Borussia Dortmund, une semaine après l'attentat, des maux à surmonter
"Nous faisons en permanence le grand écart", avoue l'entraîneur Thomas Tuchel. Entre le travail avec les psychologues pour effacer le traumatisme, et la concentration sur le football, les joueurs du Borussia Dortmund s'efforcent de retrouver un équilibre, une semaine après un attentat encore inexpliqué contre leur bus. "J'ai l'impression, dit Tuchel à l'approche du quart de finale retour de Ligue des champions à Monaco (aller 3-2 pour Monaco), que le traumatisme n'est pas évacué, mais que nous avons appris à gérer nos hauts et nos bas émotionnels. Pour les joueurs c'est plus facile lorsqu'ils sont sur le terrain qu'après le match".
Le gardien de but Roman Bürki décrit parfaitement cette situation: "Je me réveille toutes les nuits. Dans mon sommeil, je sursaute, et quand j'ouvre les yeux, je suis soulagé d'être à la maison, dans mon lit". Une angoisse intime et le football pour thérapie: "Je suis heureux d'avoir quelque chose sur quoi me concentrer. C'est très important de pouvoir se changer les idées et ne pas trop penser à ce qui s'est passé", confesse l'international suisse.
Une peur toujours présente
La peur ne pourra de toute façon pas être totalement éliminée tant que les auteurs de l'attentat seront en liberté. Une semaine après les faits, la police travaille toujours sur trois revendications totalement différentes: islamiste, d'extrême droite et d'extrême gauche. Autant dire que l'enquête n'avance guère. On ignore notamment si Dortmund était une cible possible parmi d'autres, ou si le club est spécifiquement visé.
Samedi, le Borussia a battu Francfort 3-1 en championnat au terme d'un match abouti. Sans leur défenseur Marc Bartra, blessé au bras dans l'explosion mais sorti de l'hôpital, portés par leur formidable public, les joueurs n'ont jamais donné l'impression de flotter ou d'être mentalement affaiblis.
C'est après le match seulement, lorsque l'équipe est venue communier avec le célèbre "Mur Jaune", la tribune populaire aux 24.000 fans debout, en déployant un maillot au nom de Bartra, que les larmes de plusieurs joueurs sont venues rappeler que les plaies étaient encore à vif. "Pendant les 90 minutes de jeu c'était plus facile", a admis le capitaine Marcel Schmelzer, "mais à la fin, tout ce que tu as gardé en toi sort d'un seul coup. Ca a été un grand moment de chair de poule..." "Les joueurs", affirme-t-il, "parlent beaucoup entre eux de l'attentat et de leurs efforts pour surmonter le choc: "Je pense que ça va souder l'équipe encore plus".
Un rêve à atteindre après le cauchemar
Après la défaite 2-3 à domicile contre Monaco, Dortmund sait qu'il va lui falloir accomplir une sorte de petit miracle au Stade Louis-II. Jamais encore dans son histoire le club ne s'est qualifié en coupe d'Europe après avoir perdu sur sa pelouse fétiche. Même si sous Thomas Tuchel les Jaune et Noir ont remporté 58% de leurs matches européens à l'extérieur (7 victoires, 3 défaites, 2 nuls), rappelle le site internet du BVB, qui cherche dans les statistiques quelques raisons d'espérer. Le coach allemand, qui a couvert ses joueurs de compliments ces derniers jours pour "leur force de caractère" dans l'adversité, était furieux que les autorités du football aient fait rejouer le match aller moins de 24 heures après l'attentat, alors que l'équipe était encore totalement sous le choc. Privée, selon lui, de la chance de disputer une première manche dans des conditions normales.
Une qualification à Monaco serait donc, pour l'équipe et pour Tuchel, bien plus qu'un exploit sportif: elle effacerait la douloureuse impression de s'être fait voler "leur rêve de jouer une demi-finale de Ligue des champions".
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