Le Real Madrid a appris à vendre
Les Galactiques. L’appellation a fait rêver tout le monde. La politique du premier passage de Florentino Pérez à la tête du Real Madrid (2000 à 2006) avait été une réussite sur le plan sportif : une Ligue des Champions (2002) et deux Liga (2001 et 2003). Mais un gouffre financier puisqu’en six saisons, il avait dépensé 251 millions en s’offrant une star par an : Sa promesse électorale en la personne de Luis Figo (2000) en provenance du FC Barcelone pour 61 millions d’euros, Zinédine Zidane (2001) pour 75 millions d’euros – record qui a tenu jusqu’en 2009 et le transfert de Cristiano Ronaldo – Ronaldo (2002) pour 43 millions, David Beckham (2003) pour 35 millions d’euros, Michael Owen (2004) pour 12 millions d’euros et enfin Robinho (2005) contre 24 millions d’euros. Des achats clinquants de joueurs offensifs, sans compter les achats de Walter Samuel (27 millions d’euros en 2004) ou encore Jonathan Woodgate (20 millions d’euros en 2004). Et tout ça pour de faibles rentrées en matière de transferts. Seul le départ de Claude Makelele pour Chelsea, le joueur qui garantissait l’équilibre de l’équipe, pour près de 25 millions d’euros remplira les caisses.
230 millions en deux ans
Cette politique a fait son temps. Plombé par les critiques qui rapportaient que Pérez se préoccupait plus du marketing – durant son mandat, le club avait augmenté ses revenus – que du terrain, le président a démissionné en février 2006, pour mieux préparer son retour. Il interviendra trois ans plus tard, en juin 2009. Là encore, il arrive avec des promesses plein la bouche. Qu’il concrétise à coups de millions. Ronaldo, Benzema, Kaka, Xavi Alonso, Raul Albiol, Arbeloa… En tout, il dépense 240 millions d’euros, soit le record mondial pour un mercato estival. Depuis, chaque été, Florentino Pérez se paye des stars mais nouveauté, il vend aussi au prix fort ses joueurs. Parfois les mêmes qu’il a fait venir. Lors de son premier mandat, les joueurs achetés étaient dans la force de l’âge, les possibilités de plus-value moindres.
Cette fois, en ciblant mieux et en achetant des joueurs confirmés mais encore jeunes, il s’est laissé des chances de faire sauter la banque. Ce qu’il a fait. A plusieurs reprises. En 2013, il récolte près de 90 millions d’euros avec les ventes de Mezut Ozil, arrivé en 2010 pour 15 millions d’euros (50 millions à Arsenal) et Gonzalo Higuain (39 millions d’euros à Naples). Cette année, il fait encore plus fort en revendant Angel Di Maria dans les derniers jours du mercato pour 75 millions d’euros à Manchester United. Soit une plus-value de 50 millions pour un joueur acheté 25 millions d’euros à Benfica en 2010. Autre exemple de ces ventes judicieuses sur le plan économique mais pas forcément sportives, Xabi Alonso et Alvaro Morata. Le premier était la pierre angulaire de l’équipe d’Ancelotti mais les 10 millions du Bayern Munich ont été plus fort que l’équilibre tactique. Le second était un des espoirs de la Fabrica, 21 ans, un buteur parfait en doublure de Karim Benzema, mais il a été difficile de résister aux 20 millions offerts par la Juventus Turin. Avant ces deux étés où les ventes ont rapporté près de 230 millions d’euros, la meilleure vente du Real datait de 2008 (42,5 millions pour le Brésilien Robinho parti à Manchester City).
Stabilité économique
Avec tous ces gros chiffres et à l’heure du fairplay financier, le Real Madrid soigne donc ses finances autant que son effectif. En effet, la vente d’Angel Di Maria répondait au principe d’équilibre tant sur le terrain que dans le vestiaire. "Il avait des exigences économiques que nous ne pouvions satisfaire. Nous avons fait la meilleure offre possible au plus haut niveau et il ne l'a pas acceptée", avait expliqué Florentino Perez. "A l'exception de Cristiano Ronaldo qui, comme nous savons tous, est le meilleur joueur du monde, aucun autre joueur n'a ce niveau de revenu. Si nous avions accepté les exigences économiques de Di Maria, il y aurait eu un traitement inéquitable et cela aurait pu mettre la stabilité économique du club en danger", avait-il ajouté.
Résultat cette vente record a apporté un peu plus de sérénité et de précieux deniers. Le revenu total du club madrilène est en hausse de 10,9% par rapport à la saison dernière, avec un bénéfice net en légère progression de 36,9 millions d’euros en 2013 contre 38,5 millions cette année. Le Real a également réduit sa dette nette de 21% à 71,5 million d'euros. Des comptes qui s’assainissent donc et qui permettent à la Maison Blanche de passer entre les mailles du fairplay financier. Mais qu'on se rassure avec deux des dix mercatos les plus dépensiers de l'histoire (saison 2009-2010, 257,4 millions et saison 2013-2014, 166 millions d'euros), le Real ne devrait pas perdre ses bonnes habitudes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.