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Le PSG a-t-il vraiment intérêt à garder Ibrahimovic ?

Alors qu’il discute de son avenir avec son président Nasser Al-Khelaïfi, Zlatan Ibrahimovic alimente les rumeurs d’un départ depuis plusieurs semaines. Jusqu’ici, le PSG a toujours clamé son souhait de conserver l’attaquant suédois jusqu’en 2016, terme de son contrat. Mais le club de la capitale pourrait avoir la tentation de vendre un joueur de 33 ans, au physique plus fragile, aux performances en légère baisse et au salaire colossal.
Article rédigé par franceinfo
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Zlatan Ibrahimovic (PSG), lors de la saison 2014-2015. (? GONZALO FUENTES / REUTERS / X02443)

Depuis qu’il s’est offert un doublé face au Monténégro (3-1), dimanche, Zlatan Ibrahimovic est officiellement en vacances. Elles ont commencé à Doha. D'après L'Equipe et Le Parisien, l’attaquant du PSG y rencontre ce mardi son président Nasser Al-Khelaïfi. Au cœur de leur discussion : l’avenir du Suédois, annoncé avec insistance de retour à l’AC Milan par la presse italienne. Pour l’heure, les dirigeants parisiens martèlent qu’ils n’ont pas l’intention de céder leur star, sous contrat jusqu’en juin 2016. Ils ont effectivement des arguments de choix pour prendre une telle position. Mais ils auraient aussi des raisons objectives de vouloir céder un joueur de 33 ans, qui arrive inexorablement au crépuscule de sa carrière. Nous avons tenté de les recenser.

POURQUOI PARIS DOIT CONSERVER IBRA

1. Parce qu'il va devenir le meilleur buteur du PSG

Encore un effort. Un tout petit effort, et Zlatan Ibrahimovic détrônera Pedro Miguel Pauleta. En clair, le géant suédois n’est qu’à trois unités du renard portugais.

Les meilleurs buteurs de l’histoire du PSG :

Pedro Miguel Pauleta : 109 buts
Zlatan Ibrahimovic : 106
Dominique Rocheteau : 100
Mustapha Dahleb : 98
François M Pelé : 95
Safet Susic : 85
Rai : 72
Carlos Bianchi : 71
Guillaume Hoarau : 56
Edinson Cavani : 56

Le rendement d’Ibra en dit long sur la place qu’il occupe déjà dans l’histoire du club parisien : 106 buts en 128 matches de 2012 à 2015. Quand Pauleta, lui, a eu besoin de 211 matches et cinq saisons pour signer son record de 109 buts.

Conserver Ibrahimovic au moins une saison de plus, c’est s’assurer la présence d’une terreur des surfaces. Et lui offrir une place au sommet du panthéon parisien. Car les trois réalisations qui le séparent de Pauleta, il les avalerait en deux temps trois mouvements.  

2. Parce qu'il incarne le projet de QSI

Quand, en juillet 2012, les dirigeants qataris l’ont fait venir de Milan, c’était avec cette obsession : en faire la tête de gondole de leur projet XXL, déclinée sous le slogan « Rêvons plus grand ». Aujourd’hui encore, personne n’incarne mieux qu’Ibra ces rêves de grandeur. L’ancien attaquant du Barça et de l’Inter Milan est une star de la planète foot. Une star mondialement connue. Qui donne une aura internationale à son projet. Qui fait vendre des maillots. Qui cultive l’image de Paris.   

3. Parce que sa vente ne serait pas une si bonne affaire financière

Se séparer d’Ibra, c’est, sur le papier, réaliser une économie substantielle dans sa masse salariale : à Paris, le natif de Malmö touche 16 millions d’euros bruts par saison. Le vendre maintenant, un an avant le terme de son contrat, reviendrait donc à économiser 16 millions ? Pas si simple. D’abord parce que la renégociation signée en 2013 prévoit une baisse significative de ses revenus pour son ultime saison, 2015-2016. Le Parisien avance dans son édition du jour un rabais de 20%. Soit quelque 3,2 millions d’euros.

