Parisiennes et Lyonnaises, un destin européen qui passe par l'Allemagne
Et "quand on regarde le nombre de titres majeurs des Allemands et des Allemandes dans les compétitions internationales, il n'y a pas photo", expose à l'AFP Xavier Breuil, chercheur associé à l'université de Bourgogne-Franche Comté et auteur d'une "Histoire du football féminin en Europe" publiée en 2011 aux éditions Nouveau monde. Interrogé mardi avant le match sur ce qui l'"effrayait" le plus chez son adversaire de jeudi, les doubles championnes d'Allemagne en titre du Bayern Munich, l'entraîneur du PSG Patrice Lair s'est exclamé: "c'est que c'est une équipe allemande! Les équipes allemandes, attention. C'est un grand pays de football, on ne peut pas arriver ici la fleur au fusil, même si on arrive conquérant."
La réussite des sélections nationales allemandes a ainsi dopé le développement de la pratique féminine du foot outre-Rhin. Alors que la France était précurseur selon Xavier Breuil. On trouve trace du football féminin en France "au cours de la première guerre mondiale" alors qu'il n'émerge que plus tardivement en Allemagne, dans les années 30.
"C'est en marche"
La fédération allemande de football compte aujourd'hui 6,889 millions de licenciés, dont 1,095 millions de femmes. Un ratio d'1/6e, en augmentation de 35% sur la période 2011-2015, qui a de quoi faire saliver la FFF: sur les 2,106 millions de licenciés qu'elle-même revendique, les licenciées ne sont que 103.276 en 2015/16, soit un ratio d'environ... Une sur 20. "On avait un retard, maintenant c'est en marche", avait exposé à l'AFP Noël Le Graët juste avant d'être réélu à la tête de la Fédération. Il s'était félicité que le nombre de licenciées était passé de 45.000 à 130.000 (le nombre en mars selon lui) depuis sa première élection en 2011, et vise désormais la barre des 200.000 licenciées au terme de son nouveau mandat de quatre ans.
Xavier Breuil rappelle que l'Allemagne et les pays scandinaves ont pris dès les années 70 des mesures pour "favoriser le football féminin" comme une "mixité plus précoce" ou un encouragement à la pratique au niveau scolaire. Pour lui, les récentes conclusions d'un rapport sénatorial estimant que "le moment est venu d'obliger l'ensemble des clubs de Ligue 1 à créer une section féminine", vont dans le bon sens.
Lyon, l'exemple à suivre
"Les clubs professionnels se suffisant à eux-même d'un point de vue économique et médiatique, le développement d'une section féminine dépend surtout de la personnalité de leurs dirigeants", explique-t-il prenant l'exemple du président de l'Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas. Pour lui, JMA "semble avoir compris avant les autres que c'est peut-être bien aussi d'avoir des titres en Europe" avec son équipe féminine.
Une éventuelle obligation permettrait aussi de dynamiser un championnat national féminin qui reste plutôt déséquilibré, même si l'Olympique de Marseille a fait chuter, le week-end dernier et à la surprise générale, le Paris SG de Patrice Lair (2-0).
Et, à terme peut-être, de rattraper encore un peu du retard concédé à l'Allemagne aussi bien en terme de nombre de licenciées que de palmarès. Après tout, ce sont les jeunes Françaises qui sont championnes d'Europe en titre dans la catégorie des moins de 19 ans.
Pour Paris, la publicité voulue autour de la section féminine a connu un accident de calendrier. "îParisiennes", la campagne de communication, a été quelque peu éclipsée par la terrible défaite de l'équipe masculine du PSG à Barcelone (6-1), en huitièmes de finale de la compétition reine. Il reste encore une chance au PSG d'être champion d'Europe: avec ses filles.
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