Transferts OM : un coup de filet sans conséquence ?
Pour l'heure, aucune poursuite n'a été engagée contre ces personnes, parmi lesquelles les présidents successifs du club, Pape Diouf, Jean-Claude Dassier et Vincent Labrune, entendus à Marseille et Nanterre (région parisienne), a-t-on indiqué de source judiciaire, précisant que le club marseillais semblait "plutôt victime" de cette affaire. "Je n'ai absolument rien à me reprocher. On n'a rien à me reprocher. Ceux qui m'interrogeaient étaient plus gênés que moi", a ainsi affirmé M.Diouf, lors d'une conférence de presse à Marseille. Selon la source judiciaire, la quinzaine de personnes - dirigeants, personnels et intermédiaires de l'OM - placées en garde à vue mardi ont toutes été remises en liberté, mais "l'enquête financière se poursuit" et s'oriente notamment "sur de possibles faits d'extorsions" et aussi sur "des individus proche du Milieu" régional. Les policiers ont effectué "un gros travail sur les comptes et des flux financiers suspects depuis 2012" faisant apparaître "des choses troubles", a-t-on encore indiqué. L'enquête montre une certaine "porosité entre des agents de joueurs respectables et des agents qui le sont moins". Cette profession et ces multiples intermédiaires pourraient être prochainement la cible des investigations du juge Christophe Perruaux, a-t-on poursuivi: "Le juge s'intéresse à des transferts sur lesquels il y a des doutes sur la réalité du prix payé ou des facturations."
L'ombre du Milieu
Les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), saisie sur commission rogatoire du juge d'instruction marseillais, soupçonnent qu'il y aurait eu, à l'occasion de transferts d'importance, des commissions et rétro-commissions "dans lesquelles des membres du Milieu apparaissent". Une information judiciaire avait été ouverte pour "extorsion de fonds, blanchiment et association de malfaiteurs" en octobre 2011 après un signalement du parquet. Un réquisitoire supplétif, pour abus de biens sociaux, a récemment été ouvert.
Le transfert de l'attaquant international André-Pierre Gignac, de Toulouse à Marseille, en 2010, est notamment dans le collimateur des enquêteurs de même que les conditions de transfert de Souleymane Diawara de Bordeaux au club marseillais en 2009, ou encore Mamadou Niang et Lucho Gonzalez. Des perquisitions ont déjà eu lieu au siège de l'OM voici quelques mois au cours desquelles des documents ont été saisis. Mardi, les locaux marseillais de l'agent Jean-Luc Barresi ont été à leur tour perquisitionnés. Lors de perquisitions au siège du club, en janvier 2013, une source proche de l'enquête avait avancé que le dossier serait lié à celui sur le racket de boîtes de nuit d'Aix-en-Provence, pour lequel le caïd corse Jacques Mariani avait été condamné en février 2012 à sept ans de prison.
Le métier d'agent en question
Le nom d'un agent de joueur, Christophe d'Amico, par ailleurs professionnel du monde de la nuit aixoise, avait également été cité. D'Amico a été condamné en novembre 2013 à 4 ans de prison dont deux avec sursis dans un procès sur le racket des boîtes de nuit aixoises par le Milieu. "Les auditions de ce jour s'inscrivent dans un travail d'investigation entamé il y a près de deux ans portant notamment sur les conditions autour d'anciens transferts de joueurs", avait commenté mardi l'OM dans un précédent communiqué, assurant que ses dirigeants "n'ont cessé de collaborer avec la justice" depuis lors. Dans des propos apparaissant prémonitoires, Vincent Labrune avait détaillé à l'Equipe, dans une interview recueillie le 12 novembre, mais publié jeudi, le fonctionnement des transferts de joueurs. "Quasiment systématiquement, on se retrouve avec, en face de nous, plusieurs personnes, les parents, les agents ou une autre catégorie en développement qui sont les collaborateurs d'agents", avait-il souligné. "Aujourd'hui, la plupart des mecs qui ont des licences sont des couvertures pour d'autres", avait-il affirmé au quotidien sportif, dénonçant "une grande forme d'hypocrisie".
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