Julian Draxler, de doublure de luxe à homme de base du PSG
Il est le deuxième joueur le plus utilisé par Thomas Tuchel cette saison, et c'est peut-être l'un des Parisiens les moins mis en valeur. Julian Draxler fait pourtant partie des plus belles satisfactions à Paris ces derniers mois. Fini le rôle d'ailier, l'Allemand a été replacé dans l'axe du milieu de terrain. Tantôt relayeur, tantôt meneur, il profite du manque de profondeur de l'effectif parisien au milieu pour enchaîner les titularisations. 31 matches, 5 buts, 9 passes décisives. Son bilan n'est pas à première vue incroyable mais à titre de comparaison, c'est autant que sur toute la saison 2017-2018 (5 buts, 10 passes) alors qu'il évolue désormais un cran plus bas sur le terrain. Après un premier mois passé globalement sur le banc, Draxler a su convaincre son entraîneur de compter sur lui grâce à une attitude exemplaire, symbolisée par une agressivité accrue sur le pré.
Lors de la victoire contre Nantes (1-0) fin décembre, Tuchel avait salué une prestation "extraordinaire", appuyée sur une confiance en soi manifeste, une mobilité constante et une recherche du risque dans la construction offensive. Un mois plus tard, avant d'affronter Strasbourg en Coupe de France, il avait noté les progrès de Draxler. "Chaque semaine, il s'est amélioré. Maintenant, il est super important parce qu'il peut jouer à plusieurs postes. Il est très fiable à chaque fois. Il sait s'adapter et jouer pour ses coéquipiers", analysait Tuchel.
Ne pas trop se fondre dans le collectif ?
"Fiable", c'est le mot qui revient le plus dans la bouche du technicien allemand, qui n'a d'ailleurs pas hésité à titulariser son compatriote à Manchester mardi dernier. Si après la rencontre Marquinhos ou encore Di Maria ont reçu les louanges de la presse française, sa performance a été quelque peu passée sous silence. L'ex-joueur du PSG, Didier Domi, a d'ailleurs tenu à féliciter "Draxla" dans un échange avec So Foot. "Draxler a été très bon, car quand tu joues en 4-2-3-1 face à un 4-3-3, la force du numéro 10 est de se placer derrière un milieu relayeur parce que le numéro 6 ne peut pas aller le chercher trop latéralement". Le positionnement de l'Allemand a permis au PSG de mieux jouer les raids rapides vers la surface mancunienne quand Herrera sortait sur Verratti et Pogba sur Marquinhos.
S'il accepte de ne pas jouer les têtes d'affiche, il ne cache pas sa frustration à l'égard du traitement médiatique dont il bénéficie. "Si je commence trois matches de suite, que je marque, que nous gagnons, ce n'est pas autant mis en valeur que lorsque je suis sur le banc pendant 90 minutes. Ça m'agace un peu", confiait-il à Sportbuzzer en octobre dernier. A son arrivée, le PSG cherchait à se renforcer sur les ailes. L'Allemand n'a jamais eu l'explosivité requise pour faire la différence le long de la ligne de touche. Recruté pour 37 millions d'euros début 2017, on lui a rapidement collé l'étiquette de doublure de luxe.
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A force de jouer ce rôle, Draxler s'est mis dans une disposition mentale le poussant à combler sans cesse les lacunes collectives de son équipe, quitte à se mettre au service de ses coéquipiers et les placer, eux, dans les meilleures dispositions pour faire la différence. Peu de joueurs se satisferaient de ce rôle "ingrat", surtout avec un statut comme celui de Draxler, qui, à 25 ans a déjà porté le brassard de capitaine avec la Mannschaft et disputé presque 50 rencontres avec elle. Cette adaptabilité, si précieuse et si symbolique de l'humilité du joueur soit-elle, est aussi un inconvénient pour lui.
Son entraîneur aura sans doute moins de scrupules à le laisser sur le banc en cas de baisse de régime, se disant que Draxler l'acceptera. Deuxièmement; dans son jeu, l'Allemand ne cherche pas particulièrement à briller. "Il est sur la voie de gauche, avec le clignotant, prêt à doubler. Reste à savoir s'il va appuyer sur l'accélérateur ou pas", se questionnait Valérien Ismaël dans une interview au Parisien, avant le déplacement victorieux du PSG à Manchester.
Il joue juste et proprement malgré des qualités techniques évidentes. C'est un peu l'inverse de Javier Pastore, dont le côté fantasque a souvent rebuté ses coaches à l'aligner à son poste dans les matches importants. A lui de trouver l'équilibre, entre sa vocation à œuvrer pour l'équipe et celle de tirer son épingle du jeu, sans toutefois s'accaparer la lumière dans laquelle brillent Neymar, Mbappé et Di Maria.
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