Atletico Madrid - FC Barcelone sur fond de conflit politique
Quel accueil le Barça recevra-t-il pour son premier match hors de Catalogne depuis le référendum d'autodétermination du 1er octobre ? Cette consultation interdite et contestée, émaillée de violences policières, a conduit à une déclaration d'indépendance, aussitôt suspendue, et précipité le pays dans sa pire crise politique depuis le retour de la démocratie en 1977. Favorable au "droit à décider" de la Catalogne, le FC Barcelone risque de cristalliser l'animosité des opposants à l'indépendance, même si son directeur général se veut serein. "Quand nous nous déplaçons, les adversaires pensent surtout à battre l'une des équipes les plus fortes de la Liga. Je crois que tout cela ne conditionnera pas (l'ambiance)", a assuré mercredi Oscar Grau.
Football et politique
Ces derniers jours, le défenseur international espagnol Gerard Piqué a essuyé des salves de sifflets pour avoir participé au référendum puis critiqué l'attitude de la police. Et il faudra voir comment le joueur catalan est reçu au Metropolitano, où certains supporters ont l'habitude d'arborer fièrement des drapeaux espagnols. Une partie de l'identité des "Colchoneros" est d'ailleurs liée à l'armée espagnole puisque le club avait fusionné avec l'équipe de l'armée de l'air dans les années 1940, en pleine dictature franquiste (1939-1975), au point d'être rebaptisé un temps "Atletico Aviacion". Dans ce contexte, plusieurs voix ont appelé à ne pas mélanger football et politique samedi. Les supporters sont priés d'arborer au stade les couleurs "rojiblancas" (rouge et blanc) du club, non celles de l'Espagne.
"Profitons du football, juste du football. Ne transformons pas le Metropolitano en manifestation politique", a exhorté jeudi Josep Pedrerol, présentateur d'émissions de débats sportifs à forte audience en Espagne. Sur le terrain, en tout cas, la rencontre promet beaucoup. Le Barça, solide leader d'un Championnat d'Espagne qu'il entend continuer à disputer malgré la poussée indépendantiste, peut égaler samedi le meilleur démarrage de son histoire: 8 victoires lors des huit premières journées avec l'éphémère technicien argentin Gerardo "Tata" Martino en 2013-2014.
Zidane centenaire
Pour cela, l'actuel entraîneur Ernesto Valverde devrait pouvoir compter samedi sur son capitaine Andres Iniesta, rétabli (élongation), et sur sa star Lionel Messi. En grande forme, le quintuple Ballon d'Or a expédié mardi l'Argentine au Mondial-2018 avec un triplé contre l'Equateur (3-1). Et il reste sur 14 buts en onze rencontres officielles avec Barcelone cette saison, dont 11 en sept matches de Liga. Ce n'est pas à proprement parler le premier match du Barça au stade Metropolitano (68.000 places), pourtant inauguré en grande pompe mi-septembre: lors de la Supercoupe d'Espagne 1996 (2-5, 3-1), l'Atletico avait reçu l'équipe catalane au modeste "stade de la Peineta", ancêtre de l'actuelle enceinte...
Quoi qu'il en soit, l'Atletico espère enfin battre le Barça en Liga, ce qu'il n'a jamais réussi à faire depuis la nomination de l'entraîneur Diego Simeone en 2011. Il faudra pour cela un grand Antoine Griezmann, qui peine à démarrer sa saison: 2 buts en Liga seulement. Car derrière, le Real Madrid (5e, 14 pts) est menaçant: l'équipe de Zinédine Zidane peut se rapprocher de la tête samedi après-midi à Getafe (16h15 françaises), avec le retour de blessure de Karim Benzema. Ce sera une après-midi particulière pour "Zizou": l'entraîneur français, nommé en janvier 2016, fête son 100e match officiel sur le banc du Real, avec un bilan spectaculaire jusqu'à présent: sept trophées glanés et 74 victoires, 17 nuls et huit défaites.
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