Foot : à la tête de la LFP, Frédéric Thiriez ne s'est pas fait que des amis
Le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, a annoncé qu'il quittait "dès aujourd'hui" ses fonctions. Un départ qui va faire quelques heureux parmi ses détracteurs.
Ils ne le regretteront pas. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a quitté ses fonctions, vendredi 15 avril. Prévu pour la fin de la saison, ce départ précipité n'attristera pas grand monde. A la tête de l'instance depuis 2002, l'avocat, surnommé "Moustache" par les supporters, s'est fait de nombreux ennemis, au gré des polémiques. Francetv info dresse la liste des amateurs de football qui ne pleureront pas sa démission.
Les arbitres
La scène avait choqué. Le 17 octobre 2014, à la fin d'un match entre Lens et le PSG marqué par trois cartons rouges, dont un contre la star parisienne Edinson Cavani, Frédéric Thiriez présente d'étonnantes excuses au président du PSG. "I am really sorry for this terrible arbitrage", lâche-t-il dans un anglais approximatif ("Je suis vraiment désolé pour ce mauvais arbitrage"). La scène est captée par les caméras de l'émission "J+1", sur Canal+.
Outre l'absence de soutien à l'arbitre, beaucoup y voient un signe de soumission au patron du tout-puissant club parisien. "C'est évidemment l'impartialité de la LFP qui est mise en doute quand celle-ci suggère qu'elle est à ce point au service d'un club, dont le propriétaire est aussi le diffuseur du championnat de Ligue 1, laissant ainsi se répandre les soupçons", écrit le rédacteur en chef des Cahiers du football sur son blog.
Les Corses
C'est sans doute sur l'île de Beauté que Frédéric Thiriez s'est fait le plus d'ennemis. A la tête de la LFP, il a toujours refusé que le 5 mai, jour de la catastrophe de Furiani, le stade de Bastia, devienne une journée d'hommage sans match, comme le demande le collectif de victimes. Une mesure finalement prise par le gouvernement en juillet 2015.
L'hostilité entre Bastia et la LFP culmine le 12 avril 2015 en finale de la Coupe de la Ligue. Avant la rencontre, Frédéric Thiriez refuse de descendre sur la pelouse pour saluer les joueurs, comme le veut l'usage. Les Corses répliquent en s'abstenant de lui serrer la main sur le podium. "C'est purement un scandale", tonne l'entraîneur, Ghislain Printant, après le match.
Les supporters de Luzenac
Ses détracteurs lui reprochent enfin d'avoir favorisé le "football business", au détriment d'un football plus populaire, en particulier dans le dossier Luzenac. A l'été 2014, le petit club ariégeois frappe à la porte de la Ligue 2. La LFP s'oppose à cette montée, au motif que le Luzenac Arièges Pyrénées ne dispose pas "d'un stade conforme aux exigences" du haut niveau. Le club propose de jouer à Toulouse (Haute-Garonne), la Ligue refuse.
L'affaire s'envenime. Le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, dénonce "l'hypocrisie" de la Ligue. "Pour Lens, on dit 'pas de problème pour jouer à Amiens' ; pour Luzenac, on dit 'il y a un problème pour jouer à Toulouse'. Il faut être équitable, déclare-t-il fin août à l'AFP. Soit la LFP veut une ligue fermée, ce qui serait aller au bout de la logique, soit elle défend l’intérêt sportif et ne peut alors reprocher à des clubs amateurs de se comporter en amateurs."
Un bras de fer judiciaire s'engage. Le tribunal administratif de Toulouse finit par donner raison à la Ligue en septembre 2014, mais l'affaire laisse des traces. "Chaque fois qu'on a surmonté avec succès un de ses arguments, la Ligue nous a contrés en avançant un nouvel argument. Après les comptes, il y a eu l'éclairage, le terrain, sa disponibilité, la sécurité. En droit français, on appelle cela une accusation à tiroirs et c'est strictement interdit", raconte à L'Equipe en décembre Jérôme Ducros, le président du LAP.
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