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Ligue des champions : Gianluigi Donnarumma, l'heure du doute

Le gardien parisien s'est rendu coupable de trois erreurs importantes contre Monaco, Newcastle et Le Havre, et demeure un point d'inquiétude pour le PSG à l'heure de jouer sa qualification pour les huitièmes de finale face à Dortmund, mercredi.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Gianluigi Donnarumma quitte la pelouse après son expulsion face au Havre, le 3 décembre 2023. (JEAN CATUFFE / AFP)

Dans son existence pré-qatarie, le Paris Saint-Germain avait pour coutume d'offrir à ses suiveurs sa traditionnelle "crise de novembre". Malgré son changement de dimension, le club de la capitale renoue cette année avec ce coup de pompe automnal, qui touche son gardien Gianluigi Donnarumma. En neuf jours, l'Italien a commis trois erreurs grossières et traverse une mauvaise passe. Ces bévues successives, et leurs éventuelles conséquences psychologiques, interrogent alors que Paris joue sa survie en Ligue des champions, mercredi 13 décembre, à Dortmund.

Ancien gardien de l'AJ Auxerre et champion du monde 1998, Lionel Charbonnier assure que ses coéquipiers et le staff doivent lui venir en aide. "Il ne s'en sortira pas tout seul, confie-t-il à franceinfo: sport. Le staff et ses coéquipiers doivent commencer à ne plus le mettre en difficulté pour oublier ces erreurs".

Luis Enrique vole à son secours

Cette mauvaise passe s'est d'abord matérialisée le 24 novembre contre Monaco (5-2) par une relance ratée transformée en passe décisive pour Takumi Minamino. Trois jours plus tard contre Newcastle (1-1), l'ex-Milanais a mal repoussé une frappe, offrant une balle de but à Alexander Isak. Et le 2 décembre au Havre (2-0), il a été expulsé dès la 10e minute après une sortie mal maîtrisée. "Je ne pense pas que cela soit son erreur, l'a défendu son entraîneur Luis Enrique. C’est moi qui demande à mon gardien de jouer ainsi sur les longs ballons adverses". Un aspect du jeu qui doit être modifié selon Lionel Charbonnier. "S'il veut continuer à titulariser Gianluigi Donnarumma, Luis Enrique doit changer sa conception de l'utilisation du gardien", juge-t-il. 

Ces erreurs n'ont pas toutes eu une incidence sur le score final des matchs, mais elles sont embarrassantes à plus d'un titre. Celles-ci ont en effet été concédées sur un intervalle très réduit et sur trois types de situations différentes (relance, faute de main et sortie) et non sur un point faible identifié, preuve d'une fébrilité globale. "Quand les erreurs sont commises par un attaquant ou un milieu, ce n’est pas grave, le problème c’est quand un gardien en commet une", pointait Luis Enrique, à propos de ce poste particulier, après sa première erreur contre Monaco.

"Gianluigi Donnarumma n'est pas à 100 % compatible avec le jeu de Luis Enrique pour l'instant."

Lionel Charbonnier, ancien gardien de but et champion du monde 1998

à franceinfo: sport

"Sa saison est exceptionnelle, et je suis ravi de son rendement et de son comportement", poursuivait le technicien ibérique. Ce discours reste-t-il valable trois semaines et autant de boulettes plus tard ? "Vous n'avez pas le temps d'attendre au PSG, de continuer à former un gardien de but, d'autant plus que quand il fait une erreur, c'est but quasi systématiquement", pointe du doigt Lionel Charbonnier. Dans le même temps, le novice Arnau Tenas a réussi son intérim même s'il a encaissé un but face à Nantes. Mais son expérience inexistante l'empêche d'être une alternative crédible, alors que Keylor Navas est blessé de longue date aux vertèbres lombaires.

Gianluigi Donnarumma a, en dépit de son jeune âge (24 ans), un vécu très fourni. Ce recordman de précocité a déjà disputé 402 matchs dans sa carrière, dont 60 avec l'Italie. Pour quel bilan dans les matchs couperets ? C'est là que le bât blesse. Hormis sa campagne décisive avec la Nazionale à l'Euro 2020 (un tir au but détourné en demies, deux en finale), il compte peu de références en Ligue des champions, une compétition découverte lors de sa signature à Paris à l'été 2021.

Depuis, il s'est avéré directement fautif contre le Real Madrid (1-0, 1-3) en 2022 et contre le Bayern Munich (0-1, 0-2) en 2023, à chaque fois en huitièmes de finale de C1. Sans endosser l'entière responsabilité de l'élimination des siens, Donnarumma n'a pas montré l'assurance d'un gardien à même de maintenir à flot un navire à la dérive en phase éliminatoire de Ligue des champions. C'est sans doute ce qui le sépare, encore, des meilleurs gardiens du globe.

Toujours décisif avec la Squadra

Pour espérer rejoindre la cour des - très - grands, Lionel Charbonnier estime qu'il doit encore "progresser dans l'analyse des situations". Une donnée du jeu défaillante qui expliquerait certaines bévues. "Il y a des signaux d'alerte rouge, l'entraîneur des gardiens doit lui dire et faire des exercices en conséquence", avertit Lionel Charbonnier, qui ajoute que "Gianluigi Donnarumma doit avoir cette intelligence de s'adapter par rapport à des situations qui évoluent de plus en plus vite".

Cette forme fluctuante est d'autant plus dommageable que, lorsqu'il brille, le natif de la province de Naples ne le fait pas à moitié. Après un début de saison irréprochable, il avait été décrit comme "au sommet de son art" par l'entraîneur rémois Will Still après la victoire du PSG à Auguste-Delaune (3-0). Le 20 novembre, il a même été salué par la presse italienne, toute heureuse de retrouver son Gigio salvateur pour qualifier la Nazionale à l'Euro, après un 0-0 contre l'Ukraine. Donnarumma arborait alors un sourire jovial, loin de se douter que ses ennuis débuteraient... quatre jours plus tard à Paris. Attendu au tournant contre Dortmund mercredi, Gianluigi Donnarumma sait qu'une partie du destin parisien en Ligue des champions est entre ses gants.

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