OL : tout doit disparaître ?
Il est des chiffres qui parlent. Depuis deux saisons, Lyon n'a plus les moyens de ses ambitions. Aux relatifs déboires sportifs se sont ajoutés des déficits chroniques. Oui, l'OL est dans le rouge. Dans un rapport publié en avril dernier par la LFP sur les résultats financier des clubs de Ligue 1, Lyon figurait en dernière position avec un déficit de 28 millions d'euros. Malgré une nouvelle qualification pour la Ligue des champions en 2010-2011 (la douxième de suite), les comptes ne suivaient déjà plus. La faute au financement du futur grand stade et à des choix de recrutement hasardeux. La 4e place obtenue sur le terrain en mai dernier constitue un nouveau revers pour le club rhodanien qui va enchaîner un nouvel exercice comptable en négatif. Selon les estimations parues dans L'Equipe du 28 août, Lyon doit éponger un déficit d'environ 10 M. Dans un communiqué, OL group, dont l'action est passée de 24 à 2,83 , maintient son cap économique vers une réduction drastique de sa masse salariale et vise un "retour à l'équilibre d'exploitation structurel". D'où ce mercato très chargé dans le sens des départs en vallée du Rhone. Bison futé a vu rouge et ses prévisions tendent vers une poursuite de l'exode hors des frontières. Depuis l'ouverture du marché des transferts, l'OL s'est ainsi séparé de Källström (3M), Cissokho (6M), Belfodil (2,5 M), Ederson (fin de contrat), Pied (échange avec le Niçois Monzon) et s'active pour vendre Lloris (Tottenham ?), Bastos (Al-Aïn) et Gomis (Angleterre ?). Quant à Cris, son avenir à OL Land s'écrit en pointillé. Bref, Lyon dégraisse à tout va dans l'espoir d'épurer ses dettes et surtout d'alléger une masse salariale importante.
La bascule des transferts
Jean-Michel Aulas et son conseiller Bernard Lacombe auraient-ils perdu leur flair pour les affaires ? Il est déjà loin le temps des petites emplettes et des grosses plus-values. En 2005 Essien avait été vendu 38 M à Chelsea alors qu'il n'avait coûté que 11,75 M. Idem pour Diarra au Real Madrid (acheté 3,8 M et vendu 26 M) ou Abidal à Barcelone (8,5 M / 14 M). Dans la dernière partie de sa glorieuse époque, l'OL avait commencé sa mutation vers les modèles anglais ou espagnols. A l'image des grands clubs de Premier League et de Liga, Lyon s'est mis à payer au prix fort des joueurs dont le potentiel était plus grand que leur talent. Au risque de ne pas confirmer "Victime" de son standing et du désir d'avenir de son président, l'OL a peut-être vu trop grand. La roue s'est inversée et il faut désormais vendre à perte les Cissokho (acheté 15 M et vendu 6), Bastos (18/9 ?) ou encore Gomis (15/8 ?) comme l'avait été l'Ivoirien Kader Keita, acheté 18 M et revendu à Galatasaray 8,5 M. Hormis Lisandro, plus gros transfert du club avec 24 M l'an dernier, Lyon joue la carte du low cost. Le cas de Steed Malbranque est révélateur. Sans club depuis son passage éclair à St-Etienne, le milieu de 32 ans est revenu dans son club formateur avec un salaire qu'on dit indexé sur le nombre de matches joués.
La fin des ambitions ?
Bien entendu, ces départs ne sont pas sans affaiblir le club qui ne joue déjà plus dans la même cour que le PSG et Lille, voire Monaco si celui-ci continue sa remontée vers la Ligue 1. L'absence de Ligue des champions pèse dans les comptes, dans la pouvoir d'attraction de l'OL et dans sa capacité à conserver ses stars. C'est le cas d'Hugo Lloris, sauveur des Gones en bien des occasions et qui n'a pas connu les honneurs d'un titre champion de France. Apparu lassé par les errements de sa défense la saison dernière, il ne serait pas insensible à un départ vers l'étranger, même sans C1. "La décision appartient à Hugo qui va être sollicité, je pense, par Tottenham très prochainement, a indiqué JMA qui pourrait récupérer 15 M. Les positions se sont rapprochées entre clubs. L'ambition d'Hugo doit passer par sa conviction d'aller là-bas, de trouver les conditions d'une évolution conforme à ce qu'il avait à Lyon, de la sécurité et la possibilité d'être visible sportivement sur le plan européen." Si le gardien des Bleus file à l'Anglaise, ce sera un message très fort dans l'hexagone. Les Gones ne sont plus dans la course au titre. Même si le sacre de Montpellier est là pour rappeler que les miracles sont possibles en sport, le budget reste un élément déterminant dans la réussite sportive. Avec un effectif remodelé et sans relief, Lyon n'aura pas les moyens de sa reconstruction. Pas tout de suite. C'est un aveu terrible d'impuissance et les premiers signes d'une gestion hasardeuse de Jean-Michel Aulas, coupable d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Lyon, comme tous les autres clubs de foot, évolue sur un fil très mince tel un funambule. La moindre contre-performance est une bourrasque qui pousse l'équilibriste vers le vide. En manque de liquidité, l'OL va redevenir un club normal.
Retour à la case formation
En France, la bouée de sauvetage des clubs s'appelle formation. Ce savoir-faire a longtemps été la force de Lyon. Du temps de leur splendeur, les Rhodaniens pouvaient compter sur une usine à champions d'où sont sortis les Benzema, Ben Arfa, Lacazette, Gonalons. Faute de moyens et pour combler les placards vacants du vestiaire, l'OL veut remettre la formation au premier plan. Son objectif est clairement annoncé dans son relevé économique de juillet dernier : "Le Conseil dAdministration maintient son objectif prioritaire, pour la saison 2012/2013, de réduction significative du nombre de contrats joueurs (cessions et fins de contrats), couplé à une intégration volontariste de jeunes joueurs talentueux issus du centre de formation. ( ) Cette stratégie de capitalisation sur un effectif professionnel jeune et talentueux permet au Groupe de maintenir des ambitions sportives élevées, visant un retour en Champions League dès la saison 2013/2014." Jean-Michel Aulas et son entraîneur Rémi Garde entament donc un nouveau cycle en faisant une croix sur le court terme. Les deux hommes veulent redonner du souffle au vestiaire lyonnais. « Les opérations (transferts, ndlr) quon réalise sont conformes à nos dires. On voulait changer létat desprit. Mon coup de gueule (« Je ne veux plus de dinosaures de vestiaires », Le Progrès du 5 juillet, ndlr), je lai poussé en concertation avec Rémi Garde et Bernard Lacombe. Les joueurs ont bien réagi, on le voit aujourdhui, ils saluent leurs supporters, sont sérieux, sortent moins, donnent une bonne image. On a changé de ton, Rémi Garde est moderne dans son approche et rigoureux, non pas en leur tapant dessus, mais en faisant respecter ses principes. Certains départs vont permettre à une belle génération de jeunes joueurs de sexprimer. » Si ce relooking fonctionne, l'OL pourrait de nouveau être candidat au titre lors de la livraison de son stade programmée au début de la saison 2015/16. Lyon pourra-t-il attendre quatre ans ?
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