Adrien Thomasson : "Heureusement que nous, en Ligue 1, on risque de jouer cet été"
Bonjour Adrien, comment vas-tu ?
Adrien Thomasson : "Ça va, pour l’instant ça se passe bien. Les journées passent plutôt vite, à vrai dire. Je ne suis pas à plaindre : j’ai un environnement qui fait que je n‘ai pas l’impression d’être en confinement. Je suis revenu dans la maison familiale, à Bourg-Saint-Maurice, dans mes Alpes, avec ma mère, mon beau-père, ma sœur, ma copine et un pote. J’ai de la chance : je peux profiter de la Nature en faisant attention, évidemment."
Pourquoi ne pas être resté à Strasbourg ?
AT : "A la base, on avait une semaine de repos après l’entraînement du 13 mars. J'avais prévu de rentrer dans la Tarentaise. Autrement dit, avant l’annonce du confinement, j’étais déjà ici. Mais je serais venu dans tous les cas, c’est chez moi, ma copine vit ici. Les trois quarts de mes coéquipiers sont restés à Strasbourg, mais c’est parce que beaucoup ont des enfants. C’est moins facile de bouger. D'après ce qu'ils me racontent, la situation est un plus compliquée là-bas. Ici l'épidémie est moins forte, les gens sont plus détendus."
"J’ai un ballon aussi, je joue un peu même si, comme souvent dans les Alpes, le terrain est en pente "
Qu’est-ce qui te manque le plus à l’heure actuelle ?
AT :"C’est le foot. J’aime bien courir, mais je préfère le faire derrière un ballon. Le simple fait de m’entraîner, de discuter des matches, d’appréhender la compétition… Le moment que j’adore, et qui me manque vraiment, c’est le trajet entre l’hôtel et le stade, quand l’adrénaline monte avant le match. Sinon, le sport en général me manque, notamment à la TV".
A quoi ressemblent tes journées de joueur professionnel confiné ?
AT : "Le matin, je profite, je fais des grasses matinées parce que ce n’est pas souvent que cela arrive dans une vie de joueur de foot. En fin de matinée, je vais courir entre 7 et 10 km à jeun, puis je mange. En début d’après-midi, je me repose, je lis pas mal, notamment en terrasse. Je viens de finir le livre sur le fondateur de Nike (L’Art de la victoire), c’était vraiment bien. Là, je commence la biographie de Zidane. La plupart des livres que je lis sont sur le sport, mais pas que. En temps normal, je lis déjà beaucoup, mais là forcément un peu plus. J’ai un ballon aussi, je joue un peu même si, comme souvent dans les Alpes, le terrain est en pente (rires).
Ensuite, en fin d’après-midi, je fais une séance de renforcement musculaire avec mon pote. Le préparateur physique de club nous concocte une séance par jour. On a un planning par semaine. Ce sont des séances avec le poids du corps, assez simples, qui permettent de renforcer le haut et le bas du corps sans matériel. Le soir, après le dîner en famille, je regarde un film ou une série tranquille".
Justement, tu es un grand fan de séries. Tu regardes quoi en ce moment ?
AT : "J’en regarde beaucoup plus que d’habitude, mais je profite surtout du confinement pour rattraper mon retard sur les films. En séries, je suis plutôt calé, donc là je regarde pleins de choses différentes, des films, documentaires ou séries. Mais j’avoue : j’étais à la ramasse niveau Game of Thrones, je n’ai jamais eu le temps… Cette fois, je l’ai et je m’y suis mis. Je viens de finir la saison 2. Par contre, quand je regarde une série, c’est une à la fois, je ne mélange pas. Après, je fais des coupures films certains soirs. Par exemple, je viens de regarder le film Prisoners, c’était super, je recommande ! La semaine dernière, j’ai aussi regardé la série de Canal sur le Rap, Validé, que j’ai vraiment bien aimée.
"J'avoue : j’étais à la ramasse niveau Game of Thrones, je n’ai jamais eu le temps… Cette fois, je l’ai et je m’y suis mis. Je viens de finir la saison 2.
Tu es aussi un gros consommateur de retransmission sportive. Comment tu fais en ce moment ?
