"Le plus important c'est la santé de nos enfants" : à l'entraînement de jeunes footballeurs, le jeu de tête est interdit pour prévenir les commotions cérébrales

Alors que le joueur Raphaël Varane alerte sur les dangers des commotions cérébrales pour les plus jeunes, certains clubs ont pris des mesures pour les protéger.
Article rédigé par Farida Nouar
Radio France
Publié
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Stelios, Bentley et Ange, joueurs en U10 préfèrent ne pas faire de tête quand ils jouent au football. (photo d'illustration) (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

"Mon fils de 7 ans, je lui conseille de ne pas faire de tête", confie Raphaël Varane dans une interview à L'Équipe mardi 2 avril. Le footballeur, champion du monde français, alerte les instances du football sur les conséquences des commotions cérébrales pour une meilleure prévention et une prise en charge, notamment chez les enfants. Le joueur se dit favorable à une limitation du jeu de tête chez les moins de 12 ans, comme c'est le cas en Angleterre qui depuis 2022 expérimente l'interdiction dans les matchs de cette tranche d'âge.

Au Paris Alesia FC, les 7-10 ans s'entraînent mais aucun ballon ne touche la tête de ces footballeurs en herbe, c'est la règle dans ce club parisien. "Chez nous, il n'y en a pas du tout, confirme le directeur technique Ferhat Cisek. On n'a pas recours à des exercices, ni à des jeux de têtes. Dans les entraînements, la priorité, c'est le jeu de pied. Le plus important, c'est la technique. Avant 16 ans, on ne fait pas [de tête]. Je pense que le plus important, c'est la santé de nos enfants."

"Je sais que leur cerveau est en plein développement jusqu'à l'adolescence. S'il y a des études scientifiques qui peuvent nous amener à dire que c'est dangereux, je pense qu'il faut uniformiser. Interdire avant 12-13 ans, avant la préadolescence ou l'adolescence."

Ferhat Cisek, directeur technique du Paris Alesia FC

à franceinfo

Le seul moment où un enfant de son club peut être amené à faire une tête, c'est pendant un match du samedi matin. Mais c'est très rare dans la saison, assure-t-il.

Les parents partagés

Dans les gradins, Adil regarde son fils jouer : "Le jeu de tête, c'est beau à voir, c'est sympathique." Ce père ne partage pas la même inquiétude au sujet des commotions cérébrales que le footballeur Raphaël Varane. Pour lui, les jeux de tête font partie intégrante de la pratique et si c'est interdit en club, il l'encourage en privé. "Je ne savais pas qu'en Angleterre, les moins de 12 ans n'avaient pas le droit de jouer de la tête. Moi je pousse [mon fils] à le faire parce que parfois, c'est plus simple pour pousser la balle dans les filets", assure Adil.

Rémi, un autre père venu accompagner son fils, pense le contraire : "C'est vrai que leur crâne n'est pas encore bien formé et quand la balle arrive un peu fort, je suis pour éviter le jeu de tête. Jusqu'à 12 ans je pense que ce serait une bonne chose parce que ça peut causer quelques problèmes, ça c'est certain."

"On peut avoir des bosses"

Et Stelios, Bentley et Ange, qui jouent tous les trois en U10, ne se disent pas fan du jeu de tête : "Je préfère jouer avec le pied parce que c'est très dangereux : on peut se prendre des gros coups de tête avec la balle, surtout si elle est bien gonflée. Ça peut faire très mal, par exemple, on peut avoir des bosses. C'est dangereux puisqu'on a le cerveau assez développé", affirment les jeunes footballeurs.

Julien, l'entraîneur, partage lui aussi le message de prévention de Raphaël Varane envers les plus jeunes. Aujourd'hui, il souffre encore des chocs qu'il a eus après des jeux de tête : "J'ai des séquelles. Desfois, j'ai du mal à m'exprimer, assure-t-il. Si dès tout petits, avec des cerveaux pas formés, on les envoie percuter le ballon, c'est compliqué. Surtout que certains coachs ne gonflent pas bien les ballons, ils sont soit trop gonflés, soit sous-gonflés. Et il doit y avoir un impact."

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