AS Monaco : Ocampos entre les étoiles
Quand il sourit, il ressemble à s'y méprendre à Cristiano Ronaldo. Enfin, avec les oreilles décollées en plus, mais le palmarès en moins. Régulièrement comparé au deuxième meilleur joueur du monde, Lucas Ocampos avait forcé Dmitri Rybolovlev, le richissime propriétaire du club princier, à casser sa tirelire. Et ce n'est pas David Trézéguet qui invalidera le choix du dirigeant russe : "Lucas, je pense qu'il a les qualités pour aller jusqu'au bout et marquer son histoire. C'est un joueur très technique, qui adore provoquer". Le genre de description qui fait saliver les supporters, mais qui débouchent souvent sur pas grand chose. A priori, il avait même tout de cette catégorie de "footeux" qu'on appelle "les joueurs youtube" : sud-américain, très doué techniquement, et possiblement enrôlé après supervision de quelques vidéos. Mais Claudio Ranieri se réjoussait de l'arrivée d'un joueur, qu'il avait arraché à la barbe et au nez de Chelsea, ou du Napoli « c'est un joueur que tous les grands clubs voulaient et je suis très content que l'AS Monaco FC ait réussi à le faire signer. On peut l'utiliser dans l'axe, à droite, à gauche. Lucas a déjà joué à tous ces postes. Il a déjà fait la préparation avec River, il a même disputé un match de championnat, il est prêt. Il s'est entraîné à part ce matin. Petit à petit on va l'intégrer au groupe et déterminer la charge de travail adaptée pour lui". Pari réussi. Pour sa première à domicile, (Victoire 4-2 en CDL contre Valenciennes) le prodige argentin multiplie les bonnes passes et les accélérations impressionnantes. Puis, du haut de son mètre 87, il prend la balle aux vingt mètres, se met sur son pied droit, expédie une frappe soigneusement enroulée et nettoie la lucarne de Leca. Ce soir là, la poignée de supporters Monégasques découvrait celui qui sévissait chez les Millionarios.
"Luquitas", moteur diesel
Le souci, c'est que le Ronaldo argentin n'a pas reproduit ce genre de performance à chaque fois. Loin de là. Plus gros transfert de l’histoire de la Ligue 2 (11 M€ hors bonus), l'ancien de River Plate n'a que 18 ans, mais le montant de la transaction est sans doute un trop lourd fardeau pour ses frêles épaules. Pendant quatre mois, il joue peu, se contente de bribes de matches et de quelques "caméos". En Janvier, lorsque Rivière et Obbadi débarquent, le milieu offensif comprend vite qu'il risque d’avoir peu d’occasions de s’exprimer s’il ne s’impose pas rapidement. Alors, il retrousse ses manches, et passe à la vitesse supérieure. Il se montre convaincant à chacune de ses apparitions, plante quelques buts (4 en 29 matchs), et finit par gagner ses galons de titulaires au mois de Mars : "je suis plus en confiance et beaucoup plus calme", explique-t-il sur le site de l'ASM. "En ce moment avec Yannick (Ferreira-Carrasco) et Nabil (Dirar) on s'éclate sur le terrain, tout va pour le mieux et je prends beaucoup de plaisir à évoluer dans cette équipe". Il faut dire que sur le rectangle vert, les trois bonshommes s'entendent comme larrons en foire : avec Dirar à la passe et la doublette Ocampos-Carrasco sur les ailes, Monaco tient une triplette explosive.
Et si la vraie star, c'était Lucas ?
Mais pouvait-elle durer ? Oui, Monaco allait remporter aisément le championnat de France de Ligue 2. Pas suffisant pour Dmitri Rybolovlev, qui rêve à l'instar de son homologue parisien, de monter sur le toit de l'Europe. Alors, le magnat Russe mit les petits plats dans les grands et s'offrit les cadors que l'on connaît : Falcao, Moutinho, James, Abidal, Carvalho... L'enjeu, pour ceux qui ont décidé de rester, c'était d'exister. Exister au sein d'une équipe composée d'une pléthore de stars internationales. Lucas devait confirmer, et vite. Déjà inspiré pour son premier match de la saison (victoire 2-0 à Bordeaux), "Luquista" a remis ça contre Montpellier (victoire 4-1). 17e minute, le jeune argentin provoque un pénalty après avoir enrhumé Saka Tiéné sur un coup de sombrero bien senti, suivi d'une accélération toute en puissance. Pour sa première à Louis II en Ligue 1, l'argentin a été percutant, décisif. Débuts réussis. S'il reproduit ce genre de matches, l'horizon d'Ocampos sera sans nuage. Falcao et les autres n'y changeront rien.
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