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PSG-OM, choc de cultures

Le PSG de Laurent Blanc évolue la plupart du temps avec un seul joueur français sur la pelouse (Blaise Matuidi le plus souvent). Au contraire, l’OM aligne une équipe type composée de nombreux sélectionnables en équipe de France. Un contraste qui s’explique par les moyens des deux clubs et leurs ambitions respectives.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Le 8 août 2003, l’Olympique de Marseille avait aligné la première formation sans aucun joueur hexagonal. Certains possédaient certes la double nationalité (le Franco-Ivoirien Abdoulaye Maïté, le Franco-Algérien Brahim Hemdani, ou les Franco-Sénégalais Habib Beye et Sylvain N’Diaye) mais aucun titulaire de ce match estival contre Auxerre ne pouvait postuler sous le maillot bleu frappé du coq*.

Aucun joueur français contre Lyon

Le 1er décembre dernier contre Lyon au Parc des Princes**, Laurent Blanc a fait la même chose qu’Alain Perrin en lançant un onze de départ composé uniquement de joueurs étrangers pour un succès sans appel (4-0). Ce soir-là, un Paris latino (avec quatre Brésiliens, trois Italiens, un Argentin, un Uruguayen, un Suédois et un Batave) avait régalé les supporters du PSG. Moins Jean-Michel Aulas qui avait regretté l’absence de joueurs français au coup d’envoi.

Aujourd’hui, le club de la capitale est devenu une multinationale. Il veut gagner, gagner tout de suite et bientôt tout gagner. Il ne se préoccupe pas de savoir si une frange de ses fans déplore le manque d’ancrage local pourtant annoncé comme un objectif des propriétaires qataris. Sur la très grande majorité des rencontres importantes disputées par le PSG (en Ligue des champions et en Ligue 1), le seul Tricolore à s’être imposé se nomme Blaise Matuidi. L’ancien Stéphanois n’a pas été lésé par le remplacement de Carlo Ancelotti par Laurent Blanc, contrairement à certains de ses partenaires.

Huit Français à l'OM contre Lorient

Depuis que l’ancien coach de Bordeaux a pris les rênes du plus gros effectif de France, les Gameiro, Sakho, Chantôme et autres Armand ou Bodmer ont été contraints de quitter les lieux. Christophe Jallet, Jérémy Ménez, Adrien Rabiot et Zoumana Camara jouent les bouche-trous quand Blanc décide de reposer certains éléments indiscutables. L’arrivée de Yohan Cabaye a à peine modifié cet état de fait vu que l’ancien Lillois remplace parfois Matuidi.

A l’inverse, l’OM a choisi de faire confiance à la fine fleur des jeunes talents français en devenir. Un choix audacieux qui ne paye pas pour le moment puisque les Phocéens comptent 18 longueurs de retard au classement avant de défier le grand rival dans son antre, dimanche. Marseille a battu Lorient samedi (1-0) avec pas moins de huit joueurs français à l’entame du match (Mandanda, Fanni, Morel, Cheyrou, Payet, Valbuena, Gignac, Thauvin). Même quand José Anigo remplace Cheyrou par l’international Togolais Alexys Romao, les Olympiens comptent une vraie ossature nationale.

L'OM tente de copier Dortmund

Ce choix est à la fois subi et volontaire. Subi parce que l’OM ne peut pas suivre le PSG et Monaco, et se payer des stars confirmées qui valent beaucoup trop cher. Volontaire parce que cette politique de rajeunissement de l’effectif est assumée. Les dirigeants provençaux ont fait le pari de recruter des joueurs prometteurs, avec un potentiel certain, qu’ils pourront revendre dans quelques temps pour renflouer les comptes et racheter d’autres éléments en devenir afin de pérenniser un système qui a fait ses preuves, à Dortmund par exemple.

Robert Louis-Dreyfus rêvait il y a 15 ans de faire de l’OM le Bayern du Sud. Le club phocéen n’a pas les moyens financiers pour rivaliser avec les ténors du continent parmi lesquels le rival parisien. Les footballeurs évoluant sous le maillot bleu et blanc sont bons mais pas excellents. Les internationaux français les plus côtés (Lloris, Varane, Pogba, Ribéry, Benzema voire Giroud) appartiennent tous à des grands clubs étrangers et Marseille ne peut espérer en rapatrier aucun.

Le PSG peut se payer Pogba ou Varane

Au contraire du Paris-Saint-Germain qui vise (au moins) Paul Pogba après avoir fait signer Cabaye lors du mercato d’hiver. La surface financière des patrons du champion de France permet au PSG de pouvoir concurrencer à terme (mais pourquoi pas dès cette saison) les cadors que sont le Bayern, Chelsea, le Real ou le Barça. Voilà pourquoi Paris ne recrute pas (beaucoup) français. Il n’y a pas pléthore de talents hexagonaux sur le marché et le club francilien n’a pas le droit de se rater s’il veut concrétiser ses objectifs (gagner le championnat, la Coupe de la Ligue et atteindre au minimum le dernier carré de la C1).

Pour l’OM, c’est plus facile de recruter en France. C’est surtout malin, pour peu que les espoirs (et l’argent) placés en Benjamin Mendy, Giannelli Imbula, Mario Lemina ou Florian Thauvin puissent être réinvestis ensuite pour aider à développer le club. Dimanche soir au Parc, deux logiques vont donc s’affronter. Celle de l’ambition au plus haut niveau incarnée par une équipe internationale qui s’en fiche de triompher sans Français (le PSG), et celle de l’aspiration d’un avenir progressivement meilleur affichée par une formation très française (l’OM) avec ce que ça comporte de limites immédiates. Sur un match, Marseille peut contrecarrer les desseins de Paris. Sur une saison, c’est perdu d’avance.  

*L’équipe de l’OM alignée contre Auxerre le 8 août 2003
Vedran Runje (Croatie) – Habib Beye (Sénégal), Daniel Van Buyten (Belgique), Abdoulaye Méïté (Côte d’Ivoire), Brahim Hemdani (Algérie) – Sylvain N’Diaye (Sénégal), Fabio Celestini (Suisse), Stepan Vachousek (Rep. Tchèque), Dmitri Sytchev (Russie) – Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Mido (Egypte) 
**L’équipe du PSG alignée face à Lyon le 1er décembre 2013
Salvatore Sirigu (Italie) – Grégory Van der Wiel (Pays-Bas), Alex (Brésil), Thiago Silva (Brésil), Maxwell (Brésil) – Thiago Motta (Italie), Verratti (Italie), Pastore (Argentine) – Cavani (Uruguay), Ibrahimovic (Suède), Lucas (Brésil).

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