Série d'incidents liés à des supporters en Ligue 1 : "Il y a eu une forme d'impréparation" des clubs de foot, analyse un sociologue du sport
Le retour dans les stades est "l'occasion de se relancer dans une compétition entre les groupes de supporters", analyse Patrick Mignon, responsable du laboratoire du sport de l'Insep.
"Il y a eu sans doute une forme d'impréparation" des clubs de foot, analyse sur franceinfo ce jeudi 23 septembre, Patrick Mignon, responsable du laboratoire de sociologie du sport de l'Insep, après les multiples incidents en Ligue 1 liés à des supporters depuis la reprise de la saison.
Dernier en date : ce mercredi 22 septembre, des marseillais ont lancé des fumigènes et se sont introduits sur la pelouse du stade d'Angers. Deux supporters ont été interpellés, a annoncé jeudi 23 septembre le procureur de la ville. Tandis que 16 personnes ont été blessées dans des échauffourées à Montpellier, avant le match face à Bordeaux mercredi 22 septembre.
franceinfo : Faut-il parler d'une vraie montée de violence dans les stades ?
On est plutôt revenu à la période d'avant le confinement, les supporters, les ultras, en partie, attendaient un redémarrage de la saison 'en vrai', c'est-à-dire avec des déplacements, avec des joueurs, des matchs... Des possibilités de rencontres avec les autres supporters. Une manière aussi de se situer par rapport à leur club parce qu'il y avait des gros conflits auparavant, il y en a eu pendant le confinement et donc il y a eu sans doute une forme d'impréparation à ces derbys. Les supporters un peu radicalisés ou extrémistes voient là l'occasion de se relancer dans une compétition entre les groupes de supporters et avec les autorités, qu'elles soient sportives ou les autorités d'État. Il y a une accumulation ces derniers temps qui correspond à un enthousiasme du retour sur les terrains et dans les tribunes, et qui renvoie à une situation antérieure. Au niveau des clubs, on a un peu oublié qu'il y avait les supporters et un potentiel retour de la frange la plus ultra radicale.
Des actes qui sont jugés désastreux pour l'image du foot. Quelles solutions face à cela ? Faut-il des peines individuelles ou sanctionner les clubs ?
Les peines individuelles existent, c'est mieux que les peines collectives contre les groupes de supporters, cela crée de la solidarité entre eux. La question, c'est de savoir qui s'occupe des supporters : en France, on a l'impression que les supporters ne font pas partie du football. On renvoie les incidents sur l'État, sur la police. Si on prend l'exemple d'autres pays, on s'aperçoit qu'en Allemagne, la Bundesliga est partie prenante d'une politique sur le supportérisme. Avec deux volets, le volet répression des pratiques délictueuses, et en même temps un gros programme de prévention qui permet de bien connaître les supporters de la ville ou d'un club.
L'arsenal juridique est-il suffisant en France ?
Il me semble qu'on a eu plusieurs lois sur le supportérisme qui définissent un certain nombre de mesures. On a même une mesure qui est l'interdiction administrative de stade. On a vraiment un arsenal qui existe. La question réside dans une vraie réflexion sur les attentes autour d'une politique liée aux supporters. Les plus extrêmes ne sont pas les seuls à être concernés. Comment est-ce qu'on s'attache à avoir des comportements attendus, de la ferveur, de la passion, mais pas de violence.
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