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Football : engagé contre l'homophobie, le FC Paris Arc-en-ciel est un club qui est "plus que du football"

La journée de la lutte contre l'homophobie et la transphobie, mercredi, arrive dans un contexte de polémiques dans le football au sujet de la sensibilisation.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
L'équipe du FC Paris Arc en ciel avant son match contre Balard, à Paris, le 15 mai 2023. (MAYLICE LAVOREL / FRANCEINFO SPORTS)

Les couleurs de l'arc-en-ciel ne passent pas inaperçues dans la grisaille du soir. Elles ornent le blason du FC Paris Arc-en-ciel, club du nord-est de la capitale. Lundi 15 mai, son équipe masculine affronte Balard, adversaire de haut de tableau du championnat FSGT (Fédération sportive et gymnastique du travail), sur la pelouse du centre sportif Jules Noël, balayé par un vent anormalement frais.

Quelques jours après les refus de certains joueurs de Ligue 1 de porter les maillots aux numéros arc-en-ciel, en vue de la journée mondiale de la lutte contre l'homophobie et la transphobie (mercredi 17 mai), l'engagement du FC Paris Arc-en-ciel prend une résonnance particulière.

"Il y a parfois des clashs"

Fondé en 1997, le Paris Arc en ciel est le plus ancien club de football LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) en France. "C'est un club tourné vers des publics gays et lesbiens, et qui se veut être un espace d'accueil pour ceux qui ne peuvent pas forcément se retrouver dans des vestiaires classiques, où ils peuvent être confrontés à des remarques homophobes par exemple", raconte Benoît Angelini, le président du club, à quelques heures du match. Le tout dans un cadre de bienveillance et de détente, en témoigne la bonne humeur partagée à l'échauffement.

Avec 160 licenciés pour la saison 2022-2023, à peu près autant de joueurs que de joueuses, le club continue de porter ce message au quotidien. Inscrites en championnat FFF chez les filles, FSGT chez les garçons, les équipes exposent le logo arc-en-ciel dans tout Paris et ses alentours. "Il y a une mentalité dans le foot, un pan gangréné par le racisme, l'homophobie, que je supporte de moins en moins, dans lequel je ne me retrouve pas", explique Jonas Foureaux, l'un des deux joueurs-entraîneurs de l'équipe, entre les derniers ajustements au moment de remplir la feuille de match. "Je me suis rendu compte que c'était important de porter d'autres choses. J'avais envie d'intégrer un club qui soit un peu plus que du football, qu'il y ait une idéologie."

Tom Masson et Jonas Foureaux, les deux entraîneurs du FC Paris Arc en ciel, le 15 mai 2023. (MAYLICE LAVOREL / FRANCEINFO SPORTS)

Pour lutter contre l'homophobie, mais aussi toute autre forme de discrimination, le club agit surtout lors de tournois organisés pour ces occasions. "Ces tournois qui se veulent militants, ils sont à la fois des tournois sportifs, mais toujours avec des aspects militants de sensibilisation qui sont exprimés", explique Benoît Angelini. Cette sensibilisation peut aussi se faire à travers des interventions avec les jeunes du 20e arrondissement de Paris, où le club est implanté. "On essaye d'engager un dialogue à travers des quizs, à travers des questionnaires, engager la discussion d'une manière un peu ludique pour pouvoir vraiment discuter, pour voir le rapport avec toutes les questions LGBT", poursuit le président.

Des échanges qui trouvent des échos au sein même de l'équipe masculine, qui réunit des joueurs différents, mais tous attachés à la lutte contre les discriminations. "Ce n'est pas toujours facile, il y a parfois des clashs, mais c'est ce qui est le plus enrichissant", assure Tom Masson, l'autre entraîneur, à l'entrée des vestiaires, en surveillant l'arrivée de ses joueurs, entre saluts et chambrages.

Un combat mené à leur échelle

Pour les acteurs du club, le travail de dialogue et de sensibilisation est nécessaire pour faire bouger les lignes. "Il y a un besoin de compréhension, de déconstruction des représentations. Il faut vraiment travailler là-dessus, avec tous les publics", plaide Benoît Angelini. Un travail auquel le FC Paris Arc-en-ciel s'attache à son échelle, mais qu'il souhaite aussi voir prendre de l'ampleur, et porté par les institutions. "On aimerait bien que la FFF soit plus impliquée sur ces questions-là. On a pu les interpeller pour essayer d'avoir un dialogue, mais je pense que les institutions ne sont pas très sensibles sur ces sujets-là", regrette le président.

Surtout que le sujet est plus que jamais présent, comme l'ont montré les refus de certains joueurs dans plusieurs clubs de Ligue 1 de porter le maillot arc-en-ciel de sensibilisation ce week-end, lors de la 35e journée. "On en a discuté avec les joueurs de l'équipe. Je suis en colère contre ceux qui ont refusé. On leur demande juste une fois dans l'année de porter un maillot floqué arc-en-ciel, je ne comprends pas les refus", assène Jonas Foureaux, les traits fermés sous sa casquette. Lui rêve de voir, un jour, les grands joueurs prendre position et apporter leur soutien, pour faire changer les choses.

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