Kylian Mbappé au PSG : "Plainte ne veut pas dire sanction", tempère une avocate à propos des menaces de la ligue espagnole
Visé par les menaces de la Liga qui dénonce une violation du fair-play financier, le club parisien risque-t-il gros ?
"Scandaleux". "Une insulte au football". C'est par ces mots particulièrement durs que Javier Tebas, le président de la Ligue de football espagnol, a commenté la transaction qui a permis au Paris Saint-Germain de conserver Kylian Mbappé dans ses rangs jusqu'en 2025. Le dirigeant espagnol ne s'est pas arrêté à ces déclarations outrées et a promis, à travers un communiqué, que l'instance allait intenter une action en justice "auprès de l'UEFA et des autorités financières et administratives françaises".
De quoi faire trembler le PSG ? Maître Julie Gliksman, avocate spécialisée en droit du sport, a accepté de répondre à cette question pour Franceinfo: sport.
FranceInfo: sport : La ligue espagnole dénonce les chiffres avancés pour conserver Mbappé alors même que le PSG a essuyé des pertes colossales lors des deux dernières saisons. Que risque le club parisien en outrepassant ainsi la règle du fair-play financier ?
Julie Gliksman : S'il est effectivement avéré que les dispositions de ce contrat contreviennent au fair-play financier, des sanctions sont prévues. Elles peuvent être de principe, se résumant à un blâme, "une tape sur les doigts et on en reste là", mais aussi bien plus sérieuses, financières ou pouvant aller jusqu'à l'interdiction de participer à des compétitions. La question qui se pose est de savoir si ces sanctions peuvent être applicables et appliquées sachant que, par le passé, les actions n'ont pas abouti [la Liga avait déjà menacé de saisir l'UEFA quand le PSG avait levé la clause de libération de Neymar au moment de son transfert du PSG au Barça en 2017]. Dans la plupart des cas, jusqu'à présent, ces sanctions s'en sont tenues à des avertissements.
Dans ce panel de sanctions, lesquelles pourraient viser le PSG ?
J.G : Ce qui semblerait jouer en faveur de Paris, c'est la récente évolution des règles visant à encadrer le fair-play financier. S'il y a toujours une volonté manifeste d'assurer une transparence sur les transactions, la tendance va à l'augmentation des déficits et à la possibilité offerte aux clubs de se remettre à l'équilibre dans les trois ans qui suivent. Il semblerait que l'on se dirige vers une sorte de salary cap à l'américaine, avec un plafond de masse salariale à ne pas dépasser. On va ainsi garder la règle de ne pas dépenser plus que ce qu'on ne gagne, mais celle-ci sera accompagnée d'une tolérance accrue et d'une augmentation de la durée légale pour régulariser sa situation. Tout ce contexte légal est donc plutôt favorable à Paris.
N'est-ce pas un nouveau coup de canif dans l'efficacité du fair-play financier ?
J.G : Les chiffres avancés sur les pertes énormes du club sont frappants mais il y a des commissions indépendantes qui vont éplucher le dossier et ce n'est que sur cette base que des décisions pourront être prises. Le fair-play financier est quelque chose qui a du sens, ses règles sont utiles et elles doivent être respectées car il est primordial d'avoir un contrôle sur le financement des clubs.
Le PSG doit-il prendre au sérieux la menace de la Liga quand celle-ci prétend qu'elle va saisir les autorités administratives et fiscales françaises ?
J.G : Encore une fois, s'il y a une plainte, cela ne veut pas dire qu'il y aura sanction. Ces menaces viennent aussi du fait qu'il y a une frustration évidente et nourrie par un passé récent où les plaintes n'ont pas abouti. Et quand bien même l'UEFA pourrait sanctionner sportivement Paris, on a vu par le passé que le Tribunal arbitral du sport pouvait le déjuger en matière de fair-play financier. On peut donc penser que la Liga brandit cette menace de saisir les autorités françaises par simple fierté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.