AT : "Je ne regarde pas de sport, tout simplement, même pas en replay. Mais c’est très difficile, c’est ce qui me manque le plus le soir. Les films et séries, c’est très bien, mais un peu de sport ça ne fait pas de mal non plus. En temps normal, je regarde la Ligue 1 et les autres championnats étrangers, mais j’attendais aussi la reprise de la F1, les tournois de tennis. Je suis très déçu pour Wimbledon, et surtout pour les Jeux Olympiques. Je les attendais avec impatience. D’ailleurs, j’ai peur pour le Tour de France aussi… Cet été, cela va être compliqué. Heureusement que nous, en Ligue 1, on risque de jouer pendant l’été. Ça occupera. J’aurai aimé voir la fin de saison de ski aussi. Là, c’est dur pour Alexis Pinturault de perdre le gros globe comme cela, il restait deux épreuves taillées pour lui : un géant et un slalom. Je suis vraiment triste pour lui. Mais c’est un grand champion, il le remportera l’année prochaine".
Quelle compétition va le plus te manquer cette année ?
AT : "Je dirai les JO, parce que c’est toujours un grand moment, mais aussi Wimbledon, et le Tour de France, s’il n’a pas lieu… Pendant les Jeux, je regarde tout ce que je peux, même s’il y a des sports qui me passionnent moins comme l’équitation, le tir à l’arc ou à la carabine. Mais justement, les JO c’est l’occasion de découvrir pas mal de disciplines méconnues."
Comment le club garde-t-il contact pendant le confinement ?
AT : "On a un retour chaque semaine du médecin du club pour prendre des nouvelles, tout comme du préparateur physique. Le coach nous appelle régulièrement et on a un groupe WhatsApp pour prendre des nouvelles de chacun. Lundi, on a reçu beaucoup de messages de supporters pour fêter les un an de notre victoire en Coupe de la Ligue. On sent qu’ils sont impatients que le foot reprenne. En attendant, on s’est rappelé de cette victoire. C’était le plus grand moment de ma carrière, de loin. J’ai revu la séance de tirs au but… J’aurai aimé que la fête dure encore plus longtemps, c’était incroyable."
"On voit ce qui se passe avec les droits TV, les conflits avec les chaînes etc. Les clubs ont absolument besoin de cette rentrée d’argent, quitte à finir cet été et reprendre la saison suivante plus tard."
En Ligue 1, la question du moment c’est : faut-il mener le championnat à son terme ?
AT : "Oui, sans hésitation. On voit ce qui se passe avec les droits TV, les conflits avec les chaînes etc. Les clubs ont absolument besoin de cette rentrée d’argent, quitte à finir cet été et reprendre la saison suivante plus tard. Nous le club est sain financièrement, ils ont pris leurs précautions et nous ont mis au chômage partiel. Quand tout reprendra, l’objectif sera de finir dans les dix premiers. Mais je pense que cette coupure va redistribuer les cartes".
Tu es savoyard par ton père, mais croate par ta mère. La sélection croate, tu y penses parfois ?
AT :"Honnêtement je ne peux pas dire que je n’y pense jamais, mais très rarement. Le jour de la finale du mondial, j’étais pour la France. C’était particulier, parce que ma mère et mon grand-père étaient pour la Croatie. J’étais en stage avec Strasbourg, c’était un sentiment particulier : si la Croatie avait gagné, j’aurais été content, mais moins que pour la France".
Tu as commencé ta formation au FC Annecy, avant de te révéler à Evian-Thonon-Gaillard. Aujourd’hui, Annecy est tout proche d’une montée en National. C’est toujours ton rêve d’y jouer un jour au plus haut niveau ?
AT : "C’est mon club. Je suis leur actualité de très près. Bien sûr que j’aimerais bien revenir au club plus tard, mais dans le football, il peut se passer tellement de choses. En tout cas je les suis de près et j’espère qu’ils pourront enfin monter cette année. J’ai encore des attaches au club avec des potes qui y jouent, mais aussi avec les dirigeants".
"La passion du "football a toujours été au dessus du ski à mes yeux, mais je prends du plaisir à regarder les compétitions de ski
D'ailleurs, quand tu as rejoins Annecy à l’adolescence, tu abandonnais l’espoir d’une carrière en ski. Aucun regret ?
AT : "Aucun regret. La passion du football a toujours été au dessus du ski à mes yeux, mais je prends du plaisir à regarder les compétitions de ski. Avec nos assurances de joueur professionnel, c’est compliqué d’aller skier, donc je n’ai pas découvert les Vosges depuis mon arrivée à Strasbourg. De toute façon, je suis plus attaché aux Alpes."
Un mot de la fin ?
AT : "J’aimerai juste soutenir les héros qui travaillent dans les hôpitaux, vraiment. Je suis fan d’eux, de ce qu’ils font : ce sont des exemples. Alors courage à eux dans ces moments difficiles, et merci !"
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