Milan chute à l’image du foot italien
Au sommet de l’Europe durant deux décennies, le football italien de clubs évolue aujourd’hui très loin des hautes sphères dans lesquelles baignent les ténors du continent, le Bayern Munich ou les deux géants espagnols (Real Madrid et FC Barcelone). De 1985 à 2010, l’Italie a remporté huit fois la Ligue des champions grâce à ses trois clubs phares, la Juventus Turin (1985, 1996), l’AC Milan (1989, 1990, 1994, 2003, 2007) et l’Inter Milan (2010). Davantage que n’importe quel autre pays (6 pour l’Espagne, 3 pour l’Angleterre, 2 pour le Portugal et l’Allemagne).
Des ténors devenus des seconds couteaux
Depuis le triomphe intériste au printemps 2010 contre le Bayern, nos voisins transalpins contemplent leur chute, inéluctable. En 2011, trois clubs italiens se sont qualifiés pour les 8e de finale : seul l’Inter avait disputé un quart de finale, perdu face à Schalke 04. En 2012, l’AC Milan et l’Inter étaient sortis des poules de l’automne, les Rossoneri atteignant les quarts de finale (éliminés par le Barça). En 2013, Milan et la Juve étaient arrivés en 8e, les Bianconeri se glissant même en quarts pour tomber logiquement face au Bayern (0-2, 0-2).
Cette saison, c’est pire. Avec un seul club sur trois en 8e de finale, la Série A avait encore perdu de sa superbe. Depuis mardi, il n’y a plus de représentant italien dans la plus prestigieuse épreuve européenne. Qu’il est loin le temps de la finale entre la Juventus et le Milan. C’était en 2003, cela fera 11 ans en mai prochain. L’époque du calcio triomphant est bien révolue, dépassé par la manne financière de clubs plus riches qui accaparent les stars comme les clubs italiens avaient pu le faire du début des années 80 au milieu des années 2000.
Les stars ne jouent plus en Italie
Durant une bonne vingtaine d’années, les joueurs de classe mondiale –les fameux fuoriclasse- sont venus renforcer les cadors de la péninsule (de Platini à Kaka en passant par Maradona, Gullit, Van Basten, Baggio, Weah, Ronaldo, Zidane, Figo, Nedved ou Chevtchenko, pour ne parler que des Ballon d’Or). Maintenant, les stars fuient l’Italie pour évoluer en Liga (Messi, Ronaldo), en Premier League (Suarez, Van Persie, Yaya Touré), en Bundesliga (Ribéry, Robben) voire en France (Ibrahimovic, Cavani, Falcao). Les références italiennes ont pour noms Vidal, Balotelli, Higuain, Pirlo ou Totti, des éléments de talent pas candidats au titre de meilleur joueur du monde, ou sur le déclin.
La faute au manque d’argent qui plombe les grands clubs italiens par rapport aux investisseurs venus d’autres continents (Etats-Unis, Qatar, Emirats Arabes Unis, Thaïlande, Malaisie). La Roma (dont les propriétaires sont Américains) et l’Inter (rachetée à l’automne par un Indonésien richissime et ambitieux, Erick Tohir) espèrent pouvoir bientôt rivaliser au plus haut niveau, mais le retard pris sera difficile à combler surtout avec le fair play financier imposé par l’UEFA (qui prévoit que les clubs ne puissent pas dépenser davantage d’argent qu’ils ne possèdent). La Juventus, le Milan et les autres (Naples, Fiorentina, Lazio) demeurent sous pavillon local, ce qui limite forcément la surface financière.
Peu d'investisseurs étrangers
Il faut dire que le championnat italien est gangréné depuis une bonne dizaine d’années par des centaines d’ultras scandant des chants racistes à l’encontre de joueurs de couleur, ce qui a dégoûté certains joueurs et investisseurs préférant assumer leurs ambitions dans des contrées plus accueillantes (l’Angleterre ou l’Allemagne).
L’Italie a donc un vrai retard à combler pour prétendre de nouveau jouer les premiers rôles. Les clubs de Série A peinent à exister face à leurs homologues anglais, allemands ou espagnols, mais ils subissent aussi la loi de quelques outsiders de pays moins côtés comme Galatasaray, tombeur de la Juventus (leader du championnat et de loin la meilleure équipe italienne depuis trois ans) dans un match décisif en décembre dernier. Sans parler de la montée en puissance de la France avec le PSG, et probablement Monaco dans les années à venir.
Alors bien sûr, tout n’est pas noir. La Juventus, Naples ou la Fiorentina semblent capables de remporter la Ligue Europa en mai prochain. Et peut-être que les clubs italiens, via des investissements fructueux, réussiront à recoller au peloton de tête d’ici quatre à cinq ans. Mais l’âge d’or du calcio dominant est définitivement terminé.
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