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Qui est Francis Coquelin, le "Frenchie" d'Arsenal inconnu en France ?

Article rédigé par franceinfo - Vincent Lenoir
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Francis Coquelin au duel face au quintuple Ballon d'or, Lionel Messi, en huitième de finale de la Ligue des champions, le 16 mars 2016. (REUTERS STAFF / REUTERS / X01095)

Le Mayennais d'Arsenal impressionne sur les pelouses anglaises depuis près de deux ans. Avant son match contre le PSG, retour sur ce Frenchie qui a réussi outre-Manche et à qui il manque encore un petit quelque chose pour devenir prophète en son pays.

Les Français et Arsenal, c'est une longue histoire d'amour. Aux légendaires Thierry Henry, Patrick Vieira ou Emmanuel Petit ont succédé les actuels Olivier Giroud et Laurent Koscielny, tauliers de l'Euro 2016 chez les Bleus. Pourtant, l'attaque et la défense des Gunners ne sont pas les seules à posséder leur Frenchie syndical. Depuis près de deux ans, Francis Coquelin, 25 ans, s'est imposé au milieu du terrain par sa capacité à briser les offensives adverses. A quelques heures de la "finale" du groupe A de la Ligue des champions face au PSG, franceinfo dresse le portrait de celui qui est surnommé le "Coq" par ses supporters.

Avant de s'imposer, le "Coq" a plutôt déchanté

Il a fallu du temps à Francis Coquelin avant d'arriver à ce dimanche 18 janvier 2015. Ce jour-là, il fait partie de l'équipe qui renverse les Citizens de Manchester City, alors en pleine course pour le titre, et s'impose comme un élément incontournable des Gunners. Pourtant, un mois à peine auparavant, la carrière du milieu défensif battait clairement de l'aile et semblait prendre le même chemin que celle des nombreux jeunes Français à avoir tenté leur chance en Angleterre.

A 17 ans, le natif de Laval quitte le club de la ville et embarque pour Londres et le championnat anglais, fort demandeur en jeunes talents français. Comme pour bon nombre de ses compatriotes, l'adaptation outre-Manche est mouvementée. Lors d'un entraînement avec les pros, avant même son recrutement, Coquelin est déjà pris à partie par l'expérimenté gardien allemand Jens Lehmann pour n'avoir pas entendu une consigne. 

Trop dur, trop tôt... Le championnat anglais n'est pas encore accessible au jeune Mayennais, qui est renvoyé à l'étranger afin de s'aguerrir. D'abord à Lorient (2010-2011) puis à Fribourg, en Allemagne (2013-2014), où il vit une année cauchemardesque. Dans cette ville qui a pour emblème un corbeau, le "Coq" n'est pas utilisé à son poste (axial) et raconte ses relations compliquées avec l'entraîneur Christian Streich. Entre son séjour breton et son expérience allemande, il revient à Arsenal et participe en tant que titulaire à son premier match de Premier League contre Manchester United : défaite 8-2. Un souvenir encore douloureux pour les "Gooners", les supporters d'Arsenal.

Une jeune pousse devenue "un guerrier"

Mais depuis ce fameux hiver 2014-2015, la carrière de Francis Coquelin a basculé. "C'était une vraie surprise, se souvient Vincent Fabre, fan des Gunners et créateur d'un blog reconnu, à destination des supporters francophones, Arsenal-fc.fr. C'est rare qu'un joueur réussisse en Angleterre après autant de prêts à l'étranger." Revenu de Fribourg à l'été 2014, Coquelin est rapidement envoyé à Charlton, en D2 anglaise. Beaucoup y voient le signe d'un adieu définitif du Français au très haut niveau.

Mais à la faveur de l'hécatombe subie par le milieu du terrain d'Arsenal, Coquelin est rappelé en urgence par Arsène Wenger, forcé de faire une croix sur bon nombre d'éléments de son effectif qui pointent à l'infirmerie. Alors que le club est sixième du championnat derrière des équipes a priori plus faibles (Southampton et West Ham), les supporters d'Arsenal paniquent en voyant que les clés de la récupération de leur équipe sont confiées à un gamin de 23 ans dont le principal fait d'armes reste cette humiliante défaite en terre mancunienne.

Miracle, en quelques semaines à peine, Coquelin devient l'une des coqueluches du club avec, en point d'orgue, la victoire impressionnante de maîtrise défensive contre City. Le Français devient "The Police Officer" (l'officier de police) ou "Colombo", pour le travail qu'il apporte à l'équipe. Selon Vincent Fabre, Coquelin apparaît à présent aux yeux des supporters du club comme "un guerrier". Il est d'autant plus apprécié qu'il a l'habitude de témoigner sa joie lorsqu'un coéquipier marque. Une sorte de célébration par procuration pour celui qui n'a jamais marqué sous la tunique rouge en plus de 100 matchs. Un sujet sur lequel il a l'habitude d'être taquiné.

