Football : un arbitre roué de coups à l'issue du match Ankaragücü-Rizespor, le championnat de Turquie suspendu
"Une soirée noire". L'Association turque des arbitres n'a pas tardé à réagir après l'incident survenu, lundi 11 décembre, lors d'une rencontre de D1 turque (Super Lig), opposant Rizespor à Ankaragücü. L'arbitre de la rencontre, Halil Umut Meler, a été roué de coups par plusieurs personnes, dont le président du club d'Ankaragücü, Faruk Koca, qui s'était précipité sur la pelouse à l'issue du match pour asséner un coup de poing au visage de l'arbitre, et qui a présenté sa démission mardi.
Tombé au sol, l'arbitre s'est roulé en boule pour se protéger mais a reçu dans la foulée plusieurs coups de pied au visage. Rizespor venait d'égaliser (1-1) quelques instants plus tôt dans le temps additionnel sur le terrain d'Ankaragücü, qui s'était vu refuser un but, plus tôt dans la rencontre. Le médecin-chef de l'hôpital Acibadem d'Ankara, où a été transporté l'arbitre, a indiqué que celui-ci souffrait d'un traumatisme crânien. "Son pronostic vital n'est pas engagé. Il y a un saignement autour de l'œil gauche et une petite fissure à cet endroit", a détaillé le Dr. Mehmet Yörübulut.
"Faruk Koca m'a donné un coup de poing sous l'œil gauche et je suis tombé. Alors que j'étais au sol, tous les gens m'ont donné des coups de pied au visage et dans d'autres parties du corps... Faruk Koca a crié 'Je vais te tuer' !'", a décrit l'arbitre dans des propos rapportés par l'agence officielle Anadolu. "Mon cerveau est devenu fou, ma vue s'est brouillée, je ne me souviens plus de ce que j'ai fait", a quant à lui affirmé le dirigeant du club d'Ankaragücü sur la chaîne de télévision privée Beyaz TV. Son club a présenté ses "excuses aux supporters [...] et à l'ensemble de la communauté sportive pour ce triste incident".
Le championnat turc suspendu
Cet incident a provoqué la suspension de la Super Lig jusqu'à nouvel ordre, comme l'a annoncé la Fédération turque de football (FTF) dans un communiqué. Elle a annoncé "le report sine die" de toutes les rencontres du championnat en réaction à cette scène qui réveille le spectre de la violence dans le football turc. "Nous condamnons fermement l'attaque inhumaine et méprisable contre Halil Umut Meler (...) et souhaitons un prompt rétablissement à notre précieux arbitre", a indiqué la fédération.
L'Association turque des arbitres a indiqué dans un communiqué qu'elle voulait "croire que les responsables du football turc et de la justice turque prendront toutes les mesures pénales nécessaires", dans ce dossier. Dans la foulée, le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé sur le réseau social X (ex-Twitter) l'interpellation de trois hommes, dont le président du club d'Ankaragücü.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui-même réagi. "Je condamne l'attaque contre l'arbitre Halil Umut Meler (...) Nous ne permettrons jamais que la violence s'immisce dans le sport turc", a-t-il écrit sur X. De son côté, le club d'Ankaragücü a présenté ses excuses "aux supporters (...) et à l'ensemble de la communauté sportive pour ce triste incident".
La Fifa condamne cette agression
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a par ailleurs qualifié "d'inacceptable" le lynchage de cet arbitre. "Il n'y a absolument aucune place pour la violence dans le football, sur ou en dehors du terrain", a écrit le dirigeant dans un communiqué. "Sans les arbitres, il n'y a pas de football. Arbitres, joueurs, supporters et staff doivent être en sécurité pour apprécier le match et j'appelle les autorités compétentes à s'assurer que cela soit strictement respecté à tous les échelons", a ajouté le président de la Fédération internationale de football.
Mardi, Faruk Koca, le président d'Ankaragücü a démissionné, comme l'a annoncé le club dans un communiqué. "Quelle que soit l'ampleur de l'injustice ou de la faute, rien ne peut légitimer ou expliquer la violence que j'ai perpétrée. (...) Je voudrais également annoncer au public que j'ai démissionné de mon poste de président du MKE Ankaragücü afin d'éviter que le club, les supporters et ma famille ne subissent d'autres préjudices", a annoncé le dirigeant.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.