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Jean-Pierre Caillot : "Le football est en crise et le passage à 18 clubs répondait à une demande du marché"

Le président du collège des clubs de Ligue 1 et du Stade de Reims se félicite de l'union affichée par le football français après le passage de la Ligue 1 à 18 clubs en 2023-2024.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims et du collège des clubs de Ligue 1 à la LFP. (PHILIPPE RENAULT / MAXPPP)

La Ligue 1 a officialisé, jeudi 3 juin, le passage de 20 à 18 clubs à partir de la saison 2023-2024. Au sortir de l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP) lors de laquelle la réduction du nombre de clubs dans l'élite a été votée (à 97,28% des voix), Jean-Pierre Caillot s'est confié pour franceinfo: sport. Le président du collège des clubs de Ligue 1 et du Stade de Reims se félicite d'une décision qui a fait consensus auprès de la majorité des clubs.

Franceinfo: sport : Le passage de la Ligue 1 à 18 clubs vient d'être officialisé. Quelle est votre première réaction ?
Jean-Pierre Caillot : Cela a montré que sur un sujet aussi clivant et sensible, les clubs étaient capables de s'entendre quelle que soit leur taille. J'y vois un bel exemple d'union puisque évidemment tout le monde n'était pas pour le passage à 18 clubs, tout le monde n'était pas non plus favorable aux quatre descentes et deux montées. Mais au final on a trouvé un terrain d'entente.

En tant que président du Stade de Reims, étiez-vous favorable à cette mesure ?
Non, j'ai toujours été partisan d'une Ligue 1 à 20 clubs parce que je pense que philosophiquement, pour les territoires et les publics, c'était quelque chose d'important. Mais j'ai laissé ma casquette de président du Stade de Reims pour me ranger à la volonté de mes collègues qui était de faire passer le championnat à 18. On est dans une crise et il faut en profiter pour se réinventer. À la demande des diffuseurs, d'un certain nombre de clubs, ce sujet devenait nécessaire. Mon rôle n'était pas d'imposer mes idées mais de collecter celles de mes confrères et de faire qu'il y ait un consensus commun. C'est ce qui est arrivé et j'en suis assez heureux.

Vous aviez pourtant déclaré dans une interview pour France Bleu Champagne-Ardennes que vous vous êtes "toujours battu" pour une Ligue 1 à 20 clubs. Pourquoi cette réforme s'est-elle finalement imposée ?
Parce que c'est la volonté de l'ensemble des clubs donc je me suis rallié à la majorité, c'est mon rôle. Et puis le contexte a changé, le football est en crise. On a aujourd'hui un problème qui est lié à la crise économique, qui est lié au Covid et à la défection d'un diffuseur (Mediapro). C'est une demande du marché de restreindre le format de nos compétitions. C'est aussi un moyen d'aider nos gros clubs à être plus performants dans les compétitions européennes puisqu'ils vont gagner quatre dates dans le championnat national. Il ne vous aura pas échappé que dans le calendrier international, il y aura plus de dates dans les nouvelles compétitions.

"C'est un signe envoyé par les petits et moyens clubs vers les grands clubs, en guise de solidarité."

Jean-Pierre Caillot

à franceinfo: sport

Avec l'objectif que leur possible réussite future dans les compétitions européennes découle globalement sur le football français ?
Effectivement, on n'est pas dans un microcosme mais dans une économie globale. Plus le football français performera sur la scène internationale, mieux ce sera pour nos clubs.

La crise sanitaire liée au Covid-19 et surtout la faillite de Mediapro ont-elles accéléré cette réduction à 18 ?
Oui, c'est aussi la réforme des compétitions internationales. C'est tout un ensemble de choses. Pendant vingt ans je m'y suis opposé, mais c'était dans l'air du temps depuis des années. Cela s'était produit juste avant la Coupe du monde de 1998, ce qui avait permis aux Français d'avoir des résultats plutôt brillants.

En tant que président de Reims, savez-vous ce que cela va changer économiquement pour votre club ?
Concrètement, ça fera déjà deux rencontres de moins à domicile donc une perte de recettes. Pour un club comme le Stade de Reims, ce sera une pression supplémentaire dans deux ans puisqu'il y aura quatre descentes. Même si on peut dire que tous les clubs sont concernés par la relégation, on sait aussi que certains clubs, de par leur statut ou leur taille, en sont préservés. Le Stade de Reims ne fait pas partie de cette catégorie.

"Pour le président, ce sera plus de pression mais c'est un challenge qui mérite d'être relevé."

Jean-Pierre Caillot

à franceinfo: sport

Justement, comment ces deux matchs à domicile en moins peuvent-ils toucher les clubs économiquement ?
C'est le futur qui nous le dira. Si cela peut permettre de valoriser nos droits TV en conséquence, ça compensera. L'exercice prochain restera neutre puisque le championnat se jouera à vingt. On aura un petit peu de temps pour s'adapter et c'était une demande de mes collègues.

Avez-vous senti un soulagement pour les clubs moyens de Ligue 1 et ceux de Ligue 2 de voir ce changement repoussé d'un an ?
Je ne dirais pas un soulagement mais c'était une demande forte. Il faut avoir en tête qu'au premier collège de Ligue 1, 17 clubs avaient voté pour un passage à 18 dont 9 qui souhaitaient qu'on se laisse du temps. Ceux qui voulaient passer en force étaient dans l'erreur. Cette situation crée un vrai consensus.

L'Équipe faisait état, jeudi 3 juin, de discussions animées de votre part avec le président du PSG Nasser al-Khelaïfi, quelle en était la cause ?
Vous savez, on n'est pas dans le monde des bisounours. Quand on discute et qu'on se bat dans l'intérêt général, on s'expose à des gens qui veulent des résultats plus rapides. Nasser [al-Khelaïfi] incarnait, avec un certain nombre de clubs, la volonté de passer très vite à 18. Ils ont de bonnes raisons mais moi, en tant que président du collège et non pas du Stade de Reims, je défends l'intérêt général. J'étais le porte-parole de la majorité des clubs qui voulaient un peu de temps.

Jeean-Pierre Caillot devant le siège de la LFP, le 1er février 2021. (FRANCK FIFE / AFP)

Comment ont réagi les clubs de Ligue 2 à ce passage à 18 mais aussi à ce recul d'un an dans l'application de la réforme ?
Je pense que ça a été accepté favorablement puisque tous les clubs moyens de Ligue 1 ou ceux de Ligue 2 souhaitaient avoir du temps pour se retourner. Ils avaient une autre demande, que le passage à 18 se fasse avec quatre équipes qui descendent alors que beaucoup de clubs de l'élite souhaitaient trois descentes avec un barrage. La Ligue 2 sait que la Ligue 1 est la locomotive du football. Les clubs ont pris une décision de sagesse.

Ce sont ces différents compromis qui vous rendent satisfait de la manière dont le sujet a été géré ?
Ma façon de voir la démocratie, c'est que chacun puisse donner son opinion. Elles peuvent être totalement divergentes et c'était le cas puisque le sujet est hyper clivant. C'est après des discussions, après des négociations qu'on doit trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. C'est ce qui est arrivé. C'est bien pour le football français de montrer une image d'union. Je fais partie de ceux qui déplorent l'image négative qui avait été donnée il y a quelques temps.

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