Un PSG pas franchement cocorico
Certains affirmeront que le onze 100% "étranger" du PSG résulte d'un concours de circonstances. Si Matuidi n'avait pas été ménagé (finalement entré à la 46e), si Rabiot et Digne avait plus d'expérience, si Menez était plus fort que Lucas... En réalité, ce ne sont pas tant des circonstances que des choix. Dimanche soir, après le match contre Lyon, Laurent Blanc avait réagi à propos de l'absence de joueurs français dans sa formation :"ça ne me gêne pas", avait confié le coach du PSG. "Quand il y en a cinq ou six (de français), il faut aussi le dire". Problème : le club de la capitale n'aligne jamais "cinq ou six joueurs français" dès le coup d'envoi, sauf lorsqu'il dispute des compétitions de moindres importances ou des matches sans enjeu. Et puis, Laurent Blanc a la mémoire courte : le recrutement de Lucas Digne et la confiance apportée à Rabiot en début de saison avaient été salués et perçus comme une volonté de pérenniser la présence de joueurs tricolores dans la formation du PSG. Mais l'absence de français dans l'équipe francilienne dimanche ne constitue pas une surprise pour autant.
Dans la suite logique du projet de QSI
Le fond d'investissement qatari n'a rien contre les Français. Simplement, conformément aux engagements pris lors de son arrivée dans l'actionnariat du club parisien, il veut batîr "la meilleure équipe possible". Et force est de constater, qu'à part Ribéry, Benzema et peut-être Pogba, la France ne compte dans ses rangs que peu de "top players", à savoir incontournables dans les plus grands clubs européens. Ainsi, rien d'étonnant à voir le PSG s'amouracher de joueurs étrangers. Parallèlement, au fil des ans, les joueurs français devenus des seconds couteaux (Bodmer, Sakho cet été) quittent la capitale, et Jallet, définitivement barré par le Batave Van Der Wiel, pourrait bientôt suivre.
Curieusement, c'est sous la coupe du Français Laurent Blanc que le PSG a établit ce nouveau record. Sous le règne de Carlo Ancelotti, Sakho, Menez et Jallet jouaient régulièrement. Le technicien italien n'avait jamais aligné moins de deux joueurs français au coup d'envoi.
Le PSG comme en Premier League
En 2003/2004, à l'occasion d'un match contre Auxerre, l'Olympique de Marseille alignait onze joueurs appelés par des sélections étrangères. Mais parce que l'un d'eux - Sylvain N'Diaye - posséde la double nationalité franco-sénégalaise, (et de fait, la nationalité française), l'OM ne peut pas être exactement considéré comme la première formation à titulariser une équipe exclusivement "étrangère".
Comme Chelsea en 1999, le PSG et QSI ont franchi une nouvelle étape ce dimanche soir. Les Blues, alors sous la coupe de Gianluca Vialli, étaient devenus la première formation anglaise à n'avoir titularisé aucun Britannique. Dix ans plus tard, en Mars 2010 Portsmouth et Arsenal ont chacun présenté onze footballeurs étrangers au coup d’envoi. Ce jour là, 15 nationalités étaient présentes sur la pelouse du Fratton Park, mais pas la moindre trace d'un joueur anglais. Un fait inédit, mais qui concrétise le tournant opéré par la Premier League dans les années 2000 : bien plus que la Série A, la Liga, ou la Bundesliga, le championnat anglais est devenu international. Lors de la première journée de la saison 2013/2014, seul un tiers des joueurs alignés d'entrée de match étaient de nationalité anglaise (33,6%). Ils étaient 73,1% quand la Premier League a vu le jour en 1992/1993. Les raisons de ce désamour pour le joueur anglais ? Il est cher, et le vivier local a tendance à s'appauvrir.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : aucun des clubs du top 6 (Liverpool, Chelsea, Arsenal, Tottenham, Manchester City, Manchester United) n'ont recruté de joueurs anglais lors du mercato 2013/2014. La Ligue 1 peut-elle négocier le même tournant ?
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