Berbatov, le génie qui ne s'ignorait pas
Sous la grisaille de la Turbie, la grande carcasse de Dimitar Berbatov (1m89) déambule, ballon collé au pied. Mardi, à l'occasion de son premier entraînement sous le chasuble monégasque, l'ancien international bulgare, dit-on, a laissé une sacrée impression. Contrôles orientés, passes de l'extérieur du pied, frappes de "mules", le nouvel avant-centre de l'AS Monaco a exhibé un aperçu de son immense talent, sans jamais donner l'impression de le forcer vraiment.
Pourtant, c'est dans l'indifférence quasi générale que Berbatov a rallié l'opulent monégasque, dans les dernières heures du marché hivernal. Sa signature n'a en aucun cas fait les choux gras de la presse sportive, et on peut aisément en imaginer les raisons. Premièrement, le joueur natif de Blagoevgrad a 33 ans, ce qui laisse supputer que ses plus belles heures de footballeur sont déjà passées. Ensuite, le joueur débarqué de Fulham n'arrive - en théorie - pas comme un titulaire potentiel. Devant, Emmanuel Rivière, 9 buts au compteur, continue de "planter, et Valère Germain reste sur deux buts lors des deux derniers matches. En théorie, donc, Berbatov vient faire le nombre et pallier l'absence pour six mois du goleador colombien, Radamel Falcao. Sauf que le Bulgare débarque avec l'ambition discrète d'envoyer valser le postulat.
33 ans, et alors ?
Ce n'est pas vraiment un scoop : la France a toujours affiché un certain scepticisme à l'encontre des joueurs qui ont dépassé la trentaine. Mardi dernier, lors de sa présentation de presse, Dimitar Berbatov n'a pas échappé à la tradition. Quand les journalistes l'interrogent sur son âge et sur sa forme physique, lui répond, calmement :"J'ai moins de cheveux... Mais le football, c'est pour les gens intelligents. Et mon cerveau est toujours dans le même état de marche". La réplique est bien sentie, et laisse entrevoir un caractère affirmé.
Au delà des mots, les chiffres donnent raison à Berbatov. Titulaire à la pointe de l'attaque des Cottagers de Fulham la saison dernière, le Bulgare avait alors inscrit 15 buts. Depuis septembre, il en a inscrit quatre. C'est un fait, l'ancien international bulgare n'est plus aussi efficace qu'à Manchester United (il avait fini meilleur buteur du championnat anglais), mais il l'est toujours. Juste un peu moins, et sans doute d'une autre manière.
Prétentieux, fainéant, et surdoué
Dimitar Berbatov appartient à cette "race" de joueurs qui exècrent l'effort inutile. Alors, pour régler le souci, il ne court pas. Son attitude et son style ne sont pas sans rappeler ceux de Zlatan Ibrahimovic, qui dépend de cette même espèce d'attaquant technique, spectaculaire, grand, et nonchalant. En même temps, pourquoi enchaîner les allers et retours lorsque l'on sait se placer et faire le bon geste quand il faut ? Un flegme qui corrèle avec un orgueil démesuré : la Ligue 1 tient ici un joueur qui n'a pas hésité à exhiber un tee-shirt qui arborait l'inscription "keep calm and give me the ball" (reste calme et donne moi le ballon), après avoir inscrit un but avec Fulham. La Ligue 1 tient ici un joueur qui n'a pas hésité à claquer la porte de la sélection nationale bulgare en 2010, se disant "découragé" par les prestations piteuses de l'équipe actuellement coachée par Luboslav Penev. Car Dimitar Berbatov vise l'excellence, et rien d'autre. Martial, Rivière et Germain sont prévenus.
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