Liga : Quique Setién, le beau pari du Barça
Ernesto Valverde n’aura pas tenu le pourtant doux hiver barcelonais. L’élimination en demi-finale de la SuperCoupe d'Espagne face à l’Atlético de Madrid a scellé le sort de l’entraîneur extremeño. En tête de la Liga, qualifié pour les huitièmes de Ligue des champions, Valverde paye un niveau de jeu trop souvent insuffisant pour les critères barcelonais. Xavi courtisé, Mauricio Pochettino évoqué, Quique Setién prendra finalement la suite. "Je ne sais pas si ma façon de faire est la meilleure ou la pire, mais c’est la mienne" a-t-il dit lors de son intronisation. Un apôtre de Johan Cruyff pour redonner du lustre au jeu catalan.
Un héritier de Cruyff
Cette filiation revendiquée a sans doute été décisive dans sa nomination, lui l’entraîneur de 61 ans au palmarès vierge. "J'ai essayé de faire ce qu'on me demandait, mais ça ne m'a pas réussi, racontait cet ancien milieu de terrain à Marca. Donc j'ai essayé de rester libre sur le terrain, de jouer mon football. C'est quand j'ai vu jouer le Barça de Cruyff que j'ai réellement commencé à comprendre comment les choses fonctionnaient."
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De Cruyff, il conserve l’idée d’un jeu offensif impliquant tous les joueurs présents sur le terrain, du gardien à l’attaquant. D'une équipe qui monopolise le ballon, jusqu'à le phagocyter. Une volonté de secouer le match jusqu'à tout renverser, surtout l'adversaire. Et une intransigeance totale. "Avant de signer au Betis, je leur ai demandé "Pourquoi me voulez-vous ? Vous avez vu mes équipes jouer, comment je joue, expliquait-il à The Independent. Vous êtes d’accord ou non, mais je ne changerai pas. Mes équipes vont partir de l’arrière, en impliquant le gardien, et créer"."
La révélation tardive à Las Palmas
Cette philosophie lui a permis d’emmener Lugo, modeste club galicien, de la troisième à la deuxième division. "Quand je suis arrivé à Lugo, le monde entier me disait que je ne pouvais pas jouer ce football en Segunda B, raconte-t-il. J’ai dit que nous le pouvions, et je suis resté six ans. Nous sommes montés en jouant le football que le Betis joue. J’ai une devise, c’est que je ne changerai jamais ma façon de voir les choses." Son style a ensuite fait le plaisir de Las Palmas, permettant à la formation canarie d’atteindre la 11e place de Liga en 2016, pour son retour dans l’élite.
Parti au Real Betis en 2017, il amène le club en Ligue Europa, grâce à une sixième place en Liga. Sa deuxième saison est marquée par un succès retentissant au Camp Nou en novembre, le seul revers à domicile de l’ère Valverde. Une victoire 4-3, sûrement encore dans l’esprit des dirigeants catalans au moment de lister les prétendants pour le poste. Mais cet exploit ne cache pas un début de saison délicat, où le club squatte la deuxième partie de tableau avant de remonter à la 6e place à la trêve. Le club terminera finalement 10e, avec une élimination douloureuse dès les 16e de Ligue Europa face à Rennes. Setién, engagé jusqu’en 2020, s’arrêtera là.
"Si tu dois mourir avec tes idées, tu meurs"
Un départ pour mieux rebondir, même si le natif de Santander ne s’attendait sûrement pas recevoir un coup de fil du Barça six mois plus tard. "Je n’imaginais pas me retrouver ici dans mes rêves les plus fous" a-t-il avoué lors de sa présentation. Avant de répéter son mantra, comme toujours. "Quand les doutes arrivent, je suis le premier à défendre mon travail, a-t-il insisté. Si tu dois mourir avec tes idées, tu meurs."
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Outre la compatibilité philosophique avec le Barça, Quique Setién présente un autre avantage. Son salaire, et donc son coût de licenciement, sont bien inférieurs aux autres prétendants, Mauricio Pochettino en tête. Il permet ainsi de répondre aux supporters réclamant un entraîneur plus offensif tout en gardant une sécurité si la greffe ne prend pas. Et dérouler ensuite le tapis rouge à Xavi cet été ? "Quand j’arrive dans un club, je me dis toujours que je vais y rester toute ma vie, expliquait Setién à The Independent. Je ne pourrais pas travailler sinon." Mais avec le Real sur les talons en championnat et un choc face à Naples en Ligue des champions, les deux prochains mois seront déjà décisifs.
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