Pistolero" (20 buts), deuxième meilleur marqueur du Championnat d'Espagne derrière son capitaine et complice Lionel Messi (33 buts). A eux deux, ils comptent 53 buts en Liga, soit presque autant que l'ensemble des joueurs du Real Madrid (55 buts).
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"Assurance tout risque"
Du coup, l'entraîneur barcelonais Ernesto Valverde refuse de croire à un quelconque sortilège ou à un déclin de l'avant-centre uruguayen (32 ans). "C'est un poison continuel pour l'adversaire et on ne sait jamais quand il peut surgir. Sa persévérance fait de lui une assurance tout risque", a souligné le technicien ce week-end.
Valverde s'est amusé au passage du ton changeant de la presse à l'égard de l'attaquant, critiqué après Lyon puis encensé pour ses récentes performances (7 buts en 9 matches). "Je me suis bien rendu compte que Luis Suarez donne beaucoup de grain à moudre en conférence de presse", a ironisé l'entraîneur. "Tout le monde pose constamment des questions sur lui. S'il marque, pourquoi marque-t-il ? Et s'il ne marque pas, pourquoi ne marque-t-il pas ?"
On parle souvent de la Messi-dépendance du Barça, mais Suarez est tout aussi important dans le jeu catalan par sa hargne et sa finesse technique. Du coup, l'Uruguayen n'a pas de vrai doublure dans l'effectif et il a souvent tendance à trop enchaîner. Avec le recul, l'avant-centre uruguayen s'était plaint d'être arrivé usé à Rome l'an dernier. "Je regrette beaucoup d'avoir joué contre Leganés" entre les deux manches des quarts, déclarait Suarez il y a quelques semaines. "J'avais joué tout le match alors que nous avions beaucoup de points d'avance en Liga, à trois jours d'un match décisif contre la Roma."
Cette année, le "Pistolero" aborde reposé la dernière ligne droite. Une entorse d'une cheville lui a permis de souffler deux semaines fin mars. Et il est revenu en pleine forme: but égalisateur mardi dernier dans le temps additionnel à Villarreal (4-4) et ouverture du score ce week-end contre l'Atlético Madrid (2-0) pour rapprocher le Barça du titre de champion d'Espagne à sept journées de la fin.
En fêtant son but samedi, Suarez a enlevé son maillot et écopé d'un carton jaune opportun qui lui permettra d'être suspendu samedi sur le terrain du promu Huesca. De quoi être frais pour le quart retour contre United au Camp Nou mardi 16 avril. "Nous avons maintenant un matelas de 11 points sur l'Atlético, je crois que cela nous donne un peu de marge", a observé l'Uruguayen.
Old Trafford, c'est un mauvais souvenir pour Suarez, lorsqu'il avait refusé de serrer la main de Patrice Evra en 2012 après avoir été suspendu pour insultes racistes envers le Français. Mais c'est aussi une pelouse où le meilleur buteur du Championnat d'Angleterre 2013/14 a déjà marqué. Le gazon anglais sera-t-il l'antidote à son étrange maléfice ?
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