Celui qui fait briller les autres

Au printemps 2015, Francis Coquelin explose et accompagne la remontée au classement d'Arsenal, qui finit à la 3e place, derrière les intouchables Chelsea et Manchester City. Les louanges pleuvent sur le jeune Français. Pour le Guardian, il est le "roi du contre-bling". Il laisse la lumière aux autres et permet aux nombreux artistes d'Arsenal (Sanchez, Cazorla, Özil...) de s'exprimer. Au quotidien britannique, Coquelin explique : "Si je peux prendre 10% de leurs tâches défensives, ils les récupéreront pour attaquer, marquer des buts et nous faire gagner le match. Et j'en suis ravi."

Il forme un duo très intéressant avec Santi Cazorla grâce à son dynamisme et sa vivacité malgré son gabarit.Il est très précieux.

Julien Momont, journaliste SFR Sport

à franceinfo

Venu au football sur le tard, à 10 ans, par hasard, pour suivre un copain, Coquelin a très rapidement marqué les esprits par sa présence sur le terrain, son endurance et sa qualité de passe. Il a d'ailleurs très rapidement intégré les équipes de France chez les jeunes, auréolé d'un titre de champion d'Europe des moins de 19 ans, avec Antoine Griezmann et Alexandre Lacazette. A Arsenal aussi, il brille dans les catégories jeunes. Vincent Fabre se souvient d'avoir discuté avec un de ses anciens coéquipiers qui décrivait son rôle : "On avait Francis qui mettait des taquets pour Jack [Wilshere] qui traversait le terrain et marquait des buts." Une association déjà gagnante qui lui permet de gagner la Youth Cup, la coupe d'Angleterre chez les jeunes.

Depuis qu'il squatte le gazon anglais chez les pros, Coquelin impressionne dans sa capacité de récupération. Il fait partie du top 15 des milieux de Premier League pour le nombre d'interceptions et de tacles réussis. De quoi en faire l'un des milieux les plus utilisés par Arsène Wenger, malgré la richesse de l'effectif d'Arsenal et l'arrivée, pour 40 millions d'euros, de Granit Xhaqa avec qui il est souvent en concurrence. Observateur du championnat anglais pour SFR Sport, le journaliste Julien Momont le décrit comme "le meilleur milieu récupérateur d'Arsenal".

Inconnu en France… encore longtemps ?

Pourquoi, près de deux ans après sa révélation dans l'autoproclamé "meilleur championnat du monde", Francis Coquelin, le "Coq", est-il encore méconnu dans l'Hexagone ? Peut-être parce qu'il n'a toujours pas eu l'opportunité de porter le maillot bleu, étape quasi obligatoire pour se faire connaître lorsqu'on joue à l'étranger. "C'est un peu comme Aymeric Laporte, qui joue en Espagne, analyse Vincent Fabre, on n'en parle pas assez alors qu'il a déjà fait ses preuves."

Fervent admirateur du jeune Français, Vincent Favre estime que Francis Coquelin n'est pas loin du niveau de N'Golo Kanté qui joue au même poste. Ce dernier, révélation de l'entrejeu français en 2015-2016, champion d'Angleterre avec Leicester, fait actuellement le bonheur de Chelsea. "Si on compare les stats de Kanté et de Coquelin, celles-ci ne sont pas si différentes, explique Vincent Fabre. Mais Kanté a su saisir sa chance quand il a été appelé en bleu." Problème : Coquelin s'est blessé en fin d'année 2015, au moment où les places en bleu pour l'Euro 2016 se jouaient. Et elles sont chères aujourd'hui avec les indéboulonnables Matuidi et Pogba, et le jeune Kanté qui déçoit rarement. "N'Golo Kanté est quand même plus complet, recadre Julien Momont. Il apporte quelque chose en plus que Coquelin qui manque de créativité lorsqu'il faut se projeter vers l'avant."

Présent lors du premier acte PSG-Arsenal en septembre, Coquelin ne s'est pas montré sous son plus beau jour, au même titre que son équipe qui a ramené un nul flatteur du Parc des Princes. Nouvelle chance, ce soir, pour briller devant ses compatriotes, lors de cette "finale" du groupe A, pour le "Coq" qui a désormais l'habitude de briller alors que plus personne ne l'attend.

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