Le fan, meilleur ennemi du sportif
Qu'ils soient maladroits, chauvins, mal intentionnés voire carrément psychopathes, certains admirateurs ont causé beaucoup de tort à leurs sportifs favoris.
Malheureux Ryan Lochte. Le quintuple champion olympique de natation s'est rompu les ligaments croisés du genou, mercredi 6 novembre, en tentant de rattraper une fan qui se jetait sur lui. La saison du nageur est compromise. Une bonne nouvelle, cependant : 2014 n'est pas une année olympique.
Et ce fâcheux accident n'est pas un cas isolé. Si une immense majorité des supporters ne font qu'encourager et réconforter leurs champions, certains peuvent être une vraie nuisance pour les sportifs. Inventaire.
Le fan chapardeur
Tous les amoureux du Tour de France vous le diront : le top du top, c'est de repartir avec un bidon jeté par les coureurs sur le bas-côté en souvenir. Mais quand on se retrouve, bredouille, à l'arrivée, on tente le tour pour le tout. En 2004, à Arras, un petit malin essaie donc de subtiliser le bidon du sprinter australien Robbie McEwen, encore accroché au vélo. Le coureur, qui manque de chuter, s'énerve contre l'indélicat, avant de donner le précieux objet à un autre supporter, plus respectueux.
Et on vous passe les multiples incidents où des spectateurs sans-gêne heurtent les cyclistes en prenant une photo ou en jouant les hooligans.
Le fan épris
"Si j'avais Neymar en face de moi, je lui demanderais de m'épouser et de me faire des enfants." Voilà comment Andrea parle de son héros, l'attaquant brésilien du FC Barcelona. Précision importante : Andrea a 14 ans. Et elle n'est pas la seule à lui faire des propositions osées – le footballeur de 21 ans croule sous les sollicitations. Il a récemment lancé un appel sur Instagram pour que ses fans arrêtent de le harceler, lui et ses proches, la nuit, rapporte le site espagnol Sport. Et pour cause, il en est réduit à changer de numéro de téléphone toutes les deux semaines.
En NBA, plusieurs livres sont sortis sur la question des groupies, au point que les basketteurs se montrent de plus en plus prudents. Brenda Thomas, ancienne assistante du meneur Stephon Marbury, raconte à GQ (en anglais) que désormais, certaines stars de la NBA ne couchent avec des groupies qu'en présence de leur garde du corps.
Le fan belliqueux
1904. Maurice Garin, vainqueur de l'édition précédente, domine le Tour de France. Dans le col de la République (Loire), Antoine Faure, le régional de l'étape, passe à l'attaque et franchit le sommet en tête. Un temps distancé, Maurice Garin produit son effort pour revenir sur l'échappé, suivi par un petit groupe de coureurs. Un cri retentit : "Vive Faure ! A bas Garin ! Tuez-les !", rapporte le livre La fabuleuse histoire du Tour de France (La Martinière, 2004). Armés de gourdins, une centaine de spectateurs massés au sommet du col se déchaînent sur les coureurs pour protéger leur chouchou. La police intervient pour disperser les émeutiers. Durablement marqué par l'incident, le Tour de France ne repassera pas par la Loire avant 1950.
Avant le départ de l'étape suivante, à Marseille, la direction de la course décide de frapper un grand coup. Tous les coureurs ayant fraudé depuis le début de la compétition sont exclus. Une bagarre éclate alors sur la ligne de départ, où on se bat à coup de vélos. Les officiels tirent en l'air pour tenter de rétablir le calme, mais c'est trop tard. Le public vient sur le Tour pour se venger. Les coureurs sont obligés de se déguiser en garçon de café lors des étapes. On change en catimini le parcours pour éviter les débordements. L'épilogue de cette incroyable Grande Boucle a lieu des mois plus tard, en novembre. Le comité organisateur décide de déclasser les quatre premiers pour avoir parcouru certaines étapes en voiture. Dans L'Auto, Henri Desgrange, patron de la course, croit deviner que "le Tour est terminé et sa seconde édition aura, je le crois, été aussi la dernière."
Le fan lâche (et rapide)
Une des toutes premières vedettes de l'histoire du base-ball, Babe Ruth, s'est fait exclure d'un match en 1922 pour avoir tenté de jeter de la terre dans les yeux de l'arbitre. Un supporter de son équipe, les Yankees de New York, lui lance alors : "Dis donc, feignasse, tu voudrais pas plutôt jouer au base-ball ?" Babe Ruth le course, raconte ESPN (en anglais), en vain. Furieux, il hurle aux spectateurs : "Venez vous battre ! Le premier qui veut se battre descend sur le terrain. Personne ne bouge, hein, bande de lâches ?"
Le fan obsessionnel
Dubravko Rajcevic. La cinquantaine. Marié, un enfant. Sa passion ? Martina Hingis. Il finit par la faire craquer (nerveusement) au premier tour de Wimbledon, en 1999. Pendant deux ans, il l'a suivie sur tous les tournois du circuit, lui a envoyé des fleurs, des fax, des messages, l'implorant de le rencontrer, rêvant d'une relation avec elle. "J'étais terrorisée à l'idée que son obsession et son amour pour moi ne deviennent agressifs ou se muent en haine", raconte la championne suisse, citée par le Daily Telegraph (en anglais). "Je lui ai dit qu'il pourrait être mon père. Je savais que, quand j'étais sur le court, il était dans les tribunes, près de moi. C'était terrifiant." Devant le tribunal, Rajcevic écope de deux ans de prison. Une peine plus lourde que celle infligée à Günter Parche, l'homme qui a poignardé Monica Seles en 1993, seulement condamné à du sursis.
Et pourtant, être présent à chaque match, applaudir à chaque point, assister aux entraînements, c'est la base pour tout fan qui se respecte. Preuve en est dans ce guide de la groupie à Wimbledon, publié dans le Sunday Mirror (en anglais) en 1996. Sarah, fan professionnelle, témoigne : "Asseyez-vous juste derrière la chaise d'arbitre, comme ça le joueur ne peut pas vous rater. Surtout si vous applaudissez comme une dingue."
Le fan pyrotechnicien
Il ne fait pas bon être joueur de l'Anorthosis Famagouste, un club de foot chypriote. Lors d'un match contre l'Omonia Nicosie, l'attaquant colombien Ricardo Laborde s'effondre sur le terrain. Il simule une blessure pour gagner du temps. Soudain, une fusée de détresse s'écrase sur lui, envoyée par ses propres supporters. Probablement échaudé, le footballeur s'est depuis exilé en Russie.
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