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Auxerre risque gros

Fraîchement relégué en Ligue 2, l'AJ Auxerre aurait pu s'épargner des problèmes extra-sportifs. Lors du match face à Montpellier, au stade l'Abbé Deschamps, quelques supporters bourguignons en ont décidé autrement. Emaillée de nombreux incidents, la rencontre a été arrêtée une quarantaine de minutes. Outre un avenir sportif en suspens, le club icaunais devra répondre du comportement d'une partie de son kop et pourrait être sanctionné lourdement.
Article rédigé par franceinfo
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L'arbitre Saïd Enjimi interrompt la rencontre sous le regard de Jean-Guy Wallemme

Auxerre boit décidément le calice jusqu'à la lie. Déjà rétrogradé en Ligue 2 après 32 ans de présence dans l'élite, le club champion de France 1996 s'est de nouveau distingué de bien triste manière. La descente aux enfers de leur équipe a poussée certains supporters à la bêtise voire à l'inconscience.

Entrés un quart d'heure après le coup d'envoi pour manifester leur colère, les ultras auxerrois ont déployé de nombreuses banderoles tout au long du match face à Montpellier pour fustiger la gestion de leur club. Cette initiative ainsi que les nombreux chants de protestation entonnés étaient tout à leur honneur. Les quelques pétards allumés en tribunes lors de la première période ne présentaient également aucun danger. Mais lors de la seconde période, le kop a clairement dérapé.

Jets d'objets et de fumigènes

Une ribambelle d'objets a été lancée sur la pelouse, mettant en danger l'intégrité physique des joueurs et le bon déroulement du match. L'inventaire est assez éloquent : rouleaux de papier toilette, balles de tennis, tomates, fusées, fumigènes. Une première saillie obligeait l'arbitre M. Enjimi à interrompre le jeu, la surface de Geoffrey Jourdren étant devenue impraticable. Dix minutes et une médiation du gardien héraultais  plus tard, le jeu pouvait reprendre. Jusqu'à la 70ème minute et le jet d'un fumigène qui atterrissait aux pieds de Vitorino Hilton. Immédiatement, l'arbitre arrêtait la rencontre. S'en suivirent trente minutes assez confuses.

Sous les yeux du nouveau ministre de l'Intérieur Manuel Valls, les CRS prenaient place face à la tribune icaunaise incriminée, avant de l'évacuer. Tout le monde oubliait alors le plus important. Si le sort d'Auxerre était déjà scellé, celui de Montpellier se jouait. Alors que le PSG venait de se défaire de Lorient (2-1), les Languedociens devaient absolument ne pas perdre pour être sacrés champions de France. Après quarante minutes d'interruption cumulées, le football pouvait reprendre ses droits et John Utaka marquer pour offrir l'avantage et le titre à son équipe. Tout cela sous les yeux de Parisiens massés derrière un écran télévisé au stade du Moustoir…

Des interrogations et des sanctions

Une fois l'émotion passée, de nombreuses questions restent en suspens. Tout d'abord, la manière dont autant d'objets ont pu entrer dans l'enceinte bourguignonne alors même que la préfecture avait "clairement identifié ce match comme étant un match à risque". "Les forces mobiles ont été renforcées et, après la demande de l'arbitre, la priorité a été donnée à l'évacuation de la tribune des supporters ultras auxerrois, qui s'est déroulée sans incidents" a-t-elle-même précisé, refusant tout début de polémique sur un manque de moyens humains ou d'anticipation.

Désormais, Auxerre peut s'attendre au pire. Sur le plan sportif d'abord, même si Jean-Guy Wallemme est maintenu à la tête de l'équipe première, de nombreux départs sont à prévoir. En termes de sanctions sportives, ensuite, après ces débordements. L'éventail de ces sanctions est assez large, de la simple amende, au huis clos, en passant par la suspension de terrain voire le retrait de points. Frédéric Thiriez, président de la LFP s'est montré extrêmement ferme. "Je condamne fermement le comportement irresponsable de ces soi-disant supporteurs d'Auxerre (…). La commission de discipline va se saisir de ces incidents et prononcera les sanctions les plus fermes".

L'avenir de l'AJ Auxerre, un des plus beaux fleurons du football français s'annonce donc bien sombre. Et cette fois, pas de Guy Roux pour lui offrir un destin doré.

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