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Football : pénalité de 15 points, suspensions de dirigeants... On vous explique pourquoi la Juventus Turin est frappée par de nombreuses sanctions

Sanctionné par la justice sportive italienne, vendredi dernier, le club bianconero va faire appel auprès du Conseil de garantie du Comité olympique italien (Coni).
Article rédigé par franceinfo: sport - Etienne Leray
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'ancien capitaine de la Juventus Giorgio Chiellini, et l'ancien président, Andrea Agnelli, lors de la finale de la Coupe d'Italie, le 11 mai 2022, à Rome. (FEDERICO PROIETTI / AFP)

"Serie A ou Serie B, nous sommes toujours ici seulement pour la Juventus". Cette banderole placardée par les tifosi turinois en marge du match nul face à l'Atalanta Bergame (3-3), dimanche 22 janvier, démontre que chaque acteur du club bianconero, a pris la mesure des sanctions infligées par la justice sportive italienne, deux jours plus tôt. Alors que la cour d'appel de la Fédération italienne de football (FIGC) a annoncé le retrait de 15 points pour la Juventus Turin en championnat, ainsi que la suspension de onze anciens ou actuels dirigeants, à cause de plus-values artificielles sur le marché des transferts , franceinfo: sport revient sur la genèse de cette affaire.

Des plus-values sur les transferts au cœur de l'affaire

Dans les faits, la justice sportive italienne reproche à la Juventus Turin d'avoir volontairement surévalué des transferts, dans le cadre d'échanges de joueurs avec d'autres clubs. En 2020, le club bianconero avait ainsi vendu Miralem Pjanic au FC Barcelone pour 60 millions d'euros, tandis que le Brésilien Arthur quittait la Catalogne pour 72 millions. Dans le bilan comptable de l'année, la Juventus Turin affichait alors une plus-value de 41,8 millions d'euros, car la vente de Miralem Pjanic rentrait immédiatement dans les comptes, tandis que l'achat d'Arthur était amorti sur ses cinq années de contrat. Une manœuvre comptable qui a été reproduite à de nombreuses reprises : en 2021, la Juventus a par exemple vendu l'espoir italien Franco Tongya pour 8 millions d'euros à l'Olympique de Marseille, contre le jeune Marley Aké (8 millions), qui "génère un effet économique positif d'environ huit millions d'euros", selon le communique de la Juventus de l'époque.. Des sommes importantes pour des joueurs à peine professionnels.

La Juventus pas la seule visée mais la seule sanctionnée

C'est en octobre 2021 qu'une enquête est ouverte sur ces possibles transferts frauduleux. Outre la Juventus, dix autres clubs (Naples, Genoa, Samporia, Parme...) et 61 dirigeants sont impliqués, avant un premier procès et un double acquittement au printemps 2022. Pas de quoi contenter la cour d'appel de la Fédération, qui a accepté la demande du procureur général de rouvrir le dossier, après de nouveaux éléments transmis par la justice italienne au sujet de la Vieille Dame.

Allant au-delà du réquisitoire du procureur, réclamant 9 points, la cour d'appel a retiré 15 points à la Juventus, la faisant dégringoler de la 3e à la 10e place de Serie A. Alors que l'ensemble du conseil d'administration bianconero avait démissionné sous la pression judiciaire, le 28 novembre, plusieurs ex-dirigeants ont écopé d'une suspension : Andrea Agnelli (président), Fabio Paratici (directeur sportif, aujourd'hui en poste à Tottenham) ou Pavel Nedved (vice-président), ont respectivement été suspendus pour deux ans, deux ans et demi, et huit mois.

Le directeur sportif actuel, Federico Cherubini, a pris seize mois de suspension, ce qui a entraîné son remplacement par Francesco Calvo, tandis que Gianluca Ferrero a tout juste été intronisé président, mercredi. De quoi faire sortir la Juventus de ses gonds, en dénonçant dans un communiqué, vendredi, une "évidente injustice", et une "nette inégalité de traitement par rapport aux autres clubs", de nouveau acquittés.

Dans l'attente d'intenter des recours

Tout n'est cependant pas perdu pour la Vieille Dame, qui a un peu moins de trente jours pour effectuer un recours auprès du conseil de garantie du Comité olympique italien (Coni). "Dans les prochains jours, nous attendons de connaître les motifs [du jugement] , qui devraient arriver au plus tard à la fin du mois, mais nous allons certainement faire appel au Coni pour réitérer notre position, qui est très solide et claire, et qui a déjà été acceptée lors de l'audience ordinaire" a annoncé le directeur général, Maurizio Scanavino, avant Juventus-Atalanta. Le conseil du Coni pourra alors confirmer ou annuler la sanction, et si cette dernière est maintenue, la justice administrative pourra encore être saisie.

Les dirigeants turinois ne sont toutefois pas au bout de leurs peines, car le club bianconero est confronté à d'autres procédures en cours : accusation de falsifications de bilans financiers sur la période 2018-2021, accords suspects avec des joueurs pour des reports de salaire pendant la pandémie de Covid-19 et enfin, l'annonce par l'UEFA, le 1er décembre dernier, de l'ouverture d'une enquête pour des "violations financières présumées" du fair-play financier. Si on ajoute à cela l'éloignement d'une qualification en Ligue des champions, après les 15 points de pénalité, difficile d'apercevoir une éclaircie, dans l'horizon assombri de la Juventus Turin.

La Veille Dame habituée des feuilletons judiciaires

Si la Juventus Turin possède l'un des plus beaux palmarès du football européen avec deux Ligues des champions et trente-six titres de champion d'Italie, le club, propriété de la richissime famille Agnelli - fondatrice de Fiat -, est aussi un habitué des feuilletons judiciaires. Entre procès de la créatine en 2002, à l'époque où Zinédine Zidane, Didier Deschamps ou Gianluca Vialli évoluaient dans ce club, ou relégation en deuxième division lors de l'affaire du "calciopoli" en 2006, pour influence dans le choix des arbitres, les Bianconeri connaissent la musique. 

 

Cela a fait dire à l'actuel capitaine, Leonardo Bonucci, par rapport aux dernières sanctions, que "la Juventus est comme un dragon à sept têtes. Tu en coupes une et une autre apparaît. Elle ne lâche jamais".

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