Places européennes, relégation, promotion, comment en finir avec la saison de Ligue 1 ?
► La fin de saison sifflée par le gouvernement ?
Ce mardi, Edouard Philippe a dévoilé devant les députés les premières mesures du plan de déconfinement progressif. Le Premier ministre prévoit la fin des restrictions pour la pratique d'activités sportives individuelles à partir du 11 mai. Cependant, les sports collectifs ou de contact vont rester à l'arrêt. "Pour donner aux organisateurs d’événements de la visibilité, je veux préciser que les grandes manifestations sportives (...), tous les événements qui regroupent plus de 5 000 participants et font à ce titre l'objet d'une déclaration en préfecture et doivent être organisés longtemps à l'avance, ne pourront se tenir avant le mois de septembre", a déclaré Edouard Philippe. Le chef du gouvernement s'est d'ailleurs montré très clair. Pour lui, les saisons de sport professionnel "et notamment celle de football (...) ne pourront pas reprendre".
Si le Ministère des Sports a temporisé dans la foulée, laissant aux ligues la possibilité "de terminer leur saison au mois d'août", la tendance est clairement à un arrêt définitif de l'exercice 2019/20. Ce seul mois ne suffira pas à disputer les dix journées manquantes, d’autant que le début de la prochaine saison est fixé au 23 août. Noël Le Graët a acté de son côté la fin de la saison de football professionnel dans une interview accordée au Télégramme. Le président de la FFF met clairement la pression sur la LFP, qui reste l'instance décisionnaire. Cette dernière a "pris acte" des déclarations du Premier ministre et ne statuera que jeudi, car c’est elle et elle seule qui peut officialiser la fin de la saison.
►Le Paris Saint-Germain sera-t-il titré ? Quid de la C1 ?
Solidement installé en tête de la Ligue 1 avec 12 points d’avance (et un match en moins) sur l’Olympique de Marseille, le PSG n’est pas assuré de décrocher un 9e titre de champion de France. Le sort du club de la capitale est suspendu à la décision de la LFP. Si la saison est arrêtée à la 28e journée, l’instance pourrait se prononcer en faveur d’une saison blanche, dépourvue de vainqueur. C’est l’option qui a été choisie aux Pays-Bas notamment. L’Ajax Amsterdam ne sera pas couronné. Mais, la physionomie est totalement différente en Eredivisie. Le demi-finaliste sortant de la Ligue des Champions n’étaient leader que grâce à une différence de buts supérieure à l’AZ Alkmaar. A neuf journées de la fin de la saison, rien n’était fait.
Dans les trois scénarios étudiés par la LFP ces dernières semaines en cas d’arrêt de la saison, l’idée d’une saison blanche ne transparaît jamais. L’idée d’arrêter la saison à ce stade et d’appliquer les règlements prévus est en tout cas soutenue par Noël Le Graët, dont l’influence sur le football français n’est plus à prouver. Mais, à l’heure actuelle, rien n’est fait. Le PSG reste dans le flou, dans le même flou qui enveloppe ses deux finales de Coupe de France et de Coupe de la Ligue mais surtout son avenir en C1. Toujours en lice après avoir éliminé le Borussia Dortmund en huitièmes de finale, le club de la capitale ne pourra donc pas accueillir de match dans son antre avant au moins le mois d’août (dans le meilleur des cas). Son président Nasser Al-Khelaïfi se dit en tout cas “prêt à jouer à l’étranger” pour continuer le parcours européen.
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► Marseille et Rennes en C1 ?
Il y a à peine une semaine, l’UEFA a exhorté les clubs des championnats européens à privilégier “le mérite sportif” pour désigner ses prochains représentants en Ligue des Champions et en Ligue Europa. L’instance européenne a balayé la possibilité de s’en tenir aux coefficients européens, mais elle n’a dévoilé pas le moindre critère concret. La LFP va devoir décider à quel moment figer le classement du championnat de France. En l’état avec un quotient au nombre de points par match ? A la dernière journée complète disputée ? A la fin de la phase aller ?