Une telle économie ne serait évidemment pas négligeable dans un contexte où le Fair-play financier limite la marge de manœuvre du PSG sur le marché des transferts. Mais elle n’aurait rien du remède miracle : pour pérenniser son projet, Paris aurait besoin d’une autre star mondiale. Un Cristiano Ronaldo, un Lionel Messi ou un Neymar… Des pointures inaccessibles.

POURQUOI PARIS POURRAIT ÊTRE TENTÉ DE S'EN SÉPARER

1. Parce qu'il est proche de la fin

Le 3 octobre prochain, Zlatan soufflera ses 34 bougies. L’argument de l’âge est d’autant plus valable quand il s’agit d’un attaquant, dont le déclin physique s’accompagne souvent d’un déclin statistique. Un simple coup d’œil dans le rétro suffit pour s’en convaincre : la saison qui vient de s’achever fut pénible pour Ibra. Elle a été rythmée par des pépins physiques et des suspensions. Cela ne l’a pas empêché de claquer 30 buts toutes compétitions confondues, et de garder une efficacité des plus honorables pour un joueur de sa trempe.

Son rendement en Ligue 1 depuis qu'il est à Paris :

2012-2013 : Un but toutes les 99 minutes
2013-2014 : Un but toutes les 106 minutes
2014-2015 : Un but toutes les 105 minutes

Problème : il a joué nettement moins de matches avec le PSG : seulement 37 entre début août et fin mai. Soit neuf de moins que lors de ses deux premières années parisiennes.

Nombre de minutes jouées avec le PSG :

2012-2013 : 4081 minutes
2013-2014 : 3742 minutes
2014-2015 : 3106 minutes

Pour Laurent Blanc, la chute de son temps de jeu est un indicateur. Presque un signal d’alarme. S’il veut effectivement grandir en Ligue des champions, Paris a besoin de toutes ses forces vives aux moments clés. Il ne peut plus se permettre de jouer sans Ibra, comme ce fut le cas au Camp Nou, chez le Barça, en quart de finale retour.

2. Parce qu'il n’est jamais resté plus de trois ans

Ibrahimovic a beau crier haut et fort qu’il restera une quatrième saison à Paris, son passé de joueur est moins catégorique. Il serait même de nature à le pousser vers la sortie : depuis ses premiers pas professionnels en 1999, à Malmö, il n’a jamais passé plus de trois saisons dans un club.

Sa carrière de club :

Malmö FF : 1999-2001
Ajax Amsterdam : 2001-2004
Juventus Turin : 2004-2006
Inter Milan : 2006-2009
FC Barcelone : 2009-2010
AC Milan : 2010-2012
Paris-SG : depuis 2012

3. Parce qu'il prend toute la place en attaque

Sous les ordres de Carlo Ancelotti comme sous ceux de Laurent Blanc, Zlatan occupe la pointe de l’attaque parisienne. Et même un peu plus : sa propension à redescendre au milieu pour toucher le ballon en fait un buteur-organisateur. Le costume est à sa taille. Mais il paraît aussi démesuré pour qui oserait l’endosser. Demandez à Edinson Cavani… L’Uruguayen réclame à corps et à cris son repositionnement dans l’axe. Il n’a pu occuper son poste de prédilection que lorsqu’Ibra était absent. Tant qu’il sera à Paris, Zlatan occupera une place trop encombrante.

NOTRE AVIS : L'APRÈS-IBRA, C'EST MAINTENANT

Difficile de pousser vers la sortie un joueur qui a tant marqué l’histoire d’un club. Sportivement, le garder s’apparente à un pari peu risqué à l’échelle de la Ligue 1 : même sur une jambe, Ibrahimovic continuera à affoler les défenses hexagonales. Mais si le PSG veut assouvir ses ambitions européennes, il va devoir préparer l’après-Ibra. Dès maintenant. Surtout si Edinson Cavani, lassé d’attendre son heure, fait ses valises.

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