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Enquête sur l'OM: les écoutes qui accablent

On savait que la police enquêtait depuis plusieurs mois sur l'Olympique de Marseille. Après les perquisitions au siège du club en janvier, ce sont les écoutes téléphoniques de José Anigo, directeur sportif du club, qui mettraient en lumière des liens présumés entre le club et le milieu de banditisme, notamment dans le cadre des transferts, selon RMC Sports qui s'est procuré les procès-verbaux de ces écoutes. Le transfert de Samir Nasri de Marseille à Arsenal est mis en cause par Anigo, de même que Pape Diouf, ancien président du club.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le directeur sportif de l'OM, José Anigo

Depuis juillet 2011, une information judiciaire est ouverte pour "extorsion en bandes organisées et associations de malfaiteurs". L'un des volets concerne l'Olympique de Marseille. Et depuis cette époque, le juge a autorisé la mise sur écoute de José Anigo, directeur sportif de l'Olympique de Marseille. Et ce sont ces écoutes qui pourraient faire vaciller le club marseillais à deux jours du choc contre le PSG. RMC Sports s'est procuré les procès-verbaux de ces écoutes, et elles semblent aller dans un sens: des liens entre le grand banditisme et l'OM, notamment dans le cadre de transferts de joueurs. Et c'est celui de Samir Nasri pour Arsenal qui est mise en lumière, avec la mise en cause de Pape Diouf, ancien président du club, par José Anigo lors d'une conversation téléphonique.

A l'origine des faits troublants, les relations d'enfance de José Anigo, notamment avec Richard Deruda, truand marseillais fiché au grand banditisme. Le dirigeant ne s'est jamais caché de ses amitiés d'enfance, lui le minot des quartiers. Dans une conversation téléphonique, ce dernier s'emporte, a priori pour qu'Anigo trouve à son fils, Thomas Deruda, un club alors qu'il est passé par l'OM: "Déjà, tu m’as mis ton Corse d’enculé sur les couilles (...) José, t’es en train de me faire fumer, t’es en train de me faire péter la casserole. Je crois que si j’étais à côté José, je crois que je fais une connerie." Et de lâcher: "Le football, quand ça t'arrange hein. Attends que je te rafraîchisse la mémoire." Et le dirigeant olympien de répondre: "Selon comment ça va se passer dans les trois ou quatre jours qui arrivent, je m’arrête définitivement (...) J’ai assez d’argent pour vivre aujourd’hui, pour qu’on m’emmerde plus. Je ne veux plus avoir affaire à ces gens. Y’a plus personne qui va me tenir par les couilles (...) J’en ai marre.  Eux, ils se démerderont tous tant qu’ils sont avec leur merde." 

16 millions pour Nasri, plus que 10 millions dans les caisses de l'OM

Mais c'est surtout au niveau des transferts des joueurs que les enquêteurs semblent avoir découvert certaines pratiques douteuses. Selon les PV, lors d'une discussion entre Anigo et l'agent de Nicolas Nkoulou, Maxime Nana, en juin 2011:"Anigo lui indique qu’il a surévalué le prix du joueur auprès de ses dirigeants", rapportent les enquêteurs. "L’agent s’énerve et rétorque qu’il y a des choses qu’il ne faut pas dire au téléphone. On comprend lors de la conversation suivante entre les deux hommes, que le sujet était celui des rétro-commissions", puisque Anigo lui demande "de ne pas mettre à mal son honnêteté car il ne lui a pas demandé un euro sur le précédent transfert". Et le transfert d'André-Pierre Gignac de Toulouse à la Canebière aurait également fait l'objet de rétro-commisssions, via Christophe D'Amico et Jean-Christophe Cano, deux agents sulfureux soupçonnés d'entretenir des liens avec le grand banditisme corso-marseillais.

Mais José Anigo ne serait pas le seul visé par ce genre de pratiques. Le directeur sportif marseillais met en effet en cause Pape Diouf, son ancien président et ancien agent de joueur, lors d'une conversation avec Philippe Piola, agent de joueur, en mars 2012, rapporte RMC Sports: "Sur les transferts qu’il faisait, il était rémunéré parce qu’il y avait les primes. C’est-à-dire que quand il a acheté par exemple un mec à 1 million, s’il le vendait 3 millions, il avait un pourcentage sur la plus-value (...) Quand on vend Nasri 16 millions, je ne m’explique pas tellement comment il reste 10 millions dans les caisses du club (...) Comment ils ont fait M. Fournier (Julien Fournier, ex-secrétaire général de l’OM, ndlr) et M. Diouf pour donner une prime au père de Nasri qui n’est pas agent et au joueur, alors qu’il quitte club (...) On peut considérer que Bernès (Jean-Pierre Bernès, agent de Nasri) en a mis une partie. On peut considérer que peut-être quelqu’un en a rétrocédé à un autre."

Ces nouvelles révélations ne vont qu'accentuer l'image sulfureuse autour du club olympien, qui ne date pas d'hier. A deux jours du choc au Parc des Princes, cela pourrait ressouder le groupe dans un climat de "seuls contre tous". Il reste à savoir si les perquisitions au siège de l'OM, en janvier dernier, et notamment dans les bureaux administratifs dont celui de José Anigo, apportent aux enquêteurs des preuves accablantes.

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