Il n’y aura de toute façon pas de litige pour les places en C1. Quelle que soit l’option choisie parmi les trois sur la table, Paris (1er), Marseille (2e) et Rennes (3e) se situent à chaque fois à la même place. Le PSG enchaînerait une neuvième participation consécutive quand l’OM retrouverait le plus niveau européen après avoir manqué les six dernières éditions. En se dirigeant vers un tour préliminaire, le Stade Rennais s’offrirait une drôle de première en Ligue des Champions.
►Lille seule équipe assurée de Ligue Europa ?
Tout se corse quand il s’agit de réfléchir aux places pour la Ligue Europa. Lille ne se fera pas trop de soucis, sachant que le club nordiste occupe la 4e du classement dans chacun des trois scénarios. Mais, derrière, la concurrence risque d’être âpre entre Reims, Nice, Montpellier, Lyon et Nantes. La pandémie de Covid-19 va laisser des traces et les revenus liés à une participation à la C3 seront forcément bienvenus.
Partons du principe que la 5e et la 6e places seront qualificatives pour la Ligue Europa 2020/21, à défaut de vainqueur de coupe. Dans le cas où le classement est établi au nombre de points par match joué, c'est Reims (1.46) et Nice (1.46) qui rejoindraient Lille (1.75) en C3 la saison prochaine. Mais si l’on arrête la L1 à la 27e journée (la dernière disputée en intégralité), ce sont Lyon et Montpellier qui récupèrent les deux places convoitées. La dernière option, qui consiste à arrêter le championnat à la fin de la phase aller, offrirait un sésame à Reims et à Nantes…
►Deux montées et deux descentes ?
Si la Ligue Europa représente une potentielle entrée d’argent pour certains, d’autres clubs sont dans une situation autrement plus préoccupante, peut-être vitale. Ceux concernés par une éventuelle relégation pourraient subir un deuxième coup de couteau après l’interruption de la saison. Montées et descentes devraient bien être prononcées. C’est bien cette logique qui a été appliquée aux divisions amateures. Noël Le Graët verrait d’un mauvais œil un contre-pied de la LFP. Encore une fois, la saison blanche ne tient pas la tête. L’hypothèse d’une Ligue 1 à 22 avec un gel des descentes et des promotions n’est a priori qu’une idée en l’air.
Les déclarations d’Edouard Philippe ont en tout cas remis en question la tenue des barrages d’accession. Si la saison 2019/20 est strictement arrêtée, il n’y aura pas de playoffs entre les 3e, 4e et 5e de Ligue 2 puis une confrontation avec le 18e de Ligue 1, comme prévu initialement. La logique voudrait donc que la LFP table sur deux descentes et deux promotions, établies en fonction d’un des trois scénarios étudiés. Toulouse est condamné à chaque fois. Au nombre de points par match, c’est Amiens (0.82) qui accompagnerait le TFC en deuxième division. Même chose si l’on s’en tient à la fin de la 27e journée de L1. Mais s’il est décidé de ne garder que la phase aller, c’est Nîmes qui descendrait. Dans l’autre sens, Lorient et Lens feraient leur retour dans l’élite quel que soit le scénario choisi.
Plusieurs réunions et assemblées générales sont prévues avant une décision définitive. Contenter tous les présidents de Ligue 1 devrait être chose impossible. Si la LFP a décidé de communiquer sans entériner quoi que ce soit mardi soir, elle sait qu'une décision prématurée pourrait provoquer un tollé. Aux Pays-Bas, face à une importante levée de boucliers, les instances pourraient déjà revenir sur la saison blanche actée cinq jours plus tôt.
Constatant l'impossible unanimité, France tv sport a lancé une consultation dimanche auprès de ses lecteurs (voir-ci dessus). Sur un total de 1800 votants, vous êtes 29% à privilégier un gel des classements actuels ; de très peu devant l'idée d'une saison blanche (27%) et un gel du championnat à la 27e journée (25%). Et vous êtes 19% à vous prononcer en faveur d'une reprise coûte que coûte de la saison 2019/20.
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