Liga : Comment le Real a réussi à prendre le dessus sur le Barça
On les avait quittés sur une sale défaite au Betis (2-1) et un retard de 2 points sur le FC Barcelone lorsque la pandémie de Covid-19 a interrompu le football européen. Dix jours plus tôt, les joueurs de Zinédine Zidane hypothéquaient leurs chances de qualification pour les quarts de finale de Ligue des champions, renversés à la maison par Manchester City (1-2). Plus sacrés champions d’Espagne depuis 2017, ils ne laissaient pas l’impression qu’il mettrait fin à cette disette cette saison, en dépit d’une victoire contre le Barça (2-0) entre les deux claques subies.
Une trêve salvatrice
Lors de la dernière conférence de presse donnée par Zidane avant le confinement, dans la foulée de la défaite contre le Betis, ce dernier jugeait indigne le niveau de performance de son équipe. “On a eu du mal. On a pas eu d’intensité, de rythme, tout nous a manqué. On peut dire que ça a été le pire match de la saison”, avait-il confessé. Signe de la saison chaotique du Real, l’homme qui avait mené le club merengue à trois titres consécutifs en Ligue des champions (2016, 2017, 2018) avait été sous pression en septembre après la gifle reçue au Parc des Princes contre le PSG (3-0).
Les trois mois d’arrêt contraints ont été bénéfiques à ce Real Madrid. Comme si l’interruption du rythme compétitif et de l’obligation des résultats avait permis aux joueurs de se concentrer sur l’entraînement pour gommer des lacunes. A défaut d’être flamboyants dans le jeu, les coéquipiers de Toni Kroos sont tout simplement devenus imbattables en championnat depuis la reprise, il y a un mois. Les Madrilènes ont remporté chacun de leurs 9 matches de championnat.
Des joueurs clés et une défense de fer
S’ils n’ont pas eu de gros choc à disputer et s’ils n’ont pas rendu de copie exceptionnelle, les hommes de Zinédine Zidane n’ont jamais donné l’impression qu’ils ne trouveraient pas la solution. La qualité d’un effectif dense, composé de joueurs d’exception, facilite les choses. La saison de Karim Benzema en est l’illustration. A 32 ans, le Français a porté l’attaque madrilène avec déjà 24 buts inscrits toutes compétitions confondues et 11 passes décisives délivrées. En Liga, s’il n’y avait pas l'Alien Lionel Messi, il serait probablement désigné meilleur buteur et meilleur joueur du championnat à l’issue de la saison.
On notera aussi le rôle "d’impact player" joué par le capitaine Sergio Ramos, défenseur mais auteur de 10 buts en Liga cette saison. De son côté, Luka Modric semble être revenu proche de son niveau de 2018. Derrière, Thibaut Courtois a fait taire toutes les critiques. Le gardien belge est une muraille. Si le Real n’a encaissé que 3 buts en neuf matches depuis la reprise (dont 6 clean sheets), il en est l’un des premiers responsables. Et au-delà des individualités, il faut noter que 21 joueurs ont inscrit au moins un but pour le Real cette saison, signe d’un effectif largement concerné.
Bâtir une défense de fer et disposer d’autant de joueurs à un niveau compétitif sont deux clés du succès du Real cette saison. Une autre, plus obscure, moins médiatique, a été soulevée par Zidane lui-même lorsque la presse espagnole lui a demandé pourquoi son équipe enchaînait les victoires depuis la reprise : le rôle joué par Grégory Dupont, le très réputé préparateur physique français arrivé l’été dernier. “C'est un très bon préparateur physique qui réalise un super travail", a-t-il déclaré en conférence de presse.
L'ombre de la préparation physique
Très mesurés, les propos du coach français ne sont pas pourtant pas anodins. Beaucoup d’observateurs du football n’ont pas manqué de pointer l’importance de celui que les joueurs appellent “Le Scientifique”. "C'était mon prof à la fac, c'est le meilleur. C'est incroyable ce qu'il fait. C'est un bosseur, il est impressionnant", nous raconte un ex-joueur reconverti physiothérapeute. Dupont travaillait avec les Bleus en Russie quand ils ont été sacrés champions du monde en 2018. Celui-ci a beaucoup œuvré du côté du LOSC, pendant près de quinze ans (1999-2007, 2009-2017), et est aujourd’hui considéré parmi les meilleurs dans son domaine.
Adepte d’une approche globale, alliant recherche et pratique, il récolte les louanges partout où il passe. “ll m’a beaucoup appris, il m’a fait comprendre qu’il y avait un travail d’analyse dans son métier. Par exemple, on travaillait au GPS et il ne se contentait pas de le mettre dans le dos des joueurs, il y avait tout un tas de choix techniques et tactiques réalisés en amont. Il était tellement pointu”, notait l’ex-coach lillois René Girard dans les colonnes de So Foot. Grégory Dupont est un taiseux. Il ne s’épanche que très rarement dans les médias. Mais il y a fort à parier qu’il n’est pas étranger à la bonne forme physique des joueurs du Real.
Les balbutiements catalans
Contrairement à leurs rivaux barcelonais, ils étaient fin prêts pour la reprise des hostilités. Plus intermittents, les joueurs de Quique Setién ont lâché des points contre l’Atlético de Madrid (2-2), le Celta Vigo (2-2) et le FC Séville (0-0). Depuis son arrivée au Barça en janvier, le technicien espagnol tâtonne encore pour trouver un plan de jeu capable de tirer le meilleur de ses joueurs. En dépit de la qualité intrinsèque de l’effectif, un joueur comme Antoine Griezmann n’existe que très rarement. Et on parle ici d’un récent candidat au Ballon d’Or...
Les atermoiements de ce Barça balbutiant et sur courant alternatif ont aussi contribué à l’ascension tardive du Real Madrid. Ce jeudi soir, les Catalans pourraient encore faire une fleur à leur rival. Car les Merengue n’auront même pas besoin de s’imposer contre Villarreal pour être champions, si le FC Barcelone ne s’impose pas contre Osasuna dans le même temps (21h).
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