Bayern Munich - PSG : Lewandowski, Pochettino... ces choses qui ont changé depuis la finale
• Que l'euphorie lisboète paraît lointaine
Dans l'été portugais, doux et dans un contexte exceptionnel, Paris avait brillé en août dernier. A cette époque pourtant pas si lointaine, l'attitude de Neymar, décontracté et enceinte énorme au bout du bras, suffisait alors à annoncer avec assurance un spectacle convaincant, que lui-même et ses coéquipiers offriraient dans les heures à venir. Depuis, toute une saison s'est écoulée et le contraste avec le contexte crispé de ce début de mois d'avril a donné l'impression qu'un siècle avait passé. L'exclusion du même Neymar dans la défaite contre Lille ce samedi (0-1), coupable d'un mauvais geste et à nouveau incapable de gérer sa frustration, s'est chargé d'insister lourdement là-dessus.
Quand Paris avait retrouvé le Bayern en finale de la C1 le 23 août dernier, le club de la capitale était engagé dans un sprint euphorique, lancé par la liesse renversante du match contre Bergame (2-1) et nourri par la satisfaction du travail bien fait contre Leipzig en demi-finale (3-0). Cette fois, il se rendra en terre hostile, en Allemagne, dans la peau d'un gros poisson loin d'être sûr de ses forces sur la scène européenne. Il faut dire qu'il est déjà malmené dans son propre championnat national où sa domination était habituellement tyrannique.
S'il avait une chance de créer l'exploit en août en 90 minutes, le PSG est cette fois obligé de convaincre sur 180 minutes, dans un format aller-retour qui lui sourit assez rarement. Pour rappel, depuis l'arrivée de QSI en 2011, il n'a jamais passé les quarts de finale dans cette configuration. Contre le FC Barcelone au tour précédent, le crédit engrangé après la victoire 4-1 de l'aller avait par exemple été en grande partie dilapidé par la fébrilité irrationnelle du retour (1-1) - à peine masquée par la prestation colossale de son gardien Keylor Navas.
• La variable Mauricio Pochettino
C'est avec un nouveau guide que Paris tente de se frayer à nouveau un chemin vers la finale de la plus prestigieuse compétition européenne. Les clichés de Thomas Tuchel, attelle au pied, consolant Neymar sont déjà ceux d'une ère révolue. Depuis le mois de janvier, le nouveau patron se nomme Mauricio Pochettino. Embauché pour achever ce qu'il avait failli réussir avec Tottenham deux ans plus tôt (finaliste contre Liverpool en 2019), l'entraîneur argentin n'a eu que quatre mois pour prendre ses marques dans une équipe déjà bien engagée dans sa saison et c'est à lui de trouver la solution pour déboulonner la statue de l'ogre bavarois ce mercredi.
Pochettino va avoir fort à faire pour trouver la solution gagnante face à un adversaire largement favori sur le papier et contre lequel il garde un très mauvais souvenir. La seule fois où il a dirigé une équipe contre le Bayern Munich, elle s'est inclinée 7-2 en phase de groupes de la Ligue des champions, en l'occurrence Tottenham en octobre 2019 (un mois avant d'être limogé par les Spurs). Celle qu'il guide désormais depuis 20 matches s'est quant à elle déjà inclinée à quatre reprises en 2021 et ne convainc que très rarement, même quand elle s'impose.
S’il a été crédité dans la qualification contre le Barça au tour précédent, la défaillance collective des Catalans avait largement facilité les choses lors du match aller. A l'image de ses prédecesseurs (Blanc, Emery, Tuchel), il n'a pas réussi à garder un PSG conquérant au match retour en dépit d'un avantage conséquent. En vérité, l’influence de l’Argentin est encore à peine perceptible. Aligner Marco Verratti plus haut sur le terrain dans ses compositions d'équipe - surtout sur le papier - est le seul changement concret portant sa griffe depuis le mois de janvier. L'Italien ne sera d'ailleurs pas présent, touché par la Covid-19 comme son compatriote Alessandro Florenzi. Et c'est sans eux et sans Leandro Paredes que Pochettino va devoir trouver la solution.
• L'artillerie bavaroise privée de son canonnier en chef
Touché aux ligaments du genou droit avec la Pologne pendant la dernière fenêtre internationale, Robert Lewandowski sera le grand absent de cette double-confrontation. L'homme qui cumule 42 buts et 8 passes décisives - il est directement impliqué dans 43% des buts de son club (50/116) - en 36 rencontres cette saison va clairement manquer au Bayern Munich. L'attaquant polonais avait marqué lors de chacune de ses quatre dernières sorties en C1. Il était d'ailleurs absent lors du seul match où les Bavarois ont vacillé en Ligue des champions cette saison, lors du match nul 1-1 contre l'Atlético de Madrid le 1er décembre.
“Robert est un joueur important. Nous devons faire face à la situation et nous avons des joueurs qui peuvent jouer dans cette position. C'est un défi pour nous tous”, a déclaré son entraîneur Hans-Dieter Flick ce week-end. Le Bayern ne manque pas de solutions pour le remplacer. "Choupo-Moting en est une", a d'ailleurs confirmé d'ailleurs ce dernier. D'après la presse étrangère et L'Equipe, Serge Gnabry tenait la corde mais l'Allemand a été diagnostiqué positif à la Covid-19 ce mardi. Thomas Müller, Kingsley Coman, Jamal Musiala ou encore Leroy Sané seront, eux, présents pour représenter la meilleure attaque d'Europe (116 buts, soit 22 de plus que le PSG). Le Bayern restera redoutable mais avec une nouvelle stratégie et des repères moins évidents.
• La nouvelle fébrilité défensive du Bayern
Sa domination était aussi criante que ses défauts étaient absents en août. Le Bayern Munich a cependant perdu de sa superbe en 2020/21. Il reste légitimement le favori à sa propre succession en Ligue des champions. Rappelons que le club bavarois est invaincu sur ses 19 derniers matches. Mais cette saison sa fébrilité sur le plan défensif a très vite tranché avec l'impression laissée à Lisbonne, notamment à travers la défaite 4-1 contre Hoffenheim dès la 2e journée de Bundesliga. L'imbroglio autour de l'avenir de David Alaba et le rendement critiqué de Benjamin Pavard, notamment pointé par Bild à l'automne dernier, ont beaucoup fait parler.
En Ligue des champions, les hommes de Hans-Dieter Flick n'ont validé que deux clean sheets en huit rencontres (4-0 contre l'Atlético en octobre et 2-0 contre le Lokomotiv en décembre). Toutes compétitions confondues, ils ont encaissé 47 buts en 41 matches. Parmi les huit formations encore en lice en C1, seul le Borussia Dortmund fait pire. Quand Manchester City encaisse 0.55 but par match (Paris 0.72), le Bayern affiche un ratio de 1.14. A l'image de ses huitièmes de finale, il concède beaucoup d'occasions même contre des adversaires aussi maladroits que la Lazio (1 but encaissé à l'aller puis au retour). Sur la globalité de sa campagne européenne, Manuel Neuer aurait dû encaisser 10 buts d'après les Expected Goals (une statistique qui permet de mesurer le nombre de buts qui auraient dû être marqués en fonction de la qualité des tirs). Il n'en a laissé entrer que cinq au total.
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